La pusillanimité ne doit pas corrompre le champ politique national. La pratique politique, la politique tout court, est une activité sociale qui ne supporte pas d’être escamotée. Ne pas en user est un manquement à la responsabilité du politique à l’égard de la population.
Se suffire de l’action technocratique, nécessaire mais insuffisante pour mener à terme un projet gouvernemental, c’est se dessaisir de sa fonction politique sans pour autant garantir le succès de la démarche suivie. De même, le bouillonnement social ne peut se transformer en véritable dynamique sociale sans la politique. Il revient à cette dernière de le transformer d’un ensemble de doléances en actions constitutionnelles qui permettent «la mise en œuvre et l’évaluation des décisions et des projets des institutions élues et des pouvoirs publics».
Se suffire ou croire que la politique se fait par la seule gouvernance de l’appareil administratif et bureaucratique de l’état sans l’accompagner par l’action et l’expression de la représentation démocratique de la majorité de la population est une obstruction à la mobilisation et à la participation de cette dernière dans le succès de la réforme entreprise.
Cette dissimulation, inconsciente ou voulue, à tort ou à raison, diminue le politique et sa politique. Elle le subordonne à des exigences supposées ou réelles qui se situent en dehors de la dynamique sociale et des aspirations légitimes de la population. La crédibilité du politique s’en ressent négativement et la réalisation de sa politique se trouve contestée aussi bien à l’appréciation des exigences extrinsèques, qu’il comptait satisfaire, qu’à celle de la population pour les besoins de laquelle elle est censée répondre.
Le désenchantement, la défiance de la population envers le politique et la politique, s’ils sont réellement constatés au sein de la société dans son ensemble, ne doivent pas découragés l’expression du politique. C’est tout le contraire ; si l’on veut agir pour que les choses aillent de mieux en mieux et retrouver « l’exaltation des vertus du politique ». Particulièrement dans les périodes de reflux qui se présentent dans les trajectoires méandriformes du processus démocratique, tous les acteurs politiques se doivent de contribuer à cela sans surenchère ni démagogie. Aucun politique digne de ce nom ne peut estimer que son action est à l’abri de la critique, de l’évaluation et de l’appréciation publiques. Avec discernement et bon escient devra se faire la réponse sans tomber dans l’inculpation et le réquisitoire. Telle est la règle des démocrates. A contrario, l’égo brun fera écran à la discussion en usant de ses scribes pour monter la fausse polémique et cacher ses échecs.
Oser la politique se traduit par s’inscrire directement dans le débat démocratique. C’est faire l’effort de l’explication des actes technocratiques entrepris pour satisfaire des besoins légitimes, garantir des droits constitutionnels et consolider le processus démocratique dans sa trajectoire ascendante.
Oser la politique c’est décrypter, dans la simplicité du discours et le concret du rapport de forces, la situation telle qu’elle se présente pour convaincre les rétifs et ceux qui, dans l’attente, ne voient quasiment rien venir dans leur vie au quotidien.A chacun d’assumer; la population fera d’elle même la différence entre la défense de l’intérêt général, la promotion des valeurs émancipatrices d’une part et le clientélisme et la dépravation … d’autre part.
Oser la politique c’est faire bouger les lignes dans la marge de manœuvre que permet la réalité des choses et proposer les réponses aux problèmes soulevés dans le cadre de la mise en œuvre de la politique pour laquelle on s’est engagé ; donner de l’espoir et combattre la sinistrose et l’immobilisme.La politique est «imaginaire» au sens mathématique du terme, c’est en cela qu’elle ne peut jamais donner un résultat négatif.
Osons la politique !Celle affirmée par le suffrage et confirmée par le dialogue social. Celle qui engage les chantiers de la réforme qui produiront leurs effets à long terme (rénovation de notre système éducatif, accès aux soins, un logement décent pour tous, une alimentation saine, un environnement préservé, l’élimination des inégalités entre les personnes, l’éradication des disparités territoriales, l’émergence économique…). Et celle qui amènera les changements qualitatifs et quantitatifs dans notre vie de tous les jours (amélioration du pouvoir d’achat, du travail et de l’emploi, de la sécurité, performance et efficacité de l’administration, garantie des libertés constitutionnelles…).
Osons la politique du sursaut, du nouveau souffle démocratique et de la relance vers la justice sociale et le bienêtre pour tous.