Saoudi El Amalki
« Rien n’est gratuit, tout un sens ! », disait le penseur français, Louis Althusser. Cette fameuse citation conviendrait peut-être à la nouvelle position de la France, à l’issue des récents travaux du Conseil de Sécurité, au cours de laquelle l’émissaire de l’Hexagone qualifiait d’«historique»la réaffirmation du soutien de son pays au plan d’autonomie au Sahara marocain. Une attitude dont le ton encore plus affirmatif qu’il y a belle lurette, laisse entrevoir des lueurs de dégel quant à la tension tamisée qui marque les rapports franco-marocains, il y a des lustres.Devrait-on se fier au signe tricolore révélateur dont l’arc-en-cielbeat plane dans l’univers, après l’orageterne qui couvrait le firmament des deux alliés de longue date ?Ce nouvel aveu gaulois n’est guèrepassé inaperçu par les observateurs, notamment les médias du royaume qui ont relayéce relèvement de la tonalité dans les déclarationsdu diplomate hexagonal. Est-ce un réel préambule de la réconciliation qu’amorce la république, en temps opportun pour une question sacrée de son partenaire,à propos de laquelle les frictions malencontreuses ont brouillé par-ci, par-là,leur« affinité » séculaire, en dépit des hauts et bas qui ont souvent caractérisé leur constance ? Il est bien évident que la justesse de l’initiative marocaine, depuis sa mise sur orbite de l’instance onusienne, ne souffre d’aucune contestation et s’érige en issue unique duroulement définitif de ce dossier dont la mise en échec a quasiment duré un demi siècle à cause des détracteurs que tout le monde pointe du doigt. Il paraît donc que Paris s’est rendu à l’évidence et se prépare à renouer avec la rationalité qui fut le fort de ses penseurs des Lumières, plus spécialement Descartes dont la trouvaille,à la fois réaliste et performante, bouleversait la planète jusqu’à nos jours.Tout le monde s’attend alors à ce que la France s’apprête,non pas à faire son «mea culpa» envers son partenaire privilégié, mais à rehausser un peu plus davantage son réalisme raisonné, au point d’aboutir à la reconnaissance de la marocanité de nos territoires récupérés du sud, voire à choisir clairement la voie de sa compagnie, car les deux chemins qu’elle est en passe d’emprunter jusqu’ici sonthélas, diamétralement opposés. Et quand Nicolas de Rivière, l’envoyé français aux Nations Unies faisait état de sa préoccupation de la violation du cessez-le-feu qui s’opère au Sahara, il ne faisait allusion qu’à l’autre cheminqu’il désavouait à bout portant. Il ne fait pas de doute que la dissipation de la brume qui ternissait les relations des deux alliés, profile à l’horizon au service des deux peuplesmutuels et de la réciprocité d’égal à égal.