Interview du professeur Redouane Rabii, spécialiste en urologie
Propos recueillis par Abdelaziz Ouardirhi
L’Association marocaine d’Endo-Urologie (AMEU), a organisé, dans le cadre de ses activités scientifiques, son 9ème congrès, les 11, 12 et 13 février 2021, à l’Université Mohamed VI des sciences de la santé de Casablanca. Pour faire le tour des travaux de ce congrès scientifique, nous avons rencontré le professeur Rédouane Rabii, spécialiste en urologie et président de l’Association marocaine d’Endo-Urologie (AMEU).
Les organisateurs de cette rencontre scientifique ont concocté un programme très riche et diversifié, sur plusieurs thématiques relatives aux cancers de la vessie et du rein, des pathologies prostatiques, les lithiases urinaires, les nouveaux traitements des dysfonctions sexuelles et leurs impacts sur la vie des couples.
Une part importante a été consacrée à la médecine régénérative, qui a été débattue en long et en large au cours des séances plénières pour montrer la place qu’elle doit occuper dans l’arsenal thérapeutique de la médecine moderne, et notamment en urologie et en sexologie.
Au fil des ans et des manifestations que l’association d’endo-urologie organise chaque année avec une parfaite maitrise autour de thèmes pertinents du moment, et forts appréciés par les congressistes qui sont de plus en plus nombreux à prendre part a ces évènements scientifiques. Ce rendez-vous est devenu aujourd’hui incontournable, et il est considéré comme une référence dans le monde de la médecine nationale et internationale.
Dans un souci permanent à la recherche de prestations médicales de qualité sécurisées pour les patients, d’innovations thérapeutes et la promotion de la pratique médicale, ce congrès est l’espace idoine pour les médecins marocains généralistes et spécialistes. Il leur permet de pouvoir échanger leurs expériences avec leurs confrères des pays frères et amis, d’experts dans les domaines de l’urologie, l’oncologie et la radiologie.
L’ouverture officielle de ce congrès a été marquée par une conférence intitulée: « la circoncision dans l’esprit des religion » animée par différents intervenants dont des urologues, mais aussi des personnalités religieuses.
Il est utile de rappeler ici que l’organisation de cet important évènement scientifique initiée par l’Association marocaine d’Endo-Urologie (AMEU), que préside le professeur Rabii Redouane, n’a pas été chose aisée en raison de la situation de la crise sanitaire majeure à laquelle notre pays fait face.
A l’instar des congrès internationaux et dans le respect total des mesures préventives adoptées par notre pays pour lutter contre la pandémie de la Covid-19, les organisateurs ont opté pour une formule hybride, en utilisant les outils de communication à distance avec limitation de la présence au niveau des salles de conférences. La première journée a été marquée par une cérémonie d’hommages aux victimes de la Covid-19, dont des professionnels de santé, ainsi que feu Salaheddine El Ghomari journaliste de 2 M qui a tant donné, communiqué et réalisé pour sensibiliser au mieux notre population sur l’épidémie de coronavirus .
ALBAYANE : Le 9 ème congrès d’endo-urologie consacre une part importante aux pathologies de la prostate. Qu’est-ce qui justifie un tel intérêt ?
Professeur Redouane Rabii : L’adénome de la prostate est une pathologie très fréquente au Maroc. C’est un homme sur trois qui sera concerné par cette affection après 60 ans. Oui, il y a des traitements médicaux, mais actuellement il y a plusieurs techniques chirurgicales. Nous maitrisons parfaitement la technique de la résection et vaporisation, qui permet au malade de quitter l le service le même jour sans aucun problème.
Sur 3.000 cas réalisés, ce qui nous a permis d’acquérir une bonne expérience dans ce domaine qui demande une grande dextérité, une technique que nous partageons avec nos assistants pour le plus grand bien des patients et de la société. Ou bien entendu, on peut prévenir un tant soit peu la survenu de l’adénome de la prostate. Pour ce faire, il faut manger sainement, éviter les viandes rouges, préférer le poisson, manger beaucoup de légumes et de fruits.
La dysfonction érectile est au menu de ce congrès, et vous comptez tordre le cou aux tabous qui ont toujours prévalu autour de cette question, de ce trouble qui concerne beaucoup de personnes. Que pouvez-vous nous dire sur ce sujet ?
La dysfonction érectile est devenue actuellement de plus en plus fréquente. Des études réalisées au CHU Ibn Rochd avaient démontré qu’un Marocain sur deux présentait des troubles.
On comprend dès lors mieux que ces troubles puissent représenter un motif non négligeable de la consultation et que de plus en plus de couples sont conscients de ce problème qui peut retentir gravement sur la vie du couple. Il faut briser ce tabou, car la dysfonction érectile cause de nombreux drames, dont principalement des divorces.
Loin de tous les tabous, c’est souvent la femme qui encourage le mari a s’adresser au médecin, et vu la grande disponibilité des molécules, de traitements innovants, la prise en charge est meilleur et on peut dire qu’il y a 100 % de patients traités concernant la dysfonction érectile. Notamment avec la pose de l’implant pénien quand il y a un échec pour tout traitement médical.
La formation médicale continue est toujours au programme de vos différentes manifestations et congrès scientifiques. Pourquoi un tel choix ?
Comme je vous l’ai dit, la formation médicale continue est au centre de nos préoccupations et représente un objectif sans cesse remis à l’ordre du jour. Vous êtes bien placé pour savoir que l’évolution de la pratique médicale actuelle est constante et de plus en plus rapide en raison de l’émergence de nouvelles technologies médicales et l’explosion des connaissances. Pour maintenir et améliorer sa performance clinique, le praticien, quel que soit son environnement de pratique, se doit de se tenir à jour par une formation médicale continue.
Au niveau de l’association Marocaine d’endo- urologie, notre soucis c’est de partager avec le plus grand nombre et nos confrères les dernières innovations dans tous les domaines aussi bien diagnostic, thérapeutique, la haute technologie, les techniques chirurgicales qui sont de plus en plus mini-invasives.
Notre association d’endo-urologie cherche à travers ces séances de formation médicale continue, à mettre à la disposition de nos patients les meilleurs soins possibles, et une qualité de la prise en charge sans cesse renouvelée.
Dans ce sens nous avons mis en place une collaboration étroite avec l’association Marocaine des généralistes pour servir ensemble, urologues et généralistes la bonne cause et être au service des patients.
La séance inaugurale de votre 9ème congrès a été marquée par une conférence dont le thème est : « la circoncision dans l’esprit des religions ». Qu’est-ce qui justifie un tel thème ? Que cherchez-vous à démontrer ?
Vous savez, quand on cherche à savoir un peu plus sur cette pratique, nous relevons que la circoncision remonte à l’Egypte pharaonique, soit 2000 ans avant Jésus-Christ. Il s’agissait alors d’un rituel de purification, à visée hygiénique.
La circoncision a ensuite été reprise par les religions juives et musulmanes.
Aujourd’hui, nous cherchons à aller encore plus loin en ce qui concerne la circoncision à travers les religions. C’est la raison pour laquelle nous avons fait appel à deux hommes qui maitrisent le volet religieux et la circoncision. L’un est musulman et l’autre Juif. Ils nous présenteront ce que signifie exactement la circoncision pour chaque religion.