Le directeur de la chaîne Tamazighte, Mohamed Mamad, estime que cette chaîne de télévision publique est sur la bonne voie. Néanmoins, précise-t-il, la chaîne, comme tout projet qui vient de démarrer, a besoin de perfectionnement. Les propos.
AlBayane : La chaîne amazighe (Tamazighte) bouclera bientôt ses trois mois. Etes-vous satisfait?
Mohamed Mamad : Bien sûr que je suis satisfait. Un projet de cette taille est en train de prendre la bonne voie alors que nous sommes partis de rien. Il a fallu mettre en place des productions, des programmes, l’habillage, le recrutement et la formation du personnel, etc. Et ce en cette courte période. Bien sûr, comme tout projet qui vient de démarrer, la chaîne a besoin de perfectionnement et nous investissons dans ce sens. Les résultats ne tarderont pas à suivre.
On a l’impression que Tachlhit domine tamazight-Atlas et Tarifit dans les différents programmes de la Chaîne. Pourquoi ?
C’est juste une impression. Bien au contraire, il y a un strict respect entre les trois variantes de la langue amazighe. Et d’ailleurs, les responsables de la haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) l’ont enregistré. Il faut faire des évaluations sur la durée et ne pas juger à partir d’une émission ou deux.
Les émissions politiques ont/auront-elles une place dans la politique de la chaîne ?
Nous avons des émissions politiques et économiques et nous allons avoir d’autres avec le temps. Aujourd’hui, nous avons une émission politique qui s’appelle «Amrara», (échanges). Cette émission, qui est diffusée chaque quinze jours, traite toute l’actualité politique du pays. Il y a une autre émission économique : «Tadamssa Ntmazirt Inou», (l’économie de mon pays). Cette émission économique est diffusée en alternance avec celle de la politique. A signaler dans ce cadre que nous avons une expérience inédite en matière de production pour les enfants. Nous diffusons des dessins animés en tamazight sur une durée de 26 minutes. Nous avons également des émissions religieuses. Sur Tamazighte, tous les amazighs trouveront leur compte.
Est-ce que le directeur de la chaîne est souverain dans ses décisions et la mise en place de sa politique ou bien c’est le PDG de la SNRT qui est le véritable décideur.
J’ai de larges marges de manœuvres en matière de gestion de la chaîne. Mais, il faut dire et comme tout directeur, et quelles que soient ses attributions, que j’ai des comptes à rendre au PDG de la SNRT. On ne peut jamais être indépendant à 100 %. Mais nous travaillons dans une ambiance saine et professionnelle.
En matière de production, la chaîne opte pour les grandes boîtes classiques et ne recourt pas aux services des boîtes de production de jeunes (Amazighs ou non) pourtant compétents et professionnels ?
Nous travaillons avec trois ou quatre boîtes de production de jeunes qui n’avaient pas d’autres expériences. Et ils répondent aux critères exigés par la chaîne. Mais en matière de grandes productions, comme par exemple les soirées artistiques de samedi, nous nous trouvons dans l’obligation de s’adresser à de grandes boîtes de production qui ont le savoir-faire et les moyens. Et dans tous les cas, on ne peut pas satisfaire tout le monde.
Le seul critère suivi et imposé par la chaîne est le professionnalisme.
Ne voyez-vous pas que la chaîne rencontrera de sérieuses difficultés matérielles dès sa première année en l’absence notamment de la publicité ?
Bien au contraire, il y a assez de publicité aujourd’hui même si la chaîne n’est qu’à ses débuts. La chaîne est captée sur deux importants satellites, Hot Bird et Nilsat en plus du TNT.