Entretien avec Fatima Benchraik, militante associative et des droits humains dans le sud marocain
Propos recueillis par Saoudi El Amalki
Notre Nation a traversé, sans nul doute, un parcours considérable dans le sens de l’expansion de sa moitié en éclosion permanente, quoique de longs chemins restent à parcourir pour combler toutes les attentes. A ce propos, le tissu associatif par le biais duquel, le mouvement féminin marocain a su se frayer une place au soleil, à l’issue de laborieuses actions d’épanouissement. Dans le sillage des exemples lumineux qui agrémentent cette montée salutaire des femmes dans la société civile, nous citerons aujourd’hui, le cas de Fatima Benchraik, militante associative à Agadir. Une femme généreuse et dynamique qui ne cesse d’œuvrer pour la cause des femmes et enfants en difficulté, à travers nombre d’activités féminines, en compagnie de nombre de ses collègues, notamment sa «complice et confidente», Fatema Echaabi, toutes aussi imprégnées par ces actions. Entretien express:
Al Bayane : Que représente pour vous cette occasion de la journée mondiale de la femme et quel enseignement en tirer ?
Fatima Benchraik : C’est assurément et sans conteste, une journée symbolique, certes, mais demeure, à mon sens, une journée parmi tant d’autres où la femme est censée sortir de sa coquille pour faire germer toutes les potentialités dont elle regorge. La condition de la femme est, à coup sûr, appelée à déployer, constamment un travail de longue haleine afin de consolider les acquis cumulés et en rajouter, dans le contexte de la parité, de l’égalité, de la démocratisation, de la modernisation de la vie sociétale.
Comment s’effectue l’action associative dans le sud marocain et quelles sont ses caractéristiques ?
Il ne fait pas de doute que la femme du sud marocain, est en passe de fournir un effort impressionnant, en particulier dans le domaine du développement, de la sensibilisation, de l’encadrement et de la prise en charge…tant au niveau des associations, des coopératives que des collectifs et des individus privés. Cette dynamique a pu mettre en fonction de nombreuses activités génératrices de revenus, en termes d’économie solidaire dans les ensembles des produits du terroir, particulièrement l’huile d’Argane, l’amande, le safran…Au niveau d’Agadir, l’action féminine se focalise surtout sur les conditions de la femme en situation de difficulté, comme des femmes violentées des femmes célibataires, des enfants abandonnés et marginalisés, des femmes surexploitées, des femmes victimes de l’abus sexuel…Notre exercice, en tant egalement de militantes des droits humains, s’attelle, en effet à ce genre d’actions, en coordination avec toutes les parties concernées, aussi bien au niveau des instititions, des élus et des mécènes.
Croyez-vous, à la lumière de la nouvelle constitution, que le Maroc pourra élever ses indicateurs sociaux dans lesquels les femmes jouent un rôle nodal et quels sont selon vous les atouts qui ressortent de ce élan résolument social ?
Il est vrai que la nouvelle constitution a constitué un tournant décisif dans le relèvement relatif des conditions de vie. Elle a permis vraisemblablement, entre autres, l’institutionnalisation de nombre de droits économiques et sociaux des populations et la consécration de la parité, des libertés et de la justice sociale.
Cependant, il va sans dire que l’application de toutes ces innovations institutionnelles est tributaire de larges déploiements de toutes les forces vives de la société pour mettre au concret toutes ces acquisitions. Nous en avons sans doute, les possibilités, au vu des capacités inyrinseques des citoyens, spécialement les femmes qui endurent visiblement des effets de l’injustice, de l’oppression et de l’avilissement. Les marges de liberté et la volonté manifeste d’aller dans ce sens sont des outils indéniables pour mettre à l’épreuve cette tâche qui se range, en fait, dans l’alignement des générations de réformes entamées dans notre pays, depuis plus de deux décennies. Beaucoup de dépravations de la vie publique demeurent un sérieux handicaps pour le développement multidimensionnel.
De quelle place jouit la femme dans ce sursaut national et comment peut-on parvenir à ce stade, surtout que le Maroc est à la veille de sursoir un nouveau modèle de développement?
Une place de choix, sans aucun doute. Il n’y a plus de raison que la femme se cantonne dans les arrières plans, alors que les lois et les codes, notamment celui de la famille, sont érigées pour justement cette incorporation organique du sexe féminin, dans ce grand chantier. Au niveau de la vie associative, au côté naturellement de la participation politique et représentative, la contribution de la femme est vitale, au regard de son aptitude sincère et sérieuse. Il ne s’agit pas, en effet, d’un mécénat que cherche la femme, mais d’un mérite affiché dans les éventails de la vie commune.