«Voiler est une invitation à dévoiler». Une œuvre de l’artiste Malik Nejmi intitulée «Le conflit Tarek» (2014) a fait le tour des réseaux sociaux ces derniers jours. Pis encore ! Au lieu d’aller chercher dans le sens profond de l’œuvre, certains sites électroniques ont mis le feu aux poudres.
En effet c’est par curiosité que la main d’un visiteur de l’exposition du musée MMVI est allée chercher ce qui demeure caché derrière le voile. Il s’agit en fait du corps d’un homme nu couvert par un foulard coloré. D’ailleurs, les œuvres de Malik sont exposées depuis 2014, date d’ouverture du MMVI.
S’agit-il de la censure comme disent certains sites ? Dans une mise au point, le MMVI nie catégoriquement cette affaire de censure en expliquant que les foulards folkloriques ukrainiensfont partie intégrante de l’œuvre de l’artiste.
«Les foulards folkloriques ukrainiens couvrant actuellement deux photographies de l’artiste Malik Nejmi font partie intégrante de son œuvre. Cette œuvre intitulée « Le conflit Tarek », est exposée ainsi suite à la volonté de l’artiste, et cela depuis l’ouverture du MMVI. Les photographies, ainsi que les foulards, ne sont pas censé être touchés par les visiteurs» explique le MMVI.
Réagissant à cette polémique, l’artiste Malik Nejmi avait apporté ses éclaircissements sur l’affaire sur sa page Facebook. «Il n’y a rien d’obscène dans mes photographies de Tarek, juste une immense incompréhension affective qui me fait redouter depuis tout déclenchement d’une image», a-t-il fait savoir.
Et d’ajouter : «Il s’agit d’un ensemble de deux photographies dont le caractère tendancieux (représentation du corps de Tarek) m’a écarté de la famille marocaine pendant près de dix ans. Le sentiment de culpabilité d’exister entre deux cultures me contraint aujourd’hui à exposer ces images recouvertes d’un voile ; ce même voile ayant appartenu à ma grand-mère Aïcha (cf Galerie des dons, Musée National de l’Histoire de l’Immigration) et que j’ai retrouvé en Ukraine, en différents coloris, mais toujours avec ce même motif obsédant, une couronne de rose et fleurs des champs».
Pour l’artiste, il y avait un message, voire des messages à véhiculer et à montrer à son récepteur à travers ses œuvres.
«Le rapport entre la nécessité de montrer l’œuvre physique et la disparition de l’image montre la mesure des tensions préexistantes dans mon travail ainsi que la place du religieux dans les représentations mentales du monde arabe. », a-t-il expliqué sur sa page.
Mohamed Nait Youssef