Ce mardi, une semaine après l’annonce de réformes constitutionnelles et la démission de son Premier ministre Dmitri Medevedev, le Président russe Vladimir Poutine a dévoilé la composition du nouveau gouvernement qui sera, désormais, dirigé par Mikhaïl Michoustine. «Plus équilibrée», si l’on en croit le chef de l’Etat, cette nouvelle équipe gouvernementale russe comprend 20 ministres dont neuf nouveaux venus.
Ainsi, on y retrouve les inamovibles Sergueï Lavrov à la tête de la diplomatie, Sergueï Choïgou à la Défense et Vladimir Kolokoltsev au ministère de l’Intérieur. Andreï Beloussov, jusqu’alors conseiller du président de la République, accède au rang de vice-Premier ministre en remplacement d’Anton Silouanov qui garde le portefeuille des Finances.
Désormais, chef d’orchestre de la relance économique, Andreï Beloussov est connu pour être l’un des principaux soutiens de ceux qui avaient lancé des poursuites judiciaires contre Baring Vostok Capital Partners, la plus grande société de capital-investissement dont certains employés et responsables avaient été accusés d’être impliqués dans une fraude d’au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d’euros).
Mais en ayant présent à l’esprit que les investigations dans cette affaire, aux allures de «coup monté», avaient été effectuées par un comité d’enquête dont le directeur-adjoint Igor Krasnov vient d’être promu au rang de procureur général, il va de soi que les libéraux ne peuvent être qu’inquiets.
Considérant que, dans une économie où le pouvoir d’achat est en baisse depuis cinq ans, le principal défi de la nouvelle équipe gouvernementale sera de relancer les « grands projets nationaux » initiés par le Kremlin dont notamment cet ambitieux programme qui touche douze secteurs – des transports à la santé – auquel a été réservée une enveloppe de 375 milliards d’euros mais qui a du mal à se mettre en route à cause de la lourdeur bureaucratique et de la corruption, le ministère de l’Economie a été confié à Maxim Rechetnikov en remplacement de Maxim Orechkine.
Denis Mantourov et Alexandre Novak gardent, quant à eux, les ministères de l’Industrie et du Commerce, pour le premier, et celui de l’Energie pour le second. Le scandale de dopage dont a été accusée la Russie et qui lui fait courir le risque d’être expulsée des compétitions sportives internationales aura eu raison du ministre des Sports qui a été éconduit sans ménagement tout comme ses collègues qui étaient en charge d’autres secteurs en crise tels la Santé, l’Education et la Culture.
Dans l’exercice de sa nouvelle fonction de Premier ministre, Mikhaïl Michoustine, l’ancien patron du fisc, qui a promis de «réels changements» et qui s’est engagé à «améliorer le climat des affaires» – difficile à mettre en œuvre quand les investissements privés restent faibles et que le système judiciaire reste dépendant des jeux de pouvoir – sera également secondé par son ami Marat Khousnoulline, cet ancien adjoint au maire de Moscou qui avait coordonné l’impressionnant développement urbain de la capitale et la modernisation rapide de ses transports publics.
Mikhaïl Michoustine a promis de se battre pour la «croissance économique» et la «hausse du niveau de vie». Y parviendra-t-il ? Cela n’est pas improbable lorsqu’il a à son actif le fait d’avoir transformé une bureaucratie fiscale corrompue en une administration efficace. Alors, attendons, pour voir…
Nabil El Bousaadi