Du 7 au 18 novembre 2016, la Conférence des Parties organisée par l’ONU à Marrakech sur le changement climatique a permis d’avancersur la question. Voici les principaux résultats de ce nouvel épisode en faveur du climat.
Près de 500 chefs d’État ou de gouvernement et ministres ont assisté à la COP 22 organisée par le Roi du Maroc Mohammed VI. La conférence a également accueilli la première réunion du principal organe de direction de l’Accord de Paris suite à la prompte entrée en vigueur de l’Accord le 4 novembre.
En effet, les pays ont accéléré l’action mondiale contre le changement climatique dans un large éventail de domaines lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique de 2016, en avançant les objectifs politiques et pratiques de l’Accord historique de Paris sur le changement climatique. Parmi les nombreuses nouvelles annonces et initiatives lancées figurent des mesures de soutien de plusieurs milliards et millions de dollars pour les technologies propres, le renforcement des capacités pour rendre compte des plans d’action sur le climat, et des initiatives visant à renforcer la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau dans les pays en développement.
En parallèle, les gouvernements ont fixé l’échéance de 2018 pour finir le règlement d’opérationnalisation de l’Accord de Paris de manière à assurer confiance, coopération et succès au cours des années et décennies à venir. Les entreprises, les investisseurs, les villes et les gouvernements locaux ont également formulé de nouveaux engagements en matière de changement climatique, venus s’ajouter aux milliers déjà annoncés en amont et pendant la conférence sur le climat à Paris l’année dernière. Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), a déclaré : «l’accord historique de Paris marque le cap et la destination de l’action climatique mondiale. Ici, à Marrakech, les gouvernements ont souligné que ce changement est désormais urgent, irréversible et imparable». «Je tiens à rendre hommage au Gouvernement marocain et au Président de la Conférence, SalaheddineMezouar, pour leur succès remarquable. La COP 22 a été ce qu’elle devait être, une COP d’action qui a accéléré les progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris au niveau de la finance, de nouvelles initiatives, de l’ambition et de la solidarité entre les nations et les continents », a-t-elle ajouté.
Parmi les principaux résultats de la COP, on note l’avancée sur la rédaction du règlement (ou manuel d’opération) de l’Accord de Paris qui est un résultat essentiel de la conférence climatique de Marrakech. L’accord appelle à un renforcement important de la transparence de l’action, y compris en ce qui concerne la mesure et la comptabilisation des réductions d’émissions, la mise à disposition de financements climatiques et le développement et le transfert de technologies. Il comprend également des travaux de conception de communication pour l’adaptation, principal vecteur de l’Accord de Paris pour partager les efforts individuels d’adaptation et les besoins d’appui. Les pays ont fait preuve de détermination à propos du règlement, et ont fixé la date anticipée de 2018 pour son achèvement. Les pays ont déjà établi la base de ce travail en évaluant les actions de chacun visant à réduire les émissions, entre pairs, grâce à un processus transparent qui a débuté en 2014.
Le financement en force dans le débat
Les gouvernements ont fait des progrès dans des domaines clés de l’action climatique, dont les financements en faveur du climat, l’adaptation, le renforcement des capacités, la technologie et la réactivité.En effet, les pays ont promis plus de 81 millions de dollars au Fonds pour l’adaptation, dépassant ainsi son objectif pour l’année. Aussi, ils se sont engagés à verser plus de 23 millions de dollars au Centre et Réseau des Technologies Climatiques (CTCN), qui soutient les pays en développement en matière de développement et de transfert de technologies climatiques. En tant qu’entité de mise en œuvre du Mécanisme Technologique, le CTCN est une institution clé pour permettre aux pays de réaliser leurs engagements en vertu de l’Accord de Paris. Par ailleurs, le Fonds vert pour le climat (GCF) a annoncé l’approbation des deux premières propositions de formulation de plans nationaux d’adaptation, pour le Libéria à hauteur de 2,2 millions de dollars et pour le Népal à hauteur de 2,9 millions de dollars. Il est attendu que 20 autres propositions de pays soient bientôt approuvées, bénéficiant chacune d’un maximum de 3 millions de dollars. Globalement, le GCF est sur la voie de l’approbation de2,5 milliards de dollars à allouer aux projets. Au cours de la COP 22, les gouvernements ont appris qu’en 2016, plus de 30 projets de réduction des émissions avec des objectifs de transfert de technologie ont bénéficié de 188,7 millions de dollars en financement et 5,9 milliards de dollars de cofinancement.
Action mondiale pour le climat
D’autres annonces impressionnantes ont été faites par les villes, les gouvernements infranationaux, les investisseurs et les entreprises dans le cadre de l’action mondiale pour le climat menée par les Champions pour le climat, Laurence Tubiana et Hakima El Haïté.« Par le biais de notre mandat de Championnes, nous avons renforcé la participation des acteurs non étatiques en encourageant une série d’initiatives, tant individuelles que coopératives. Le changement vers un avenir bas carbone et à une civilisation résiliente est quelque chose qui est irréversible», a déclaré la championne pour le climat Laurence Tubiana.
Les Championnes de haut niveau pour le climat ont lancé le Partenariat de Marrakech pour l’action mondiale en faveur du climat afin de fournir une feuille de route solide sur la manière dont le processus de la CCNUCC catalysera et appuiera l’action climatique par les Parties et les parties prenantes non Parties au cours de la période 2017-2020.
Ainsi, 19 autorités et échanges de marchés de capitaux africains, représentant 26 pays africains, ont signé et approuvé l’Engagement de Marrakech pour l’encouragement des marchés de capitaux verts en Afrique. La Commission de l’Union européenne a lancé le Fonds européen pour le développement durable afin d’encourager les investissements en Afrique et dans le voisinage de l’UE pour renforcer les partenariats et atteindre les objectifs de développement durable. Le plan implique une valeur allant jusqu’à 4,1 milliards d’euros, entraînant un investissement régional public et privé allant jusqu’à 44 milliards d’euros d’ici 2020, une assistance technique pour aider les collectivités locales et les entreprises à développer des projets bancables et à améliorer les cadres de règles dans les pays partenaires et une amélioration du domaine des affaires en général par le soutien de réformes de la gouvernance économique.
Les entreprises au cœur de l’action climat
Le nombre d’entreprises qui prennent des engagements climatiques par le biais de la coalition WeMean Business a plus que doublé depuis la COP 21. WeMean Business a annoncé qu’au total, 471 entreprises ayant une capitalisation boursière de plus de 8 mille milliards de dollars ont entrepris plus d’un millier d’engagements ambitieux en faveur de l’action climatique. Ces entreprises représentent tous les secteurs mondiaux et couvrent toutes les régions géographiques du globe. L’initiative Science BasedTargets continue son remarquable essor depuis Paris. À ce jour, près de 200 entreprises ont rejoint l’initiative et, au cours de l’année écoulée, sa croissance s’est élevée à plus de deux nouvelles entreprises par semaine.
La COP22 est la COP «aussi» des initiatives
En effet, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a lancé l’Initiative mondiale pour les tourbières qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales et sauver des milliers de vies en protégeant les tourbières, le réservoir de carbone de matière organique le plus important au monde. L’initiative mobilisera les gouvernements, les organisations internationales et les scientifiques et conduira des efforts ciblés pour assurer la protection des tourbières qui contiennent presque 100 fois plus de carbone que les forêts tropicales. La Fondation Solar Impulse a lancé l’Alliance mondiale pour les technologies propres en héritage du premier tour du monde en avion solaire. Son objectif est de fédérer les principaux acteurs du secteur des technologies propres afin de faciliter des synergies, promouvoir des solutions rentables aux défis environnementaux et sanitaires les plus pressants. Aussi, le Plan d’action climatique pour la région MENA a vu le jour visant à doubler la part du financement de la Banque mondiale consacrée à l’action climatique, ce qui la porterait à environ 1,5 milliard de dollars par an d’ici 2020.
L’initiative de l’eau pour l’Afrique, mise en place par le Maroc et soutenue par la Banque africaine de développement a été lancée à la COP22, dans le but de rendre justice à l’Afrique par l’adoption d’un plan d’action spécifique qui mobilisera différents partenaires politiques, financiers et institutionnels internationaux.Les trois alliances pour les bassins, les mégalopoles et les entreprises, créées à la COP21 à Paris et fortement engagées dans l’action sur l’eau et le climat, qui représentent aujourd’hui plus de 450 organisations à travers du monde, ont signé un engagement commun pour mobiliser conjointement leurs partenaires, identifier et diffuser les bonnes pratiques et soutenir le développement de nouveaux projets.
Le secteur de transports a annoncé également de bonnes initiatives notamment la Global Fuel Economy Initiative (GFEI), qui soutient 40 pays supplémentaires dans la réalisation des bénéfices financiers et de CO2 provenant de l’efficacité accrue des carburants pour véhicules. L’initiative MobiliseYourCity a obtenu un financement de 35 millions d’euros au cours des 12 derniers mois et a saisi l’occasion de la COP22 pour annoncer la mise en place de Plans de mobilité urbaine durable au Maroc et au Cameroun.
L’Airport CarbonAccreditation Scheme compte désormais 173 aéroports certifiés dans le monde, dont 26 aéroports déjà neutres en carbone. 36% des passagers passent maintenant par un aéroport certifié.
Par ailleurs, le Maroc a annoncé son Initiative Ceinture Bleue qui vise à construire la résilience des communautés côtières et à promouvoir une pêche et une aquaculture durables conformément aux attentes de l’Objectif 14 de développement durable. l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont annoncé leur initiative baptisée African Package for Climate-Resilient Ocean Economies, ensemble ambitieux d’assistance technique et financière pour soutenir les économies vivant de l’océan en Afrique et renforcer la résilience au changement climatique des zones côtières. Les partenaires de la COP22 pour l’action sur les océans ont publié une feuille de route stratégique pour des mesures en faveur des océans et du climat de 2016 à 2021, qui propose une vision de l’action sur les océans et le climat au cours des cinq prochaines années pour six océans.
Le secteur de l’Agriculture a vu le lancement de l’initiative Adaptation de l’agriculture africaine visant à renforcer la résilience des agriculteurs africains en promouvant une gestion durable des sols, une meilleure gestion de l’eau et une gestion des risques en même temps qu’un développement personnalisé des capacités, de politiques et de mécanismes de financement ainsi que le lancement du Cadre mondial sur la pénurie d’eau qui aide les pays à intégrer le changement climatique et l’utilisation durable de l’eau dans les politiques des secteurs agricoles et le dialogue intersectoriel. Notons que 130 maires de villes du monde entier ont signé le Pacte de Milan sur les politiques alimentaires urbaines, qui appelle à des systèmes alimentaires durables qui favorisent l’accès à des aliments sains pour les citadins, la protection de la biodiversité et la réduction des déchets alimentaires.
Enfin, les villes, les communes et les régions entraînent des répercussions importantes par la mise en œuvre de leurs engagements en matière de climat, en agissant localement et en formant des partenariats à l’échelle mondiale.Un nouvel outil d’évaluation présenté au cours de l’événement sur la résilience permettra d’établir des rapports qualitatifs normalisés à la Convention mondiale des maires sur les engagements relatifs à l’adaptation.
Cette nouvelle ère de mise en œuvre et d’action pour le climat et le développement durable a été exprimée dans la Proclamation d’Action de Marrakech. Rendez-vous a été pris pour 2017 à Bonn, en Allemagne, pour une COP23 sous présidence fidjienne.
Kaoutar Khennach