Politique: regagner la confiance des jeunes

Dans le discours du Trône, SM le Roi Mohammed VI a interpellé les partis politiques pour mener une démarche inclusive des jeunes. En ces termes : «Il est vrai que les partis s’efforcent de s’acquitter au mieux de leur tâche. Néanmoins, il leur faudra attirer de nouvelles élites et inciter les jeunes à s’engager dans l’action politique, les générations d’aujourd’hui étant les mieux placées pour connaître les problèmes et les nécessités de leur époque».

Il est vrai que, cette fois-ci, les formations politiques ont été bien ménagées, par cette appréciation globale sur leurs prestations. Mais la critique pouvait être encore plus acerbe, au vu du comportement général des politiques et l’état des lieux.

Car si l’on prend les 36 formations, qui composent l’arc en ciel politique, les véritables acteurs se comptent sur les doigts d’une seule main.

Hélas, la Constitution du pays, démocratie oblige, permet et favorise cette multiplication anarchique des partis, sans garde-fous contre les mercantilistes et les vendeurs de mensonges.

Car il suffit d’un document signé par 300 membres âgés de 23 ans, répartis sur au moins 6 des 16 régions du pays, pour fonder une structure partisane… A ce rythme, rien ne pourra arrêter le nombre de partis de grandir colossalement.

A titre d’exemple, en France, il suffit d’avoir une association à caractère politique pour créer un parti, en conformité avec une vieille loi… de 1901. Mais l’échiquier politique, en place, est bien huilé, de sorte que les plus grands partis se disputent une alternance, sollicitant des alliances solides, loin des considérations sans foi ni loi. Cela a pour conséquence que les tout petits partis sont systématiquement balayés par un second tour, qui joue le rôle de régulateur et de rappel à l’ordre.

Du sang frais…

Or l’on attribue, de manière classique, des rôles utiles aux partis politiques au profit de la société. Ils servent, entre autres, à orienter les citoyens et à préconiser des mesures pour faire progresser le pays. Les partis politiques, reconnus, ont un devoir de présence sur la scène nationale, pour animer le champ, par des débats qui peuvent structurer l’opinion publique nationale et donner de la matière aux observateurs étrangers intéressés par l’évolution de notre pays.

Les mêmes partis ont également pour obligation morale et effective d’assurer la pérennité de l’action et du débat politiques, en incitant et en encadrant les jeunes et de choisir de nouvelles élites en mesure d’apporter du sang nouveau et frais dans le corps de la société, indispensable à l’approfondissement du débat politique et sociétal.

Mais sur les 36 formations politiques existantes dans l’arène  marocaine, combien, parmi elles, sont celles qui sont réellement présentes ou dont on entend parler régulièrement ? Combien tiennent-elles leurs réunions régulières, leurs instances ? organisent des meetings, des rassemblements d’encadrement des militants, des citoyens… ?

Nous pourrions encore multiplier les questions et les reproches faits à la classe politique marocaine et aux législateurs mais aussi aux pouvoirs publics…

Partager le pouvoir…

Aujourd’hui, les jeunes ont besoin que les partis politiques leur accordent une importance et un intérêt accrus. Concrets et tangibles. Leurs opinions doivent compter et être prises en considération, par les plus âgés même si ces derniers peuvent prétendre à l’expérience, à la connaissance et au savoir-faire. Leur ignorance ne fera que compliquer les situations et pousser à plus de désertion des meetings et des urnes. Or l’absentéisme électoral traduit fidèlement les défaillances politiques des partis et des institutions.

C’est pourquoi l’opération de séduction des jeunes ne doit pas être un fait d’occasion et d’opportunisme comme c’est, souvent le cas, à la veille des échéances électorales pour demander leurs voix…

Et, pour regagner la confiance de ces pans entiers de notre jeunesse à la construction du pays, les politiques marocains doivent songer à partager le pouvoir qu’ils détiennent.

Sans cela, aucun progrès et aucune implication générale de la population ne pourront être assurés, car plus de la moitié est exclue de ce pouvoir, de manière consciente et voulue…!

Mohamed Khalil

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