Immersion dans l’univers de la prostitution 2.0

À l’ère de la Covid-19, internet, seul moyen de survie du plus vieux métier du monde

Karim Ben Amar

Depuis le vendredi 20 mars 2020, date de la proclamation de l’état d’urgence sanitaire, bars, discothèques et cabarets sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Du coup, le plus vieux métier du monde a dû trouver d’autres alternatives pour continuer d’exister. Depuis, c’est sur internet que l’offre est la plus abondante. Plusieurs applications de rencontre se sont vues investis par des prostitués, marocaines et étrangères. Mais c’est surtout dans les sites d’annonces qu’elles sont les plus présentes. Présentées comme des massages relaxants ou tonics, les prestations proposées par ces «masseuses» sont en vrai des services sexuels tarifés.  Photos réalistes osées, numéros de téléphone, en plus de quelques informations sur la «masseuse» : âge, nationalité, prestation proposée, il n’y a plus de doute à avoir, il s’agit bel et bien de prostitués. L’équipe d’Al Bayane s’est fait passer pour un client potentiel en appelant les intéressées. Tarif, lieu de rencontre, prestation, tout y passe. Immersion.

La pandémie de la Covid-19 a changé les habitudes, et cela dans le monde entier. Sorties nocturnes, restaurants, théâtres, festivals, tout est à l’arrêt depuis près d’un an maintenant. De plus, un retour à la normale ne pourra être envisageable qu’après la campagne de vaccination accueillie chaleureusement dans les quatre coins du globe.  En attendant, tous les domaines d’activités s’adaptent à cette «ère nouvelle». Business légal et illégal traversent une crise sans précédent. Pour cause de couvre-feu, nombre d’opérateurs économiques ferment à 20H.

Quant aux discothèques, bars et cabarets, ils ont pour unique instruction de rester fermé jusqu’à nouvel ordre. Ces lieux très prisés par les prostitués n’accueillent plus de clients depuis le vendredi 20 mars. Depuis, c’est sur internet que l’offre est abondante. Marocaines, Ivoiriennes, Camerounaises, Guinéennes… de nombreuses nationalités proposent leurs services sur les réseaux sociaux, les applications de rencontre mais surtout sur les sites d’annonces. Se cachant derrière l’activité de «masseuses professionnelles», elles proposent en vrai, un rapport sexuel tarifé.

L’équipe d’Al Bayane a contacté une de ces «masseuses» présentes sur les sites d’annonce, en se faisant passer pour un client potentiel. Les prix varient entre 200 et 800 Dhs. Après de brèves présentations, la dénommée Patricia, une ivoirienne de 28 ans, a déclaré que «Je reçois chez moi, à Bir Anzarane (quartier casablancais). le massage d’un quart d’heure est facturé 200 Dhs, celui d’une demi-heure est à 300 Dhs».   Et d’ajoute «pour la finition il faut compter entre 200 et 500 Dhs, cela dépend de la demande».

Sur un autre site d’annonces, nous contactons Rim, la trentaine à peine entamée, avec le même mode opératoire. Contrairement à la précédente, cette «masseuse» se déplace. «Je peux me déplacer entre 14H et 18H, envoie-moi juste la géolocalisation», a-t-elle assuré.

«Je propose un massage avec finition à 600 Dhs, le tout sur une durée d’une heure». Et de conclure, «je peux venir avec mon amie, ainsi tu auras droit à un «massage 4 mains en plus de la finition, le tout pour 1000 Dhs».

De passage à Tanger, nous avons procédé de la même manière. Des prestations sexuelles tarifées sous couvert de massages sont tout aussi présentes sur le net. Autre phénomène découvert dans la perle du Détroit : le téléphone rose. Les séances virtuelles d’érotisme sont en vogue depuis le début de la pandémie. Et ce n’est pas donné, puisque la demi-heure en mode vidéo peut s’élever à 500 Dhs.

Décidément, l’ère de la Covid-19 est aussi l’ère du boom de la prostitution 2.0.

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