Mohamed Eddarhor, vice-président de Tamaynoute-Casablanca, estime que la vraie bataille du mouvement amazigh pour défendre la langue et la culture amazighes commencera incessamment.
AlBayane : Quelle évaluation faites-vous de la situation de la culture et la langue Amazighes ?
Mohamed Eddarhor : La situation de la langue et de la culture amazighes va de mal en pis. C’est une réalité tangible. Une injustice qui saute aux yeux. Et malheureusement, c’est le bilan enregistré presque une décennie après la création de l’Institut royal de la culture amazighe (IRAM). Au moment de la création de cet Institut, des déclarations des responsables laissaient entendre que la langue Amazighe allait être introduite aux différents espaces institutionnels, culturels et sociaux du pays. Et le peuple marocain serait conscient de la profondeur de son identité amazighe. Mais, malheureusement, c’est pratiquement le contraire qui s’est matérialisé. Continuité de l’arabisation, interdiction des prénoms amazighs dans l’état civil, apprentissage de la langue amazighe presque abandonné, piétine dans certaines écoles et carrément inexistant dans la majorité des établissements scolaires. Ceci en plus de la non constitutionnalisation de la langue Amazighe comme langue nationale du pays. Ces revendications du mouvement amazigh demeurent ainsi non satisfaites depuis les années soixante-dix.
Il semble que vous êtes pessimistes quant aux avancées enregistrées dans ce domaine ?
Personne n’ignore que le dernier rapport de l’UNESCO, dont le Maroc est Etat membre, a classé l’Amazighe parmi les langues en danger dans le monde. Et une simple lecture de la politique suivie dans ce cadre et des programmes des décideurs dans ce sens montrent clairement que la langue Amazighe est dans une situation critique. Et je ne pense pas que des citoyens armés de patriotisme et de l’amour de leur patrie seront satisfaits de cette situation, en voyant avec angoisse la disparition accentuée d’une composante importante et fondamentale de leur identité.
Comment voyez-vous alors l’avenir de cette langue ?
L’avenir de la langue amazighe est fortement lié et dépend de la volonté des citoyens marocains à défendre leur identité amazighe. Aujourd’hui, le tableau est noir. Mais, il y a toujours un espoir à ce que cette composante de l’identité marocaine reste «en vie». C’est pour cela, je pense, que la vraie bataille du mouvement amazigh, c’est celle qui commencera dans les mois prochains et les années suivantes.