Démolition de l’hôtel Miramar et le Casino
Mohamed Nait Youssef
A la ville de Mohammedia, deux bijoux architecturaux du patrimoine urbain ont été démolis au grand jour. Triste sort pour ce bout de mémoire collective arraché au vu et au su de tous.
Suite à cet acte inadmissible, l’association Casamémoire a exprimé, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, son mécontentement et sa profonde déception après avoir détruit l’hôtel Miramar et le Casino, véritables joyaux du patrimoine urbain de la ville de Mohammedia et du grand Casablanca, selon l’association.
« C’est dans une indifférence générale de l’ensemble des acteurs et avec une affliction profonde des membres de Casamémoire et de tous ceux qui militent pour la sauvegarde du patrimoine national, que nous avons appris la démolition du Casino et de l’hôtel Miramar à Mohammedia », explique la même source.
Par ailleurs, il semble que les appels pour sauver et sauvegarder ces deux bâtiments tombent à chaque fois dans l’oreille d’un sourd.
«Nous avons été d’autant plus interpellés par cette démolition que les deux bâtiments, figurant sur la liste d’inventaire réalisé par l’agence urbaine dans le cadre de l’élaboration du plan de sauvegarde et de valorisation du patrimoine architectural du grand Casablanca, avaient fait l’objet d’alertes récurrentes auprès des autorités compétentes pour les sensibiliser de l’intérêt architectural majeur ayant justifié le dépôt d’une demande d’inscription à la liste du patrimoine national auprès du ministère de la Culture en 2014 », précise Casamémoire, présidée par Rabéa Ridaoui.
Deux chefs-d’œuvre symboles de la modernité marocaine
Les bâtiments ne sont pas uniquement des murs de béton. C’est aussi des lieux qui ont une mémoire, une âme, une histoire partagée. L’hôtel Miramar et le Casino faisaient partie de l’identité de la ville, de son cachet architectural singulier.
Pour la petite histoire, peut-on lire dans le communiqué de l’association, ces deux bâtiments qui font partie d’un ensemble urbain et paysager exceptionnel du centre-ville de Mohammedia et symbolisent son identité balnéaire, ont été construits initialement en 1929 pour l’hôtel Miramar et en 1933 pour le Casino. Par la suite, les deux bâtiments ont connu un agrandissement et une extension, dans une écriture moderne aux lignes simples et épurées, réalisées par l’architecte Albert Planque, auteur de nombreux chefs-d’œuvre à Mohammedia.
En plus de leurs qualités architecturales uniques en tant qu’héritage de la modernité marocaine, ajoute Rabéa Ridaoui, présidente de Casamémoire, le casino de Mohammedia et l’hôtel Miramar constituent un patrimoine immatériel de la ville. « Les deux bâtiments ont été d’authentiques joyaux du tourisme national, en accueillant en leur sein, de nombreuses manifestations artistiques et ont vu se produire des grandes célébrités nationales et internationales », a-t-elle rappelé.
L’hémorragie des destructions des bâtiments architecturaux continue. Plusieurs joyaux emblématiques, tels que la Villa Mauvillier ont retrouvés le même sort.
«Casamémoire attire l’attention de l’opinion publique, de la société civile, et alerte une nouvelle fois les autorités locales, les élus, et les responsables de la culture et de l’urbanisme sur les dégâts irréparables subits par le patrimoine architectural et la mémoire de la ville de Mohammedia suite à ces démolitions en flagrant mépris des efforts consentis pour la préservation du patrimoine national », a alerté l’association basée sur Casablanca.