Poutine limoge son ministre de la Défense

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Politicien chevronné, Sergueï Choïgou, le puissant ministre de la Défense du président russe Vladimir Poutine, depuis 2012, avait vu son étoile pâlir dès les débuts de l’offensive russe contre l’Ukraine lorsque l’armée russe était apparue non seulement moins modernisée qu’il ne l’avait signalé mais, surtout, mal préparée.

Mais si c’est pour toutes ces raisons que le président russe l’a démis de ses fonctions quatre jours à peine après la cérémonie d’investiture de son cinquième mandat et attribué ce poste à son conseiller économique Andreï Belooussov,  force est de reconnaître, tout de même, que c’est la proximité de Sergueï Choïgou avec le chef de l’Etat qui lui aura valu un « atterrissage en douceur » puisqu’il s’est vu attribuer le poste de secrétaire du conseil de sécurité qu’occupait Nikolaï Patrouchev, cet autre fidèle de Vladimir Poutine avant d’en être écarté pour une probable nomination à un poste honorifique.

Or, si, comme l’a rappelé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, la nomination d’Andreï Belooussov à la tête du ministère de la Défense n’empiètera, en aucune manière, sur les fonctions de Valéri Guerassimov qui, en sa qualité de chef d’Etat-major, sera toujours responsable du « commandement sur le terrain », la mission qui sera confiée à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de Sécurité depuis 2008 après avoir été patron du FSB sous les deux premiers mandats de Vladimir Poutine au Kremlin, sera communiqué «dans les prochains jours».

Ce remaniement-surprise entrerait dans le cadre de l’ouverture de « l’armée à l’innovation » car, comme l’a rappelé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, « aujourd’hui, sur le champ de bataille, celui qui l’emporte c’est celui qui est le plus ouvert à l’innovation » et c’est la raison pour laquelle le président russe veut un ministère de la Défense qui soit « absolument ouvert à l’innovation, à l’introduction de toutes les idées avancées et à la création des conditions de la compétitivité économique ».

Pour rappel, pour permettre à l’armée russe de poursuivre son offensive contre l’Ukraine, fort coûteuse en hommes et en matériel, Vladimir Poutine avait encouragé, ces derniers mois, l’industrie de la Défense à innover et à augmenter sa production car si l’armée ukrainienne est équipée aussi bien par plusieurs pays d’Europe que par les Etats-Unis, il n’en va pas de même pour les russes qui ne peuvent compter, pour leur part, que sur l’Iran et la Corée du Nord.

Ainsi, bien que l’important scandale de corruption qui avait secoué, en Avril dernier, le ministère russe de la Défense avait éclaboussé le vice-ministre Timour Ivanov, de nombreux observateurs estiment, néanmoins, que la décision afférente au limogeage de Sergueï Choïgou avait été prise bien longtemps auparavant et que cette malheureuse affaire n’a donc servi que de détonateur. 

Sachant, enfin, que ces changements « inattendus » nécessitent d’être préalablement entérinés, ces lundi et mardi, par les représentants de la Douma d’Etat et du Conseil de la Fédération, qui sont les deux chambres du Parlement russe mais qu’il ne s’agit-là, que d’une simple formalité, en l’absence de toute opposition,  du moment qu’elles sont dominées, toutes les deux, par « Russie Unie », le parti de Vladimir Poutine, attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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