Une succession controversée en Thailande

La semaine dernière est mort à l’âge de 88 ans, après une longue maladie et un règne de soixante-dix années, Bhumibol Adulyadej alias Rama IX le roi de Thailande monté sur le trône après la mort inexpliquée de son frère en 1946.

Après le décès du « petit père » de la Nation thaïlandaise, le gouvernement a décrété un deuil national d’une année et le Prince Héritier âgé  de 64 ans a, de son côté, demandé un «délai» avant de succéder à son défunt père laissant ainsi le pays avec un trône «inoccupé»; ce qui fait dire à Eugénie Mérieau, Spécialiste de la Thailande et Enseignante à Sciences-Po que « Nous sommes face à une situation dans laquelle il y a un régent qui, de droit selon la Constitution, est le président du conseil privé conseiller du roi. Or, c’est un ennemi juré du Prince Héritier».

Moins connu et beaucoup moins vénéré que son père, le Prince héritier Maha Vajiralongkorna le grade honorifique de Général dans l’armée. Il vivait, la plupart du temps, en Allemagne et même s’il a souvent remplacé le roi lors de cérémonies officielles, il ne prenait la parole que très rarement.

Il est à signaler, au passage, que les dix dernières années du règne du vieux monarque – hospitalisé depuis pratiquement deux années – ont été marquées essentiellement par une très grande instabilité politique caractérisée notamment par un affrontement quasi-permanent entre ultra-royalistes arborant la couleur jaune et partisans de l’ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra brandissant la couleur rouge.

Enfin, bien que la junte militaire qui dirige réellement le pays ait déclaré que c’est son fils qui lui succédera et que ce dernier ait demandé un délai, cette succession n’est pas du goût de l’ensemble de la population notamment après qu’un magazine allemand ait publié des photos où on voit le très controversé Prince Héritier vêtu d’un jean «taille basse» et d’un débardeur laissant apparaître des tatouages sur ses bras et ses avant-bras ; une apparence désinvolte que les thaïlandais jugent indigne d’un prince « divorcé » de surcroît puisque son ex-épouse la Princesse Srirasmi l’avait quitté en «renonçant à son statut royal».

Enfin, ce «vide politique» ne sera probablement pas sans un réel effet négatif sur le pays puisqu’il est susceptible de ramener dans son sillage un cortège de manifestations qui risqueraient d’avoir un effet dévastateur sur l’économie thaïlandaise et principalement sur le tourisme qui représente, à lui seul, près de 10% du P.I.B.

 Nabil El  Bousaadi

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