Les cimaises de la galerie Bab El kébir (les Oudayas –Rabat) ont abrité jusqu’au 24 octobre 2016 les œuvres créatives de l’artiste Plasticien Rachid Bakhouz. Les actes de la cérémonie d’ouverture de cette exposition initiée avec le soutien du ministère de la culture sous le signe « lettre en transe» ont été rehaussés par la présence effective de plusieurs artistes ainsi que des acteurs concernés et invités d’honneur. Ils ont été également ponctués par une performance émouvante dont l’acteur principal est l’artiste plasticien et chorégraphe Karim Attar, et ce, au rythme des textes poétiques de Mahmoud Darwich et de la musique spirituelle, tout en dialoguant avec l’ univers pictographique de Rachid Bakhouz : installations, stèles et toiles.
Dans le cadre de cette exposition individuelle polyphonique, l’artiste peintre de renom Ahmed Ben Yessef a confié : «l’acte plastique de Rachid Bakhouz est prometteur sur tous les niveaux. Sa démarche créative est novatrice et judicieuse. Il contribue judicieusement à la promotion et au développement des arts plastiques d’ici et d’ailleurs dans un esprit d’ouverture, de retrouvailles et d’échange. La lettre est détournée et recadrée dans un contexte contemporain».
L’artiste Rachid Bakhouz cherche à déplacer l’enjeu du visible pour instaurer une lecture nouvelle du monde à travers un travail consistant sur les couleurs et les traces composées sous forme d’une mélodie habitée par la pensée et la musique silencieuse.
Il s’agit d’une démarche qui retrace un tournant exceptionnel dans le parcours artistique de cet artiste polyvalent reposant sur la vie des lettres et des indices puisés dans trois temps mystiques et constituant une véritable fête de fragments allusifs .: la présence du passé, la présence du présent et la présence du futur.
Le langage plastique est présenté avec tout ce qui se réfère au monde introspectif et connote à la fois l’iconographie de la civilisation et les intériorités. Le code symbolique se superpose alors au code néo -plastique pour nous révéler les jardins de lumières prélevés de leur contexte, et proposer un questionnement sur le rapport entre la tendance représentative et la tendance expressionniste, tout en donnant libre cours aux émotions et aux sensations subjectives.
Bien que matérialité visible, la peinture s’approprie inlassablement les traces et accentue la teneur et la dimension. Elle ne cesse de mettre en scène l’indice qui la sous-tend, tendant ainsi à déconstruire la dichotomie si conventionnelle du signifiant et du signifié. Elle-même lettre-trace, la peinture demeure marquée par ce qui fait l’essence de l’humain, certes au-delà du message lisible de la calligraphie canonique et de l’apriorique du sens codé.
Dans un article intitulé « Dans la lumière de Rachid Bakhouz, Noël Coret, écrivain d’Art et président du Salon d’Automne International – SAI, a écrit : « Depuis quelques années, nous observons avec attention la progression fulgurante d’un jeune artiste peintre surdoué, Rachid Bakhouz. Représentant incontournable de l’abstraction lyrique marocaine, son vocabulaire plastique va évoluer vers un expressionnisme à la fois gestuel et contrôlé, tel qu’il s’exprime tout au long de cette exposition. Animé d’une fièvre créatrice particulièrement fertile, Rachid Bakhouz déploie une activité prodigieuse, nourrissant constamment une œuvre dont l’évolution ne cesse de nous étonner. Véritable missionnaire de son art et de la peinture marocaine contemporaine, l’artiste se produit dans des manifestations internationales de très hautes tenues, tel le Salon d’Automne International – SAI dont il est l’une des figures de proue. Animé d’un souffle épique, d’un élan irrésistible, l’artiste joue habilement du chatoiement des couleurs sur lesquelles il applique ses arabesques proches de la calligraphie, multipliant les tensions dynamiques par un jeu à la fois intuitif et savant des teintes et des contrastes, dans le but de parvenir à un langage universel et accessible à tous. C’est peu dire qu’il y parvient, avec une aisance confondante. La peinture de Rachid Bakhouz, c’est un concentré pictural d’humanisme et de sensibilité. Pour nous, il ouvre des lumières dans la nuit et ses toiles s’illuminent d’espérance. Sous nos yeux émerveillés s’accomplit alors un véritable miracle : celui d’une harmonie indicible, unissant dans une même respiration picturale le paroxysme lyrique des tons et des lignes avec l’équilibre des formes. C’est bien une œuvre incomparable que Rachid Bakhouz propose à notre regard ébloui. Sans aucun doute, un événement artistique qui fera date, un artiste qui ira loin !».
Hassan Moutaki