Jazz-fusion
Le Maroc compte une longueur d’avance dans le Jazz-fusion sur d’autres pays, grâce à des collectifs et des rendez-vous musicaux qui mettent en lumière cette «rencontre» magistrale entre des facettes de l’art local et le Jazz, a indiqué vendredi Zied Zouari, musicien violoniste tunisien.
Cette avance est constatée par rapport à d’autres pays maghrébins où des artistes s’attachent toujours au jazz de la reprise, “principalement élitiste et étroitement lié au Swing”, a relevé M. Zouari, qui intervenait lors d’une rencontre virtuelle organisée par ANYA Music, le bureau UNESCO pour le Maghreb et la Fondation Hiba.
Il a également fait savoir que le Jazz, qui prend racine dans le Blues, un dérivé des chants de travail des populations afro-américaines, est un “lègue africain qu’il faut récupérer”, notant que dans le sud de la Tunisie, il existe des chants de paysans qui rappellent les rythmes du Blues.
Prenant la parole à cette rencontre tenue à l’occasion de la journée internationale du Jazz, Moulay Ahmed Alami, président de Tanjazz et du Jazzablanca, est revenu sur les débuts “timides” des festivals de Tanger et de Casablanca, qui célèbrent le Jazz dans toute sa splendeur.
Désormais de renommée internationale, Jazzablanca et Tanjazz ont contribué à l’essor de ce genre musical auprès du public marocain, grâce à une programmation artistique qui a élargi les horizons pour intégrer d’autres styles musicaux proches au Jazz, a-t-il expliqué.
Il a en outre ajouté que cette “ouverture” musicale s’est traduite par le lancement annuel des appels à projets destinés à des artistes marocains et étrangers résidant au Maroc, en vue d’offrir l’opportunité aux jeunes de se produire dans un milieu professionnel.
Sur la place du Jazz au Maroc, M. Alami a rappelé que depuis les années 50, des tournées nationales de Jazz ont eu lieu, évoquant par la même la multiplicité et la richesse qu’offrent les différents festivals célèbres au Maroc notamment Jazz au Chellah, Tanjazz, Jazzablanca ou encore Jazz sous l’arganier.
De son côté, la jeune musicienne Meryem Aassid, qui évolue dans un répertoire unique, Jazz Amazigh, a relevé que son expérience personnelle avec cet art est née de la liberté musicale qu’il procure, mêlée à une improvisation mélodieuse, une caractéristique de la musique amazighe notamment celle d’Ahouach.
La jeune artiste a jugé nécessaire de s’adresser à “la sensibilité du public pour parler le même langage au cours du processus de création et de proposition artistique”.
Dans la même veine, la musicologue chercheuse et ancienne directrice du pôle de la musique et de l’Opéra à la Cité de la culture en Tunisie, Saima Samoud a mis en avant l’importance de la culture Jazz dans la musique tunisienne.
Mme Samoud a en outre évoqué la question du financement dans le renforcement d’un dynamisme culturel du Jazz, à travers la promotion d’un investissement public-privé ainsi que la création d’un marché destiné à l’industrie musicale.
Modérée par le journaliste tunisien Karim Benamor, cette rencontre virtuelle a été l’occasion pour des panélistes maghrébins d’aborder la “place du Jazz et des musiques improvisées au sein des musiques actuelles du Maghreb” et d’évoquer la pratique actuelle du Jazz, de la musique improvisée et des moyens dont disposent les artistes de Jazz pour se produire entre festivals et digital.
Au terme de ce débat “Jazz-maghrébin”, le concert «Rési’Jazz» a été diffusée en ligne, une œuvre créée pendant la résidence artistique organisée au studio Hiba avec la participation des artistes jazz marocains et tunisiens notamment Amine Bliha, Ziad Zouari, Habiba Ryahi et Hamdi Makhlouf.