Dysfonctionnements érectiles: En parler à son médecin

Sujet encore tabou dans notre société, ce que certains désignent sous le nom d’impuissance sexuelle, de trouble de l’érection, ou plus communément de dysfonction érectile, est un trouble de sexualité fréquent et susceptible d’altérer la qualité de vie des hommes qui en souffrent. Au Maroc, la dysfonction érectile toucherait un homme sur trois après 40 ans. Le problème c’est que les personnes qui présentent un trouble de l’érection n’en parlent que très peu ou pas du tout, alors que la médecine dispose maintenant de thérapeutiques simples et efficaces pour traiter la dysfonction érectile. Pour les besoins de notre article, nous avons contacté le professeur Radouane Rabii, spécialiste en urologie, qui a réalisé une étude sur la dysfonction érectile. Zoom sur un phénomène longtemps resté tabou.

Qu’est-ce que la dysfonction érectile?

La dysfonction érectile est définie comme étant l’incapacité persistante pour l’homme d’obtenir une érection de qualité et de durée adéquates permettant des rapports sexuels satisfaisants. Cette incapacité est d’importance variable, allant de troubles mineurs à l’absence totale d’érection.

Rare avant l’âge de 30 ou 40 ans, l’insuffisance érectile augmente avec l’âge.

Comprendre le mécanisme de l’érection

Pour bien comprendre la dysfonction érectile, il faut savoir comment fonctionne l’érection normale. Pour avoir une érection, il faut trois éléments :

1 / Les corps caverneux, qui sont comme une éponge à l’intérieur de la verge, qui va se gonfler de sang, et c’est ça qui va provoquer l’érection

2 / les vaisseaux, il faut que les artères amènent le sang à l’intérieur des corps caverneux pour permettre le gonflement de la verge

3 / Les nerfs, il faut que l’innervation, que le cerveau donne l’ordre aux artères de s’ouvrir pour amener le sang à l’intérieur des corps caverneux.

Comme on le voit, il y a une association entre ces trois mécanismes ; ce qui permet si tout va bien d’avoir une érection.

Les causes de la dysfonction érectile

Comme nous l’avons signalé, trois éléments essentiels interviennent dans une érection, mais si un seul de ces trois éléments ne fonctionne pas normalement, à cause d’une maladie, l’érection est perturbée et on aura ce que l’on appelle une dysfonction érectile.

Le mécanisme le plus habituel , le plus fréquent , c’est le défaut artériel ,  c’est le vaisseau qui se bouche , le plus souvent partiellement , à cause d’une maladie athéromateuse en cause l’excès de cholestérol dans le sang , le fait de fumer de manière répétée et chronique , bref se sont tous les facteurs des maladies cardiovasculaires au sens large du terme , c’est le grand facteur de dysfonction érectile.

On trouve aussi dans ces facteurs, le diabète qui va obturer les petits vaisseaux artériels, et donc les causes artérielles sont les principaux facteurs de dysfonction érectile liée à des maladies

La deuxième cause des dysfonctions érectiles, c’est la maladie des corps caverneux, qui vont se rigidifier, c’est une maladie rare.

La troisième cause est liée au cerveau, on sait qu’il y a des causes psychologiques en ce qui concerne la dysfonction érectile.

Que quand on éprouve une crainte, et que ca ne va pas se passer comme on le souhaite, il va y avoir une difficulté pour obtenir une bonne érection.

Il s’agit généralement du stress engendré par une angoisse de la performance qui entraîne, fatalement, un blocage. Cette dysfonction peut aussi trouver son origine dans le vécu du patient.

La culture, la religion et la tradition sont aussi des facteurs déterminants dans l’épanouissement sexuel chez le jeune Marocain, qui dans bien des cas n’a aucune notion, aucune expérience.

Dans ce registre, on place toutes les causes psychologiques, mais il y a réellement des maladies neurologiques qui sont responsables des dysfonctions érectiles.

Le diabète va abimer les petits nerfs qui interviennent dans l’érection.  Certaines interventions chirurgicales, comme l’ablation de la prostate, certaines chirurgies du rectum. Il y a aussi le tabagisme et l’alcool qui sont aussi des causes de la dysfonction érectile.

Un phénomène en pleine explosion

Au niveau mondial cette affection concerne entre 13 et 28% des hommes âgés de 40 à 80 ans. Ce sont presque les mêmes estimations au Maroc. Plus  d’un million de Marocains souffrent de troubles de l’érection. Celle-ci diffère selon la vie du patient, son influence, son âge ou encore son organe.
Les études réalisées dans ce sens, nous apprennent que plus de 152 millions d’hommes souffraient dans le monde de ce dysfonctionnement au début de l’année 2000. Mais selon des projections réalisées sur la base d’études sérieuses par des spécialistes de la question qui ont tenu compte de plusieurs paramètres dont le vieillissement de la population, l’environnement. La qualité de vie, l’augmentation de certaines maladies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’hyperlipidémie ou encore l’hypertension… Les prévisions pour 2025 font état de 322 millions de personnes qui seront concernés par le dysfonctionnement érectile.

Qu’en est – il au Maroc?

Au Maroc, très peu d’études ont été réalisées concernant la dysfonction érectile et son impact sur les hommes et le couple.

C’est pourquoi nous nous sommes référés à une enquête réalisée par le département d’urologie du centre hospitalier Ibn Rochd de Casablanca, qui a cherché à évaluer la prévalence et l’impact de la dysfonction érectile auprès des partenaires femmes, et c’est le Professeur Redouane Rabii, spécialiste en urologie qui était superviseur de l’enquête.

Cette enquête a ciblé 202 femmes, qui ont été interrogées sur les différents aspects concernant la dysfonction érectile au sein de leur couple.

Sur ces 202 femmes interrogées, 45,05% d’entre elles ont indiqué que leur partenaire souffrait d’une  dysfonction érectile tous types confondus, dont 13,19% de forme sévère.

Perturbations émotionnelles et psychologiques

Au – delà des causes organiques, il y a les causes psychologiques qui pèsent très lourd dans la dysfonction érectile, et il a été prouvé et démontré que la dysfonction érectile survenait plus facilement chez les sujets anxieux, angoissés, dépressifs, stressés, colériques et ayant une personnalité soumise. La présence de problèmes existentiels et environnementaux (conjugaux, familiaux, financiers, professionnels), une méconnaissance de la sexualité et des antécédents d’abus sexuel dans l’enfance sont des facteurs prédisposant. Il n’est donc pas étonnant que les maladies psychiatriques s’accompagnent de troubles érectiles, en particulier l’hyper anxiété et la dépression, pathologies fréquentes et souvent associées.
Chez certains sujets, l’anxiété de performance et la crainte de l’échec provoquent des cercles vicieux qui pérennisent la dysfonction érectile avec une attitude d’évitement. La dysfonction érectile peut être la cause ou la conséquence de troubles anxieux ou dépressifs.
Mais qu’elles en soient la cause ou la conséquence, ces perturbations émotionnelles et psychologiques sont des marqueurs de souffrance des patients. Les hommes qui consultent pour dysfonction érectile sont donc en réelle souffrance.
Cette souffrance définit la dysfonction érectile maladie où l’important n’est pas le symptôme en lui-même, mais le rapport que chacun a avec son symptôme et la manière dont il l’exprime.

Adopter un mode de vie sain

Pour éviter des troubles d’érection la recette est simple, à la portée de tous, il suffit de vouloir pour pouvoir. Pour une bonne santé, il faut adopter  de saines habitudes de vie. Avoir un régime bien équilibré, faible en gras, riche en protéines et fibres  afin de prévenir l’obésité,  l’hypertension artérielle et le cholestérol,  qui sont néfastes pour les vaisseaux sanguins (flux sanguin) qui ont un lien direct sur l’organe masculin et le mécanisme d’érection.

L’arrêt du tabac est essentiel, et une modération au niveau de consommation d’alcool sont des facteurs majeurs lorsque l’on parle de prévention de dysfonction érectile.

La pratique d’une activité physique est très bénéfique, alors que la sédentarité est nuisible à la santé générale de tous. Faire de l’exercice n’est pas seulement bon pour les muscles, le cœur mais aussi pour l’érection.

Des statistiques révèlent que les hommes dans la quarantaine et plus, qui font de l’exercice régulièrement diminuent leur risque d’impuissance de 70% par rapport à ceux qui n’en font pas.

Autant que possible, il faut éviter le stress qui à son tour peut causer l’impuissance ainsi que d’autres maladies physiologiques. Il faut apprendre à gérer le stress d’une manière constructive pour mieux contrôler les problèmes reliés à celui-ci.

Il ne faut pas occulter le manque de dialogue au sein du couple, c’est un facteur qui peut entraîner des troubles érectiles. Le processus de l’érection demande l’intervention de tous les sens,  la vue, l’odorat, le goût, le toucher, l’ouïe et il faut nécessairement que ces derniers soient au diapason et qu’il existe une bonne entente pour réduire les risques de dysfonctionnement au niveau de l’érection. Dans bien des cas le silence au sein du couple est destructeur, et un manque de communication est souvent l’origine de problèmes psychologiques de l’impuissance. Il faut pouvoir parler de sexualité ouvertement avec son partenaire pour éviter les mésententes.

Il est bon de rappeler ici que des solutions existent, le plus important c’est de consulter votre médecin, aujourd’hui il existe des solutions adaptées à chaque cas et les résultats sont positifs.

Ouardirhi Abdelaziz

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