Opaque comme un camembert

La conjoncture, de par le monde, n’est pas simple et toute personne, par son libre arbitre, en est consciente. C’est dans ces moments de difficultés, où l’évidence n’est pas aussi claire qu’il ne semble, que le politique montre de quoi il est capable. Par ses diverses actions, il maintient l’équilibre dans la société dans son développement interne et dans ses rapports à d’autres entités externes.

Les réajustements nécessaires aux variables constituent, de ce fait, une affaire publique et relèvent du politique qui doit en décider la mesure, en expliquer la teneur et en décréter l’application conformément aux dispositions institutionnelles. C’est ce qui s’observe de par le monde grâce à l’élargissement médiatique. 

Dans notre beau pays, l’ensemble des acteurs socioéconomiques et politiques, ainsi que la population,sont avides de comprendre les déterminants et les aboutissants qui régissent la vie quotidienne des marocain(e)s. Ils se trouventfroissés, dans leur majorité,par les brimades conséquentes à l’opacité qui caractérise l’action gouvernementale.

Certes, la dégradation du rapport au politique dans notre société n’est pas chose nouvelle ; elle date. Cependant, l’adoption référentielle du rapport de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, la mise en place du gouvernement actuel qui dispose d’une majorité certaine au sein du parlement, les déclarations et les promesses des constituants de cette majorité lors de la campagne électorale précédente, ont laissé supposer un éclaircissement du smogpolitique ayant prévalu antérieurement.Le constat est, pour le moins que l’on puisse dire, décevant.

Il est inutile de chercher des raisons à cette opacité dans l’actualité mondiale et les conséquences de la pandémie, car les contraintes imposées par la situation conflictuelle en Ukraine et les effets de la crise sanitaire ont donné à la souveraineté une autre appréciation dans cette « interconnexion dans les politiques et l’organisation de la sécurité, dans l’économie et le bienêtre, dans la culture, l’écologie et des valeurs de tout genre. ».

Les exigences de l’émergence imposent à l’Etat un rôle plus que régulateur pour assurer la défense de l’intégrité territoriale, la sécurité énergétique, l’équilibre monétaire, la sécurité alimentaire, la consolidation de l’économie nationale, la consolidation du processus démocratique dans tous ses aspects et particulièrement par la mise en œuvre d’une politique sociale à même de répandre le bienêtre au sein de la population dans le respect de son environnement et des valeurs fondamentales du royaume.

Il ne s’agit pas de jouer au pompier pyromane pour réduire l’effet brulant de la hausse des prix des hydrocarbures sur les transporteurs tout « en laissant faire le marché » qui s’enflamme par ailleurs.Il s’agit de prendre en considération l’ensemble des paramètres qui influencent le pouvoir d’achat de la population et d’agir pour le préserver, faute de pouvoir l’améliorer.

Les annonces sur l’approvisionnement des marchés, la lutte contre les spéculations et le contrôle contre les fraudes sont rituelles à l’approche du mois de Ramadan. Comme il est de coutume, en ces jours, de voir apparaitre sur les chaines de télévision les brigades de contrôle agir à cet effet.

Certes, l’envolée des prix à la consommation est aussi en relation « avec ce qui se passe dans le monde ». On ne peut se suffire de cette lapalissade pour répondre aux attentes de la population qui souffre de tous les impacts sur le système.Le renchérissement des prix des denrées de première nécessité est un facteur de tension qu’il faut compenser non seulement par des interventions politiques mais aussi par des mesures socioéconomiques limitant les effets de la crise sur les ménages et préservant la paix sociale. Ne pas se suffire de propos, de promesses et de vœux et attendre que cela passe. Agir dans la transparence pour que l’ensemble de la société soit éclairé sur le rôle du politique et de son efficacité. 

L’hooliganisme, qui se répand comme un feu de paille, n’est pas tombé du ciel avec les dernières pluies. Il faut bien se résoudre qu’il est produit par cette opacité sociale dont se trouve la jeunesse. Ni éducation, ni formation, ni sport, ni emploi, une partie de la jeunesse est désemparée. Elle s’adonne à la violence contre elle-même et contre les biens publics pour se défouler, attirer l’attention sur elle et crier sa misère. La répression de cette délinquance est nécessaire mais non suffisante. Il faut là aussi élargir l’horizon de la jeunesse dans le cadre d’un projet de société émancipateur et mobilisateur. Investir ce capital humain pour en tirer bénéfice pour l’ensemble de la société et pour son avenir. Les jeunes ne comprennent pas, à raison, l’approfondissement des inégalités sociales et l’étroitesse des voies qui leurs sont offertes alors que le pays se transforme. Des milliards de bénéfice pour quelques personnes et zéro dirham dans la poche est un constat flippant.

Gagner l’enjeu électoral, constituer un gouvernement avec la participation d’un minimum de partis politiques, bénéficier d’une majorité dans les institutions et les collectivités territoriales ne conduisent pas à accumuler des richesses pour soi et formuler des vœux pour les autres. Cela implique d’assumer ses responsabilités pour améliorer le sort de la majorité de la population quelles que soient les conditions internes et externes qui l’entourent ; et ce, « dans le cadre d’une concertation éthique et citoyenne constante » comme disait l’autre.

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