Nouvelles villes : Eviter les erreurs du passé

Résultat : après cinquante ans, on s’est retrouvé avec des agglomérations urbaines où le désordre est devenu la norme.

 

Le projet de création de 15 nouvelles villes d’ici 2020, engage l’Etat marocain dans un véritable challenge. Ce programme gouvernemental, apparemment ambitieux, lancé en 2004 vise à réduire la pression sur les métropoles du royaume. Il est évident que toutes les planifications urbaines réalisées depuis l’indépendance ont fait défaut de vision claire quant à la conception de la ville de demain. Résultat : après cinquante ans, on s’est retrouvé avec des agglomérations urbaines où le désordre est devenu la norme.

Il est évident que les villes marocaines n’ont de la notion de l’urbanisme que le label. En fait, le diagnostique est accablant. Des bidonvilles se dressent comme des champignons en dépit du programme « villes sans bidonvilles », des constructions sans âmes, une infrastructure désastreuse, et un transport en commun d’une qualité qui laisse à désirer. D’où la mise en place du programme des villes nouvelles. Certes, l’enjeu véritable auquel est confronté le pouvoir public, est le comment ne pas reproduire les expériences du passé.

A en croire le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, «il ne s’agit plus simplement de créer des extensions aux villes existantes, mais bien de faire émerger une ville nouvelle à part entière», a déclaré Touafiq Hjira lors du lancement de la ville nouvelle de Tamansourt.

Mais, au-delà des déclarations, le réel enjeu pour les acteurs publics est de réfléchir sérieusement à faire de ces villes une plate-forme de décollage économique intégré, et non pas seulement des cités- dortoir où les activités génératrices de revenues pour un développement économique sont aux abonnés absents. Pour d’autres, en particulier les sociologues, le risque majeur que pourrait engendrer ces nouvelles villes, c’est qu’elles pourraient se transformer en des ghettos ou au mieux à des espaces regroupant les classes défavorisées. En effet, ces

nouvelles constructions urbaines ne devraient nullement refléter l’image de lieux de distinction ou d’exclusion sociale, comme c’est le cas à Casablanca. En effet, les urbanistes ont toujours conçu la ville comme un espace de mixité urbaine et citadinité plurielle.

Autre effet pervers qui pourrait être engendré par ces espaces urbanistiques, celui d’en constituer un attrait pour la population du monde rural. Autrement dit, la plupart des projets des villes contenues dans le plan de projet « Nouvelle ville » se trouvent à côté des grandes cités comme Casablanca, et Rabat…

Alors que la raison recommande qu’il faut penser à développer parallèlement les petites villes et patelins, notamment dans la région de l’Atlas, et autres lieux du «  Maroc non utile »afin d’éviter un exode rural massif.

Reste à savoir si les spécialistes de l’urbanisme affichent eux aussi leur inquiétude quant à la précipitation des travaux de construction réalisés par les promoteurs immobiliers. De tels actes pourraient avoir des effets néfastes sur le cachet urbanistique de ces villes, et également sur la qualité de l’infrastructure. Par ailleurs, l’Etat doit également instaurer une certaine transparence quant à l’acquisition des logements. Plusieurs acquéreurs, notamment à Tamansourt ont manifesté leur mécontentement concernant la qualité des infrastructures de base. Par ailleurs, d’autres citoyens ont déploré la continuité de la pratique du « noir » pour l’acquisition des villas économiques. Mais cela n’empêche, en outre, que l’Etat doit bien déterminer la vocation de ces villes nouvelles. Car la vision moderne de la Cité se résume par son indépendance, et le rôle économique qu’elle doit remplir.

 

 

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