Ayant été appelés aux urnes le dimanche 4 Décembre 2016 pour se prononcer sur la réforme constitutionnelle proposée par Matteo Renzi, les italiens avaient répondu «non». Mais pourquoi un tel désaveu ?
Serait-ce parce que celui qui était devenu omniprésent tant dans les médias que sur les réseaux sociaux pour faire passer, coûte que coûte, «sa» réforme constitutionnelle a fini par être perçu par ses concitoyens comme étant un personnage arrogant et à s’attirer, ainsi, une profonde antipathie ?
Serait-ce, aussi, parce que les italiens viscéralement attachée à leur constitution avaient déjà, en rejetant en 2006, la réforme constitutionnelle proposée par Silvio Berlusconi, montré leur réticence à modifier l’équilibre des pouvoirs tel qu’il avait été défini par la Constitution de 1948 au sortir de la seconde guerre mondiale pour contrecarrer tout éventuel retour au fascisme ?
Serait-ce, également, parce les italiens ne veulent pas d’un homme fort qui pourrait prendre des décisions à leur place comme l’avance Giovanni Orsina, Professeur de Sciences Politiques à l’Université Luiss ?
Ou serait-ce, tout simplement, comme l’a déclaré à l’A.F.P. Fabrizio Sabelli, Professeur d’Université, parce que « la Constitution ne serait pas le problème fondamental» d’une population plus attachée à l’amélioration de ses conditions d’existence?
Au vu de ce qu’aurait pu apporter à l’Italie un «OUI» au référendum de ce dimanche, il semblerait, à première vue, que ce rejet massif résulterait à la fois de la conjonction de toutes les raisons avancées ci-dessus et de celles de bien d’autres encore…
Mais qui est réellement Paolo Gentiloni le nouveau président du conseil italien ?
En choisissant cet homme, ministre des affaires étrangères du gouvernement sortant et fidèle du précédent président du conseil même s’ils sont de caractère totalement opposé puisque le premier qui débordait d’énergie se surexposait médiatiquement et que le nouvel homme fort serait plutôt discret et réservé, la présidence de la république italienne semblerait, tout de même, avoir opté pour la continuité.
Ainsi, dans un papier consacré au nouveau président du conseil italien, «Marianne» le présente comme étant «pondéré, discret et fidèle» et lui reconnait des capacités d’excellent médiateur qui «pèse ses mots et ses gestes». Et le journal de saluer également l’aptitude «à réunir toutes les sensibilités de sa famille politique» dont il avait fait preuve aussi bien lors des municipales de 2001 qu’à l’occasion de la convention du centre-gauche de 2005 qui avait précédé les législatives remportées par Romano Prodi qui l’avait chargé du ministère de la Communication de 2006 à 2008.
Autre atout qui plaide en faveur du nouveau Président du Conseil italien, sa capacité à prendre en charge de grands dossiers et ce, alors qu’en 2017 l’Italie va présider le G7 et faire son entrée au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.
Paolo Gentiloni pourrait, aussi, saisir l’occasion des cérémonies qui auront lieu à Rome le 25 Mars 2017 au titre de la commémoration du 60ème anniversaire du Traité de Rome, traité fondateur de l’Union Européenne, pour relancer une instance bien malmenée par le Brexit. Il est à signaler, enfin, que durant la crise migratoire de 2014, ce dernier avait fermement défendu l’Italie lorsqu’il avait remplacé au ministère des Affaires étrangères, Federica Mogherini devenue Cheffe de la diplomatie Européenne.
Nabil Bousaadi