Sur le vif

Mohamed Nait Youssef

Les verves et plumes poétiques du monde célèbrent, le 21 mars de chaque année, la  Journée mondiale de la poésie, proclamée par la Conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, lors de sa 30e session, à Paris. Cet événement poétique d’envergure est un temps fort pour rendre hommage à la vie, à la beauté et à la parole sincère et au verbe puissant par le biais de l’écriture poétique. A-t-on besoin toujours de la poésie ? Les mots servent-ils à quelque chose ? Quelles sont aujourd’hui les  tâches des poètes ? L’écriture peut-elle sauver des peaux et des vies ?

En effet, en ces temps où le monde traverse des épreuves difficiles et cruciales, la poésie est toujours là pour apaiser les esprits et rassurer les âmes. Et les poètes continuent ainsi de jouer leurs rôles de repenser et ressaisir le sens du monde, de chercher les mots justes et profonds pour extérioriser les non-dits et dénoncer les injustes. Incontestablement, seule la poésie rend cette terre habitable. Or, le langage et la parole poétiques sont la demeure de l’être. Un  abri pour s’échapper de la cruauté du monde ici-bas. Et puis écrire un vers, choisir les images poétiques est une aventure…

« Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym…

Et tout le reste est littérature. », écrivait le poète Paul Verlaine (1844-1896) dans son fameux poème, Art poétique.

Dans chaque poème se déploie les grands thèmes non seulement d’une création, mais aussi des procurations de l’homme des temps actuels. Car, le poète est le témoigne de son siècle, de son temps. «Le poète est maître de rapprocher ses routes sur le damier du temps. Ou de se suivre sur de plus longs silences», écrit Georges Blin.

L’écriture est certes un besoin vital, mais aussi un acte révélateur majeur où se manifeste l’essence humaine.

René Char écrivait dans son poème célèbre «Présence» :

« Tu es pressé d’écrire

comme si tu étais en retard sur la vie

s’il en est ainsi fais cortège à tes sources

hâte-toi

hâte-toi de transmettre

ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance

effectivement tu es en retard sur la vie

la vie inexprimable

la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir

celle qui t’es refusée chaque jour par les êtres et par les choses »

La poésie en sa journée mondiale nous rappelle les valeurs humaines ; celles de la beauté, de la tolérance, du vivre en commun, du partage, de la générosité, de l’hospitalité et de l’ouverture sur le monde et les autres.