Avec la participation du Maroc
Tunis abrite le Congrès mondial des écrivains de langue française, ouvert samedi avec la participation du Maroc.
Au programme de cette manifestation figure une conférence intitulée « Que Signifie Ecrire en Français ».
A cette occasion, Leila Slimani, écrivaine franco-marocaine et présidente du comité littéraire au Congrès mondial des écrivains de langue française a mis l’accent sur les difficultés organisationnelles de cet événement d’envergure, liées à la pandémie du Covid-19, tout en évoquant son riche parcours d’écrivaine et sa relation avec la langue française.
Depuis ses débuts dans l’écriture et son intérêt pour la langue française, Leila Slimani a eu un parcours assez distingué qui, dit-elle, l’a conduit « de l’écriture romanesque au journalisme ». Son enfance et les questions de la femme sont au coeur des es romans crivaine native de Rabat en 1983.
Leila Slimani est lauréate du Prix Goncourt 2016 pour son 2ème roman « Chanson douce », une distinction qui lui a permis d’avoir plus de visibilité dans le milieu littéraire français.
Elle siège, depuis 2017, au Conseil permanent de l’Organisation internationale de la Francophonie, après avoir été nommée la Représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie.
« L’usage du français pour les écrivains francophones non natifs constitue un vecteur de richesse linguistique et culturelle en général », a précisé Slimani, qui a invité les jeunes à maitriser le Français, l’Anglais, le Portugais, l’Espagnol ou toutes les autres langues ce qui leur ouvrent de larges perspectives sur le monde et les cultures.
D’après elle, sa génération est largement « consciente de son droit à s’exprimer librement ». Elle affirme que ce mode de pensée diffère de celui des « générations ayant vécu durant l’époque du colonialisme ou de la guerre froide ».
Dans le même ordre d’idées, Leila Slimani cite « la critique faite aux écrivains francophones d’origine maghrébine, parfois accusés d’aborder des questions qui sont loin des véritables préoccupations de leurs concitoyens ».
Sa mission au sein de la Francophonie constitue pour l’écrivaine « un moyen à travers lequel elle essaye d’offrir de nouvelles chances pour les jeunes artistes dans les différentes spécialités dont le Cinéma, la musique, le théâtre et bien d’autres ».
Dans sa relation avec la langue de Molière, Slimani opte pour une vision plus ouverte sur l’usage du Français et son lien avec le colonialisme qui ne doit pas, selon elle, « empêcher de voir les larges opportunités qu’offre la francophonie ».
De son côté, l’écrivain Laurent Gaudé a jugé important de « réécrire l’histoire en abordant les non-dits ».
Cet écrivain dont les écrits sont axés sur des questions comme la migration, l’asile, les guerres et l’histoire, considère l’écriture comme « un moyen d’expression qui témoigne de la volonté humaine ».
Loin de prétendre le militantisme ou l’engagement, Gaudé insiste sur « la vocation humaniste de l’auteur qui doit être habité par les causes et les maux de l’Humanité où qu’elle soit. »
Pour Gaudé, « l’engagement social » permet de revenir sur « des faits historiques dans ses écrits littéraires en vue de rendre une certaine justice pour ceux avec qui l’histoire n’était pas juste ».
Il estime aussi important d’être passionné par l’écriture, en français ou autres. A son avis, les fautes de grammaire ou de conjugaison ne doivent pas décourager l’écrivain débutant à se lancer dans l’écriture, tel était son cas à ses débuts, admet-il.
Lors des débats, romanciers, essayistes, poètes et auteurs francophones issus de 14 pays des cinq continents abordent les questions de la langue, de l’identité, de l’importance du réseau francophone dans le monde et son impact positif sur chacun des pays représentés.
Ce Congrès est organisé par l’association « Etonnants Voyageurs » en partenariat avec les ministères tunisien et français de la Culture et le département français l’Europe et des Affaires étrangères, l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Institut français de Tunisie.
Il se tient à la suite de la manifestation « Etats Généraux du livre en langue française dans le monde », en prélude du Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Djerba les 20 et 21 novembre prochains.
Le Comité littéraire est composé de Leïla Slimani (Maroc – France), Fawzia Zouari (Tunisie – France), Laurent Gaudé ( France) et Felwine Sarr (Sénégal). Il a choisi d’inviter des auteurs pour représenter la littérature en langue française issue des cinq Continents.
Yamen Manaï (Tunisie) sera parmi les invités nord africains dont Abigail Assor (Maroc), Maïssa Bey, Kamel Daoud et Boualem Sansal (Algérie). Du reste du monde, Rachel Khan, Pascal Blanchard, Yvon Le Men et Sylvain Prudhomme (France), Velibor Colic (Bosnie),Alain Mabanckou (Congo – France), Achille Mbembe (Cameroun), Grégoire Polet (Belgique), Emmelie Prophète (Haïti), Sami Tchak (Togo) et Beata Umubyeyi Mairesse (Rwanda – France).
D’autres auteurs participeront en visioconférence aux rencontres du Congrès, à savoir Shu Cai (Chine), Souleymane Bachir Diagne (Sénégal), Yanick Lahens (Haïti), Véronique Tadjo (Côte d’Ivoire).