Présidentielle française
« Rassembler toutes les sensibilités de la droite »: pour son premier déplacement de candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse se rend lundi sur les terres d’Eric Ciotti, qui met la pression pour garder le cap à droite.
Après un déjeuner privé à Nice, les deux finalistes de la primaire LR se rendront à Saint-Martin-Vésubie où ils déposeront une gerbe à la mémoire des victimes de la tempête Alex de fin 2020, avant une réunion publique commune.
Un signe d’unité, en ouverture d’une semaine dédiée au « rassemblement » de la famille politique, puisque la candidate devrait se rendre dans le fief de ses concurrents battus, et notamment vendredi chez Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France.
L’ancienne députée des Yvelines, qui a repris sa carte chez LR cet automne après l’avoir quitté en 2019, prévoit d’être mardi auprès des parlementaires.
« Je veux rassembler toutes les sensibilités de la droite », martèle la candidate et ancienne ministre.
Mais le déplacement de lundi sera particulièrement scruté après la mise en garde inattendue dimanche d’Eric Ciotti, finaliste du congrès avec 39% des voix.
« Le message qui a été lancé hier par Valérie Pécresse n’était pas un bon message », a-t-il affirmé après une réunion publique.
En cause: une interview où la toute fraîche candidate a refusé de reprendre certaines propositions musclées de son ex-rival, comme la création d’un « Guantanamo à la française » ou la priorité nationale pour les emplois ou le logement.
« Nous en parlerons demain avec Valérie Pécresse, je la soutiens, mais j’entends que mes idées soient représentées avec force, les idées d’une droite qui entend se faire respecter », a insisté M. Ciotti.
La candidate a de son côté assuré qu’elle allait « enrichir » son projet car « il y avait des bonnes idées » chez chacun des prétendants LR.
Pas de « synthèse molle » mais « si on peut rajouter un zest de citron ou un zest de vanille pour pimenter le quatre-quarts, je le ferai », a-t-elle glissé au Grand jury RTL-Le Figaro-LCI.
Dans l’entourage de la candidate, on explique qu’il y a eu un télescopage entre les interviews, que les deux responsables se sont depuis parlé au téléphone et qu’il n’y a « aucun problème » entre eux.
Mais l’avertissement d’Eric Ciotti vient ternir la belle image d’unité donnée par LR dans ce congrès, où les perdants s’étaient avec fair-play rangés derrière la gagnante sitôt les résultats connus.
« Le rassemblement n’aura que peu duré », a raillé sur Twitter le ministre Franck Riester (ex-LR), pour qui « la division est lancée pour la candidate LR, emprisonnée par la frange la plus radicale de son parti ».
Dans cette campagne, Eric Ciotti entend bien peser à hauteur de son score de 39%.
« Ce sont les valeurs d’autorité, d’identité et de liberté que les Français ont plébiscitées » dans ce congrès, avait-il déclaré samedi à l’annonce des résultats, après une campagne largement axée sur l’insécurité et l’immigration.
Alors qu’Eric Zemmour a fait une entrée fracassante dans la course à l’Elysée, on s’inquiète dans l’entourage du député des Alpes-Maritimes qu’une partie des LR puisse se tourner vers le candidat identitaire.
Eric Zemmour n’a pas manqué dimanche lors de son meeting à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, de leur tendre une nouvelle fois la main.
Mais, du point de vue du camp Ciotti, reste une opportunité de récupérer les déçus du zemmourisme si la campagne de ce dernier venait à patiner.
« Il y a 15% d’électeurs dans la nature, il faut aller les chercher », assure-t-on, en évoquant pour la campagne LR le souhait d’un « tandem » sur le modèle Sarkozy-Fillon de 2007, plutôt qu’un « patchwork » de sensibilités.
Le défi, pour Valérie Pécresse, sera d’entendre cette demande tout en convainquant aussi le centre-droit passé ou tenté par la macronie.
« Il faut qu’elle trouve une place à Eric Ciotti sans qu’il croie qu’il l’a remplacée », explique le politologue Pascal Perrineau, pour qui « avec un Eric Zemmour fragilisé, Ciotti peut servir d’aimant pour ramener les brebis au bercail ». C’est la candidate qui va « établir le programme » et « arbitrer les questions », a rappelé le patron de LR Christian Jacob sur BFMTV.
Mais « sur la ligne régalienne », Valérie Pécresse et Eric Ciotti « sont très proches l’un de l’autre », a-t-il assuré.