La question de la convergence des stratégies sectorielles refait surface. Interpellé par les députés sur le bilan de ces politiques publiques, lors de la séance mensuelle tenue lundi 7 janvier, le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, a reconnu une série de défaillances qui entachent ces stratégies.
Selon lui, l’atteinte des objectifs fixés demeure limitée en raison du manque de cohérence et de la divergence entre les différentes stratégies sectorielles. El Othmani, qui en est conscient, considère que les résultats enregistrés ne doivent pas cacher les difficultés et les défis rencontrés.
Le chef du gouvernement cite particulièrement le faible impact de ces stratégies, notamment en matière de création d’emplois. A fin décembre 2018, les stratégies sectorielles ont à peine permis la création de 122.000 postes d’emploi.
A cette défaillance, s’ajoute la difficulté d’une répartition équitable de la mise en œuvre des programmes au niveau territorial, a relevé le chef de l’exécutif. La coordination entre les différents départements sectoriels fait également défaut. La multiplicité des stratégies sectorielles rend encore plus complexe leur gouvernance. Surtout que les mécanismes de suivi sont quasi-absents.
Face à ces failles, El Othmani a affirmé que le gouvernement s’efforce de dépasser ces difficultés et contraintes en adoptant une approche qui repose essentiellement sur une évaluation continue des différentes stratégies sectorielles et le renforcement de leur complémentarité et coordination pour pouvoir consolider leurs résultats positifs et remédier aux déséquilibres susceptibles de se produire. L’objectif étant de renforcer l’efficacité et la rentabilité de ces politiques publiques avec un impact direct sur le niveau de vie des citoyens et une satisfaction réelle de leurs besoins.
L’enjeu est de taille. Les stratégies sectorielles permettent de diversifier l’économie, de réduire le déficit commercial, d’absorber le chômage, en plus de l’amélioration du niveau de vie des citoyens, comme l’a souligné le chef du gouvernement.
Aujourd’hui encore, l’économie nationale reste tirée par le secteur agricole dont le PIB a bondi de 5,25% pour totaliser 125 milliards de DH à fin 2018. Il s’agit d’une hausse de 60% depuis l’adoption du Plan Maroc vert. A l’inverse, les activités non agricoles progressent lentement. En effet, leur valeur ajoutée a à peine grimpé de 2,7% en 2017. Elle devrait se limiter à 3,4% au cours de cette année.
Aujourd’hui, le chef du gouvernement mise gros sur le secteur industriel pour booster la part de l’activité non agricole. L’ambition est de porter la part de l’industrie à 23% du PIB à l’horizon 2021. Pour cela, 54 écosystèmes devront être mis en place dans les différentes branches de l’industrie, notamment alimentaire, pharmaceutique et automobile.
Cependant, la mise en place d’une vision globale s’impose afin d’améliorer le rendement des stratégies sectorielles. L’idée est d’adopter des orientations générales pour les politiques publiques à long terme. Il faudra également œuvrer pour une plus grande coordination territoriale. Le chef du gouvernement veut surtout améliorer le rythme d’exécution des stratégies sectorielles au niveau territorial. Actuellement, la cadence diffère d’une région à l’autre. Par ailleurs, El Othmani a insisté sur la nécessité de qualifier les ressources humaines. La formation scientifique, professionnelle et technique devrait être adaptée aux exigences de l’économie moderne. Cela passe par l’investissement dans la recherche scientifique et l’innovation.
Zaynab Dhimene