Souria

Que se passe-t-il en Syrie ? Elle est en guerre et fait souffrir notre humanité. Au fait, cela dure depuis presque six années quand, en contagion des événements de Tunisie, une révolte à Deraa, suite à l’arrestation de jeunes, se propagea à la province puis à l’ensemble du pays.

Le chaos s’installa sur la base de l’autoritarisme et la corruption du régime baathiste soutenu par la terreur et le «capitalisme des copains», des tendances communautaristes qui constituent une mosaïque de populations au sein de la société syrienne, et du choix des occidentaux qui avaient alors encouragé les Frères Musulmans en Tunisie et en Egypte. Le très controversé Youssef Alqaradaoui avait déclaré en ce temps à la station de télévision, aussi instrumentalisée que lui, Al Jazeera, que « la Syrie ne peut pas rester en dehors de l’Histoire de la communauté arabe» (sic).

La violence et l’aggravation des clivages sociaux et confessionnels firent que la guerre civile s’empara d’une dynamique de transition démocratique, dans l’air du temps dans les Etats arabes en 2011, pour plonger le pays dans le désordre, la destruction et la mort.

Devant un régime en perte de vitesse suite à la montée des tensions sociales non apaisées par la prise de quelques mesures marginales, insuffisantes et inadaptées, les forces de l’opposition tiraient à hue et à dia. Ceux de l’intérieur (Comités de Coordination Locaux) et les autres de l’extérieur (Conseil National Syrien) ; les opposants sont de toutes obédiences tout en étant traversés par divers courants de pensée. La manne en argent de certains pays du Golfe donnait à une partie de l’opposition non seulement sa coloration religieuse mais aussi une puissance de feu pour sa présence aux affrontements. L’Armée Syrienne Libre va être créée en Turquie par des déserteurs ; et la militarisation fait ainsi avancer la crise syrienne dans le gouffre des atrocités de la guerre.

Les alliances régionales vont exacerber le conflit en le chargeant par la complexité des rapports de forces et des intervenants dans ce Moyen-Orient où l’activisme diplomatique accompagne les missiles et les bombardements dans sa recherche d’une paix longtemps perdue. Les pays arabes de la Méditerranée orientale et les puissances du Golfe sont présents en Syrie d’une manière et de plusieurs autres. Ils le sont aussi par des intérêts géopolitiques qui, par leur nature, impliquent les Etats membres du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies et suscitent leur interventionnisme. A cela s’ajoute l’implantation de Daech qui est venue infester l’environnement en commettant l’injustifiable, prônant l’obscurantisme en mode de vie et l’extermination abominable de toute personne qui pourrait prendre conscience de son discernement.

Depuis lors, le peuple syrien souffre dans sa chair par la perte de nombreuses victimes et l’existence de multiples blessures. Souffrant des affres de l’exode et des conséquences de la migration, une partie de ses populations va se réfugier ailleurs, dans les pays du voisinage, en Europe ou ailleurs. La polarisation confessionnelle et la rhétorique religieuse n’arrangent en rien la situation difficilement soutenable des minorités les plus faibles, avec une réelle menace de nettoyage ethnique dans tous les cas de figure.

Selon des observateurs avertis, «le conflit syrien a déclenché la plus grande crise humanitaire au monde depuis la deuxième guerre mondiale». L’aggravation des violences par toutes les parties belligérantes entrave l’aide humanitaire. Cela est inacceptable et se trouve en contradiction avec les normes du droit international et l’obligation de protéger les civils, premières victimes de ce conflit.

Dans l’attente que le carnage et ses ravages cessent, le devoir impose d’exprimer sa solidarité avec le peuple syrien  et de soutenir la lutte de ses forces démocratiques et progressistes dans leur combat contre le despotisme et l’autoritarisme, contre l’obscurantisme et la réaction ; pour une Syrie où la paix, la tolérance, la démocratie, la liberté et la justice sociale règnent dans la concorde de ses populations.

Top