Alors que, durant toute la semaine dernière, New Delhi a étouffé sous un épais brouillard polluant peu prompt à se dissiper, le Gouvernement régional s’est trouvé contraint ce dimanche de prendre des mesures d’urgence en réponse à la colère d’une population venue, en masse et le visage masquée, crier son désarroi dans les rues de la ville.
Considérant qu’en raison du refroidissement, les polluants ne se dissipent pas et qu’à ce titre la mégalopole s’est retrouvée piégée dans un nuage asphyxiant, le ministre en chef Arvind Kejriwal a tenu une réunion de crise durant laquelle, en rappelant que la ville est devenue «une chambre à gaz» qui constitue un sérieux danger pour la santé publique, des mesures très importantes ont été prises.
Ainsi, toutes les entreprises de BTP ont été sommées de cesser toute activité durant cinq jours pendant que des camions viendront nettoyer les rues et asperger de l’eau sur la chaussée pour faire disparaitre les nuages de poussière alors que les écoles seront fermées pendant trois jours et que la centrale électrique au charbon de Badarpur, située à l’est de la capitale, mise en service dans les années 1970 et reconnue comme étant l’une des «principales sources polluantes» de la ville sera fermée durant dix jours.
Mais, bien que temporaires, ces mesures sont «nécessaires pour faire baisser les pics record de pollution dans ce qui constitue une situation d’urgence» déclare Anumita Roychowdhury, la Directrice Exécutive du «Center for Science and Environment» de New Delhi car il va de soi qu’on ne peut pas garder les gens enfermés en permanence à l’intérieur des maisons
Il est à rappeler, au passage, que l’année dernière le Tribunal «Vert» National, une juridiction créée en 2010 à l’effet de statuer sur les questions liées à l’environnement, avait émis une directive visant la fermeture de ladite centrale et que, d’un autre côté, New Delhi s’était vu octroyer par l’OMS en 2014 le triste palmarès de « ville la plus polluée du monde » à cause des quelques dix millions de véhicules qui investissent ses rues quotidiennement.
Equipée de capteurs adaptés, l’ambassade américaine a annoncé que ce lundi le niveau de pollution avait été très dangereux pour l’organisme puisqu’il avait atteint un taux de particules fines de 2,5 PM lesquelles sont très nocives et peuvent aisément accéder au système sanguin et aux poumons et de «778 microgrammes par mètre cube d’air alors que l’O.M.S. recommande une moyenne quotidienne de 25 microgrammes».
Ainsi si une telle pollution frappe tous les habitants de New Delhi sans distinction de classe. c’est la ruée vers les magasins vendant des masques anti-pollution alors que les foyers qui en ont les moyens s’équipent, quant à eux, de purificateurs d’air ; ce qui pousse une habitante de la ville à crier sa colère et à dénoncer la souffrance de ses enfants qui « ne peuvent plus sortir et grimper aux arbres ». Et celle-ci de poursuivre en disant : « On a construit de grands espaces verts dans les écoles pour qu’ils puissent jouer mais on ne peut pas les laisser dehors » rappelant, la rage au cœur, qu’il y a des journées « rouges » durant lesquels elle doit garder ses enfants enfermés chez eux et leur faire porter des masques…
«C’est devenu trop risqué de vivre à New Delhi à cause de la pollution» dira un autre habitant en s’appliquant un mouchoir sur la bouche car il n’a pas les moyens de s’acheter un masque anti-pollution alors que son acolyte, craignant pour la santé de ses enfants, les a envoyé vivre dans son village natal.
Nabil El Bousaadi