«Les Autres Américains», un roman polyphonique sur les questions de l’immigration et l’identité

Mohamed Nait Youssef

Les tâches de la littérature et de l’écriture consistent à mettre le doit sur les dysfonctionnements et les plaies de chaque société. C’est ce que nous livre d’ailleurs la romancière et écrivaine maroco-américaine Laila Lalami dans son roman «Les Autres Américains», présenté lundi 12 juillet à l’Espace Rivages au siège de la Fondation, en présence des personnalités des mondes de la culture et des lettres.

Ce roman polyphonique voire choral, traduit en français aux éditions Bourgois et réédité et publié aux éditions Le Fennec en 2020, braque les lumières sur la  société américaine, ainsi que les questions de l’immigration, du racisme, de l’identité, de l’intégration.

«C’est une vue panoramique sur la communauté marocaine résidant aux États-Unis. En effet, le roman explore  les questions  de  l’identité et de l’immigration, du racisme aux États-Unis », a souligné Layla Chaouni, directrice des Editions Le Fennec, lors de la présentation du roman.

C’est le 4ème roman de l’auteure dont l’histoire se déroule dans la petite ville de Californie. Un soir de printemps, Driss Guerraoui, un Américain d’origine marocaine, était au rendez-vous avec la mort lors d’un accident de la route. Le chauffeur a pris la fuite. Sa famille, sous le choc,  part à la quête des origines de cet accident meurtrier. Au fil de l’histoire, les personnages prennent la parole et dévoilent la réalité d’une société frappée par les tensions identitaires.

«Ce livre nous a interpelés. C’était la première fois que je tombais sur un livre d’une famille exilée aux États-Unis, et qui a fui le pays pendant les années de plomb. C’est un roman polyphonique», a fait savoir Layla Chaouni. Et d’ajouter: «il y a plusieurs voix et personnages qui parlent. Ce roman est aussi un regard sur la société de là-bas, sur le racisme, notre rapport à l’autre et surtout à l’étranger.»

Par ailleurs, le roman revient sur les attaques du 11 septembre. «Il met en dialogue le personnel et le politique», affirme Laila Lalami.

Née en 1968 à Rabat, la romancière a fait ses études au Maroc, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Aujourd’hui, elle enseigne la création littéraire à l’Université de Californie à Riverside. Certes, la vie, le vécu sont des sources d’inspiration de chaque auteur et écrivain.  Laila Lalami en fait partie. 

«Dans chaque création littéraire, il y a une part de l’auteur et de l’imagination. La part de moi dans ce livre, c’est l’inspiration, l’imaginaire», a-t-elle fait savoir.

«J’ai eu beaucoup de temps à réfléchir à la question de l’immigration. A vrai dire, je suis inspirée par ma préoccupation intellectuelle et personnelle», poursuit-elle.

Et d’ajouter : «quand on parle de l’immigration aux États-Unis, on l’aborde uniquement aux frontières. Or on ne parle pas des immigrés dans les petites villes.»

Toutefois, il est beaucoup plus intéressant pour l’auteure de parler des immigrés dans les petits villes que dans les métropoles.

Laila Lalami compte à son actif des romans dont «De l’espoir et autres quêtes dangereuses» (Hope and Other Dangerous Pursuits), publié en 2005 a été traduit en cinq langues, «Secret Son» (2009), «The Moor’s Account» (2015), «The other Americans » (2019) et «Conditional citizens» (2020).

Il est à rappeler que la version arabe son nouveau roman « Les Autres Américains» est déjà sortie au Liban.

Top