Par: Khalid Darfaf
«Nous appelons à accélérer le processus de mise en place du Conseil national de la presse (CNP) et de réunir toutes les conditions nécessaires afin de garantir son indépendance», a souligné Abdellah Bekkali, président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), mardi 26 juin, à Rabat.
Cette rencontre, organisée conjointement avec la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication(FNJIC) relevant de l’Union marocaine du travail (UMT) a été consacrée à la présentation des résultats définitifs des élections du CNP et des circonstances dans lesquelles elles se sont déroulées, a-t-il déclaré.
Pour le numéro un du SNPM, ces élections inédites dans l’histoire du Maroc ont connu un taux de participation très significatif s’élevant à 43,3%. Ce taux aurait pu être plus élevé, a-t-il indiqué. Et pour cause, des contraintes majeures ont privé certains journalistes de s’acquitter librement de leur droit légitime. Ainsi, il a mis l’accent sur plusieurs entraves, notamment la coïncidence du jour de scrutin avec plusieurs évènements à l’échelle nationale, obligeant les journalistes à se conformer à leurs engagements professionnels. A Cela s’ajoute aussi, la présence de plusieurs journalistes en Russie pour couvrir la coupe du monde. D’autres journalistes, bien qu’ils aient présenté une demande de transfert d’inscription, n’ont pas pu accomplir leur devoir. Pis encore, presqu’une centaine de journalistes de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) ont été interdits de voter et ce, pour des raisons incompréhensibles, a fait savoir Abdellah Bekkali. Comme quoi, ce taux aurait pu dépasser les 54%, a-t-il confié. Selon les chiffres dévoilés, la ville de Laâyoune et celle de Dakhla ont connu le plus fort taux de participation, dépassant les 78%. S’agissant de Marrakech et Fès, ces deux villes ont enregistré respectivement des taux de participation avoisinant les 66% et 51%.
Répondant à une question d’Al Bayane quant à la non- représentation au sein du CNP des journalistes marocains travaillant au profit des établissements étrangers, Bekkali a expliqué que le vote a été réservé aux journalistes détenant la carte octroyée par la commission mixte, sachant que l’octroi des accréditations aux professionnels qui travaillent pour des organismes étrangers est effectué par le ministère des Affaires étrangères. Il a laissé entendre que le CNP s’attèlera à régler ce genre de problème.
Une campagne clean et responsable
Quant au processus des préparatifs pour les élections, Abdellah Bekkali a précisé que les candidats de la liste, placée sous le thème «Liberté, professionnalisme, Probité», ont veillé à mener une campagne clean et responsable. «Nous nous orientons vers l’avenir en soulignant que la liste conduite par Hamid Sâadni tient à représenter tous les journalistes au sein du CNP et ce, sans exception», a-t-il déclaré avec insistance.
Bekkali a même critiqué ouvertement ceux qui ont mis en cause ces élections, notamment ceux qui ont appelé au boycott, en leur rétorquant que leur attitude constitue une tentative visant à dissimuler leur échec.
Même son de cloche chez Mohamed El Ouafi, Secrétaire national de (FNJIC) qui, pour sa part, a insisté sur la nécessité de l’autonomie et de l’indépendance du CNP pour qu’il ne soit pas réduit à une coquille vide ou un organe de façade. En termes plus clairs, «le Conseil doit se positionner en tant qu’acteur influent tout en fonctionnant conformément à une démarche démocratique», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Younes Moujahid, SG du Conseil national fédéral du SNPM, tout en rappelant les engagements de sa liste, a indiqué que la priorité sera consacrée à l’ouverture dès la semaine prochaine d’un large débat national avec tous les journalistes sur la déontologie de la profession. Pour l’ancien SG du SNPM, la formation et la formation continue sont les maillons faibles de la profession. Il a appelé dans ce sens tous les acteurs à la mobilisation pour réussir ce chantier.
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Conseil national de la presse
Satisfecit de la FMEJ
Le bureau exécutif de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) a exprimé dans sa réunion tenue, lundi 25 juin 2018, sa satisfaction quant aux résultats obtenus lors des élections du Conseil national de la presse (CNP), apprend-on dans un communiqué rendu public.
Organisées sur la base d’un scrutin uninominal – à un tour pour la catégorie des éditeurs -, ces élections ont permis aux candidats de la FMEJ de remporter les sept sièges consacrés par la loi aux éditeurs de la presse, dont cinq membres du bureau exécutif et deux membres du Conseil fédéral, représentant la presse régionale. La grande portée symbolique de cette représentativité constitue, ajoute le communiqué, une victoire pour les médias de proximité.
Abondant dans le même ordre d’idées, le bureau exécutif souligne que son adhésion au CNP relève d’un engagement de principe défendu par la FMEJ qui a d’ailleurs contribué à son élaboration, depuis au moins 13 ans et ce, dans le cadre de la corrélation entre liberté de presse et responsabilité.
D’ailleurs, la FMEJ s’engage à défendre les valeurs auxquelles elle a toujours cru, quelle que soit sa position au sein du Conseil, notamment en ce qui concerne la pratique journalistique portant sur l’éthique de la profession, la moralisation et le droit du citoyen à une information pluraliste, libre et crédible, indique le communiqué.
Le communiqué met, en outre, l’accent sur le droit des journalistes à un environnement de travail garantissant la liberté, la dignité et le droit de tous à une presse sérieuse et à une meilleure production journalistique.
Sur un autre registre, le bureau exécutif insiste sur le fait que les missions du CNP qui sont d’ailleurs cruciales, ne sont pas garanties uniquement par les attributions qui lui sont dévolues ou la victoire d’une partie sur une autre, mais par la force morale de l’ensemble du corps professionnel, à savoir les journalistes et les entreprises, qui doivent œuvrer sur un pied d’égalité à la réussite de ce chantier prometteur.
En termes plus clairs, les membres du Conseil doivent aujourd’hui faire preuve de solidarité, en tenant à représenter tous les professionnels du secteur. Ils doivent également rester à l’écoute du corps journalistique, se plaçant au-dessus des calculs, sinon cette institution risque, dès sa constitution, de dévier de sa mission, alerte la même source.
Par ailleurs, la FMEJ a félicité l’ensemble des collègues pour la réussite de cette étape constituante du Conseil tout en appelant à s’engager dans ce chantier de moralisation et de requalification afin de réussir l’auto gouvernance de la profession. Autrement dit, la véritable bataille concerne la survie de la presse face au torrent des moyens de communication sociale. Comme quoi, l’heure du travail a sonné, conclut le communiqué.