Une tribune, pour une poignée d’euros …

La perfidie,quelle que soit son expression, ne peut prévaloir sur le patriotisme. On ne peut prétendre vouloir prendre acte pour l’histoire par le simple fait de publier une tribune où l’amalgame est pratiqué pour cacher la véritable motivation de ses signataires.

La tribune en question est présentée comme un appel aux Etats européens « à s’impliquer davantage dans l’affrontement entre le Maroc et l’Algérie pour éviter que le conflit ne dégénère en guerre conventionnelle. ».

De prime abord, le positionnement des signataires se devine par les termes utilisés pour présenter leur proposition.

S’agit-il tout d’abord de décolonisation ? Non, puisque le processus de décolonisation a été clos suite aux accords de Madrid du 14 novembre 1975 et le retour d’Oued Eddahab à la mère patrie, le 14 août 1979.

Il s’agit donc clairement d’un conflit sournoisementsoutenu par l’Algérie contre la consolidation de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.

Si les signataires avaient pris la peine de clarifier le pourquoi de l’affrontement de l’Algérie au Maroc, on pourrait croire à leur bonne volonté pour la mise en œuvre d’une solution politique durable entre les deux voisins ; ce qui est loin d’être le cas.

Se référant à l’Histoire, et pour argumenter leur proposition, les signataires reconnaissent que « C’est en effet Paris qui a fixé les frontières actuelles algéro-marocaines en élargissant le territoire algérien. ».La suite logique des choses, en 2023, voudrait que cette capitale européenne cesse de « slalomer » et qu’elle puisse reconnaitre l’opération de charcuterie géographique qu’elle a menée. Cela démontrera véritablement que « La France entend reconsidérer le passé avec son ancien empire colonial » commele confirmentles signataires, au courant des intentions de l’Elysée.

Quelques pleurs sur le non-Maghreb et les signataires aboulent de leur proposition pour une rencontre parisienne sur les mêmes bases que celle en cours à New-York, sous les auspices des Nations Unies. Pourquoi faire ? Rien de nouveau ; mais à lire la suite on comprend ce que les signatairesveulent suggérer. Ainsi, « La puissance d’un Etat n’est pas liée à la taille de son territoire ». L’Etat en question serait-il l’Algérie qui devrait alors restituer les largesses territoriales que la puissance coloniale s’est permise croyant qu’elle y resterait ad aeternam ? Ou serait-il le Royaume du Maroc, démembré en zones d’occupation et qui œuvre à la consolidation de son intégrité territoriale ? Silence de la part de l’ancien colonisateur et ambiguïté voulue par les signataires pour ne pas apparaitre clairement comme pro algériens. En clair, la conférence internationale proposée serait l’occasion d’une autre fragmentation territoriale du Royaume du Maroc, une autre conférence d’Algésiras !

Les signataires occultent l’Histoire et ne veulent pas se rendre compte que le Royaume du Maroc en 2023 n’est pas le Maroc de 1906, malgré les difficultés économiques et sociales du présent.

Ils ne veulent pas aussi reconnaître les avancées diplomatiques du Royaume pour le respect de son intégrité territoriale et son initiative pour la négociation d’un statutd’autonomie de la région du Sahara, dans le cadre de la souveraineté du Royaume et de son unité nationale.Ils ne font aucunement mention des nombreux appels à l’apaisement et à la fraternité entre les deux pays voisins et à la main tendue du Roi du Maroc dans des discours officiels.

Les va-t-en-guerre sont du côté algérien qui ne rate aucune occasion pour le montrer. Le peuple marocain en est désolé et croît fermement à la paix et à l’édification du Grand Maghreb tout en consolidant, au mieux qu’il peut, son front intérieur.

Devrait-on le rappeler ; on en a voulu au Maroc, en Algérie et ailleurs, pour ses performances footballistiques qui ont permis au peuple marocain de retrouver sa joie et sa liesse dans un contexte morose !

Cela ferait sourire si l’inquiétude d’une guerre désastreuse ne devenait pas anxiogène. Les signataires ont raison de le relever sauf qu’ils devraient adresser clairement leur « tribune » aux gouvernants d’El Mouradia qui, se souciant moins du développement humain de l’Algérie, font croire au peuple algérien frère que l’ennemi est le Royaume du Maroc.

Et au lieu d’aller se promener sur les bords de la Seine comme le veulent les signataires, il aurait été plus convenable pour ces derniers, dans le cadre de la recherche de la « solution pragmatique », de proposer l’ouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc et la reprise des relations entre eux, dans le cadre d’une coopération fraternelle et mutuellement enrichissante pour dépasser les contraintes de la conjoncture et contribuer à la construction du Grand Maghreb.

Mais, pour une poignée d’euros, les signataires de la tribune ont botté en touche et se sont disqualifiés d’eux-mêmes.

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