Légalisation de la culture du chanvre indien
Karim Ben Amar
La légalisation de la culture du chanvre indien (cannabis) est vu d’un bon œil par la majorité des marocains. Cultivé dans le nord du Royaume, la culture de cette plante fait vivre de très nombreuses familles dans différentes provinces de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Depuis le début des débats concernant la légalisation de la culture du chanvre indien, cette région est divisée entre les partisans et les détracteurs de la légalisation. En déplacement à Tanger, L’équipe d’Al Bayane a rencontré un agriculteur local. Cultivant une terre située non loin de KhmissIssaguen, M.H s’oppose farouchement à cette légalisation. D’après ce trentenaire, c’est la mort du boulot. D’après lui, les agriculteurs étaient exploités par les «patrons», après cette légalisation, ils seront exploités par les grands laboratoires.
La légalisation de la culture du chanvre indien est le principal sujet de discutions à Tanger. Entre partisans et détracteurs, les avis sont partagés dans cette ville connu pour être une plaque tournante du trafic international de cannabis.
C’est dans le quartier Goya que l’équipe d’Al Bayane a rencontré M.H. Ayant requis l’anonymat, cet agriculteur âgé d’une trentaine d’années est farouchement opposé à la légalisation de la culture du chanvre indien, et cela, pour diverses raisons. «Tous les agriculteurs opérant dans la culture du cannabis sont contre cette légalisation. Avant ce projet de loi, nous étions exploités par les «barons de la drogue», une fois la culture du cannabis légalisé, on sera exploité par les grands laboratoires pharmaceutique». Et d’ajouter, «honnêtement, nous préférons travailler avec les barons car ils payent plus et mieux. De plus, le prix de la marchandise et de la main d’œuvre est négociable contrairement aux laboratoires qui fixent un prix».
Dans la région montagneuse du Rif, la culture du Kif se transmet de père en fils depuis quelques générations déjà. Une grande partie des habitants de cette région vivent exclusivement de cette culture qu’ils considèrent comme vivrière. «Avant ce projet de loi, nous cultivions le kif sans aucune restriction. Une fois que ce projet de loi sera adopté, les cultivateurs devront remplir plusieurs conditions avant de pouvoir continuer l’activité», atteste-t-il, l’air désolé.
«Il faut être marocain et âgé d’au moins 18 ans. De plus, il faut résider dans l’une des 5 provinces autorisés à cultivé le chanvre indien. L’attestation de propriété du terrain cultivé est obligatoire. Il faut aussi être membre d’une coopérative. Si toutes ces conditions sont remplies, il faut adresser au autorités compétentes un dossier, qu’ils doivent valider. La quantité récoltée de kif va être supervisé par un agent d’autorité (caïd). Après la pesée, le kif est collecté par des entreprises», a-t-il affirmé.
Pour cet agriculteur, les entreprises qui seront basés dans les grandes villes du royaume récolterons des gains importants, quant aux autochtones vivat de cette culture depuis des générations, ils ne serviront plus qu’à effectuer les petites besognes. «De plus, de nombreuses familles se retrouveront au chômage puisque leurs activités vont disparaitre au fur et à mesure. C’est le cas des ouvriers opérant dans le tamisage (action consistant à séparer la résine de la matière végétale et qui donne le hashish). Idem pour le transport qui ne sera plus effectuer par les enfants de la région. Autrement dit, nous allons devenir des esclaves travaillant pour de grands groupes», a-t-il précisé.
Et de conclure, «nous militons pour que la culture du Kif continue à défaut d’une alternative. Il est essentiel de préciser que si le trafic de drogue est combattu à la source, nous ne pourrons plus nous procurer de pain».