Une question d’intérêt général

seulement,  car celles et ceux qui abordent chaque jour ce sujet ce sont les malades,  c’est-à-dire ceux qui achètent les médicaments prescrits par le médecin traitant.
Hier, les prix des médicaments n’étaient pas à la portée de toutes les bourses, les prix étaient presque inabordables. Depuis l’avènement du nouveau gouvernement, le ministère de la Santé a pris sur lui de remettre les pendules à l’heure en réduisant les prix de 1.120 médicaments, ces baisses des prix varient de 50 à 60%.
Mais la solution pour un meilleur et large accès pour tous aux médicaments reste le générique dont les prix sont plus abordables, une réduction moyenne de 60% par rapport aux princeps (médicaments originaux) et surtout  une qualité et une efficacité équivalentes.

Des médicaments pour tous

L’accès aux soins et aux médicaments pour tous les Marocains est un droit reconnu par la nouvelle constitution, c’est aussi une priorité et un  engagement du gouvernement. Dans ce sens, des efforts énormes sont aujourd’hui consentis par le département de la Santé pour plus de justice sociale, plus d’équité et d’égalité des chances face à la maladie. Pour asseoir sur des bases saines et pérennes le droit pour tous à la santé, dont l’accès aux médicaments, il y a lieu de relever que la voie du salut passe par l’encouragement de la prescription des médicaments génériques. Pourquoi les génériques ? Parce que les capacités et les moyens d’une frange très large de notre population sont limités, et partant, il est loisible de dire que les médicaments ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Mais avec les génériques qui sont des produits médicamenteux moins chers que les produits dits originaux, l’accès aux traitements est désormais possible. Pour le citoyen marocain, quand il s’agit de choisir entre l’original et sa copie conforme, il n’y a pas photo. Ce qui importe le plus c’est en premier le prix et bien entendu l’efficacité que l’on peut obtenir de ces produits.

Les génériques au Maroc

Si on se réfère à ce qui se passe sous d’autres cieux et plus particulièrement en Europe, nous constatons que la part des génériques dans les prescriptions européennes s’établit autour de 30 à 40% et atteint près de 60% en Allemagne et plus aux Etats-Unis.  Au Maroc, on peut toujours rêver d’atteindre de tels scores.  Alors que les médicaments génériques communément utilisés dans les hôpitaux publics marocains représentant jusqu’à 90% du marché public, ils représentent 26% du marché pharmaceutique marocain privé en volume (58,6 millions de boîtes) et en valeur (2,5 milliards de DH).
Il reste encore un long chemin à parcourir avant d’enregistrer le même taux dans le secteur privé. De nouvelles mesures annoncées par le ministère de la Santé tentent de promouvoir l’utilisation de ces génériques.
Pour ce faire, le ministre de la santé El Housseine Louardi a montré la voie a suivre, puisque son département investit dans le médicament générique 2 milliards de DH (plus de 85%) et adopte parallèlement une démarche formative, former à la faculté pour montrer aux futurs médecins l’intérêt des génériques, les sensibiliser à les prescrire sans forcer, sans imposer la prescription aux médecins qui gardent la liberté de prescrire le médicament qu’ils jugeront utiles et efficaces pour leurs patients.

Qu’est ce qu’un médicament générique ?

Selon l’OMS, le mot générique a plusieurs significations en fonction des juridictions. L’utilisation de ce terme est quelquefois écartée au profit de «médicaments multi sources». Car il y a plusieurs origines de la matière première. Le médicament générique peut être mis sur le marché sous un nom déposé (nom de spécialité) ou celui de la Dénomination Commune Internationale (DCI), suivi du nom du laboratoire fabricant. Le terme générique implique que ce produit pharmaceutique est substituable à l’innovateur et qu’il soit fabriqué et mis sur le marché après expiration du brevet (en moyenne 20 ans). De plus, ce produit est similaire à l’innovateur en termes des équivalences pharmaceutiques et thérapeutiques. Mais avant de pousser plus loin notre exploration des génériques, il est utile de faire un petit rappel sur la biographie type des médicaments.
Lorsqu’un laboratoire découvre une molécule potentiellement efficace, il dépose un ou des brevets auprès des autorités compétentes. La durée d’un brevet pour un médicament est de 20 ans. Pour rembourser les frais engagés dans la recherche, le découvreur peut donc commercialiser librement son médicament sans crainte d’être copié. A la fin de cette période de 20 ans, le brevet expire et la molécule tombe dans le domaine public. A partir de cet instant, tout autre établissement pharmaceutique peut fabriquer et vendre des médicaments avec cette même molécule. Bien sûr, le médicament copié remplit les mêmes critères de qualité, d’efficacité et de sécurité que le médicament original ou «princeps». Par ailleurs, toute la chaîne de fabrication et de distribution est l’objet de contrôles aussi nombreux et rigoureux, que le médicament soit un générique ou non.

Des médicaments moins chers

Le principal avantage des génériques est leur coût. La molécule ayant déjà été identifiée, étudiée sous toutes ses coutures, la constitution de la demande d’autorisation de vente (la fameuse autorisation de mise sur le marché ou A.M.M) coûte moins cher, et le prix de vente du médicament s’en ressent. En moyenne, le prix d’un générique est 30 fois inférieur à celui de l’original et peut atteindre parfois 50 %. Dans la plupart des cas, l’arrivée de médicament générique pousse le laboratoire commercialisant le princeps à revoir ses prix mais là, c’est une autre histoire.
La généralisation des génériques ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique. Connaître un médicament sous plusieurs noms est difficile, aussi bien pour le patient que pour le médecin qui, dans bien des cas, se trouve déstabilisé.
Pour surmonter cet obstacle, il serait utile de trouver un cadre légal qui puisse permettre au pharmacien de pratiquer une substitution à condition que ni le médecin, ni le patient ne s’y opposent. Ainsi le pharmacien peut délivrer le médicament générique alors que le médecin a prescrit la molécule princeps.
Un autre moyen de favoriser le générique est certainement la possibilité pour le médecin de faire sa prescription en utilisant le nom de la molécule (DCI) pour dénomination commune internationale et non pas le nom de la marque du médicament. Au pharmacien ensuite de choisir quelle marque il va délivrer. La prescription en DCI a été un succès en France, pourquoi pas chez nous ?

Des contrôles drastiques

Le ministère de la Santé ne cesse d’encourager les génériques pour permettre à l’ensemble de notre population d’avoir accès aux médicaments et en même temps, il veille, bien entendu, à la qualité des produits ainsi fabriqués grâce aux contrôles qualité de ces génériques, contrôles qui sont entrepris au sein du Laboratoire national de contrôle des médicaments qui dépend du ministère de la Santé. Il faut rappeler à cet effet que le LNCM a reçu le label ISO 17025 par la direction Européenne de la qualité du médicament-conseil de l’Europe et qu’à ce titre, tous les contrôles de la qualité des médicaments génériques sont très rigoureux et que l’enregistrement des médicaments génériques suit le même circuit, les mêmes procédures que les produits princeps. Il est clair que tout le monde sera gagnant en optant pour une telle politique.

Une question d’intérêt général

Le médicament générique ne doit pas être une question qui préoccupe le ministère de la Santé, les organismes gestionnaires de l’AMO ou autres. C’est  une affaire d’intérêt général et en tant que telle, nous sommes tous concernés. Et pour conclure, et par souci de permettre à nos lecteurs de bien comprendre les réels enjeux des médicaments génériques, il y a lieu de rappeler que la France, la Belgique, l’Angleterre, les Etats-Unis, le Canada la Chine, l’Inde sont tous des pays qui ont choisi les médicaments génériques, un choix stratégique, un choix sensé qui permet à tous ces pays de mettre à la disposition de l’ensemble de leur population des médicaments à des prix abordables.

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