La littérature à l’heure de la Covid-19
Mohamed Nait Youssef
Une rentrée littéraire pas comme les autres. En effet, cette année, la 27è édition du Salon de livre de Casablanca est reportée sine die en raison des mesures sanitaires prises afin de stopper la propagation de la Covid-19. Par ailleurs, cet événement livresque important est une occasion idoine pour les éditeurs marocains de pouvoir présenter leurs nouveautés. Il s’agit également d’un temps fort de la rentrée.
« Nous sommes en train de travailler sur la rentrée littéraire qui ne sera pas présentielle. En effet, malgré la crise sanitaire mondiale, on a pu quand même éditer des livres. », nous explique Abdelkader Retnani, président de l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc et directeur des éditions de La Croisées des Chemins, dans une déclaration à Al bayane.
La crise a fragilisé certes tous les secteurs culturel et artistique dont l’édition. Or, le chiffre des publications, chez certains éditeurs marocains, a augmenté cette année par rapport à l’an dernier.
«J’ai sorti une soixantaine de titres dont 10 en arabe entre le roman, la traduction, les essais, les recueils de poésie », a-t-il fait savoir.
En 2021, et puisque il n’y aura pas de salon du livre de Casablanca, l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc essaie de préparer une rentrée littéraire qui sera prévue au mois de mars, précise Abdelkader Retnani.
La Covid-19 est toujours là. En attendant alors la réouverture des salons et la reprise de l’organisation des manifestations littéraires donnant plus de visibilité aux productions littéraires et autres, les éditeurs et les auteurs gardent de l’espoir.
« Il n’y aura pas de visibilité pour les mois à venir », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : « j’étais en visioconférencee avec des éditeurs français qui disent qu’il n’y a aucune visibilité, mais une chose qui est très intéressante chez eux, c’est qu’il y a toujours le soutien et les gens qui achètent chez les libraires. Chez nous, à vrai dire, ça bouge un peu malgré que les chiffres aient baissé en 2020 ».
Pour ce qui est des publications de 2021, le directeur des éditions de La Croisées des Chemins a affirmé qu’il y a une augmentation des essais qui continuent à avoir du succès. La production en matière du manuscrit a augmenté aussi cette année.
«On a reçu beaucoup de manuscrits en période de confinement. On a reçu plus que d’habitude, c’est-à-dire que le confinement a montré qu’il y a des gens qui se sont mis à écrire. Grosso modo, la réception des manuscrits est très importante par rapport à l’année dernière », a-t-il expliqué.
Toutefois, la période de la crise n’a pas empêché les amoureux du livre de prendre le risque en créant de nouvelles maisons d’éditions. A la ville du Détroit, Tanger, la jeune maison d’édition Dar Agora vient de voir le jour en plein confinement. Un vrai pari !
«Les gens disent que la création de cette maison en cette période est une véritable aventure parce qu’il n’y a pas de salons. Mais, malgré tout, on a pu faire notre place dans le paysage », nous confie Youssef Garmah, gérant de la maison d’édition.
Selon lui, Dar Agora est arrivée jusqu’ à présent à 15 publications entre le roman, la poésie, l’essai, traduction. «On a reçu un nombre très important de manuscrits pendant le confinement parce qu’il y avait des écrivains qui ont achevé leurs projets de livres en cette période particulière », a-t-il affirmé.