La Chine menace de recourir à la force
« Un mauvais signal »: la Chine s’est dite jeudi « fermement opposée » au lancement la veille de discussions commerciales entre les Etats-Unis et l’île de Taïwan, que Pékin considère comme partie intégrante de son territoire.
La Chine estime que Taïwan, peuplée de 24 millions d’habitants, est une de ses provinces historiques, même si elle ne contrôle pas le territoire insulaire de 24 millions d’habitants.
L’île dispose d’un gouvernement, d’une monnaie et d’une armée propres mais n’a jamais proclamé d’indépendance formelle.
La Chine, qui menace de recourir à la force si tel était le cas, s’oppose à tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays.
Au grand dam de Pékin, les Etats-Unis et Taïwan ont pourtant lancé mercredi des discussions commerciales officielles.
La démarche intervient après l’incursion lundi de 30 avions militaires chinois dans la zone d’identification de défense aérienne (« Adiz », en anglais) de Taïwan, la plus importante opération de ce genre depuis le début de l’année.
Ces discussions commerciales sont également lancées peu après l’annonce d’un nouveau partenariat économique en Asie-Pacifique, divulgué le 23 mai par le président américain Joe Biden lors d’une tournée en Asie.
Washington et Taipei avaient indiqué la semaine dernière qu’ils souhaitaient renforcer leurs relations commerciales.
Mais ces discussions ne sont pas du goût des autorités chinoises.
« La Chine est fermement opposée » à ces discussions commerciales, a réagi jeudi Gao Feng, le porte-parole du ministère du Commerce, appelant les Etats-Unis à « ne pas envoyer un mauvais signal aux séparatistes » partisans d’une indépendance de l’île.
« La Chine s’oppose à toute forme d’échange officiel entre un quelconque pays et la région chinoise de Taïwan, y compris à toute négociation et signature d’un accord économique et commercial à connotation souveraine et à caractère officiel. »
La représentante adjointe au Commerce des Etats-Unis, Sarah Bianchi, et le ministre taïwanais John Deng se sont rencontrés « virtuellement » mercredi, selon un communiqué de l’ambassadrice américaine au Commerce (USTR).
M. Deng a déclaré que les discussions allaient « ouvrir davantage de possibilités de coopération économique ».
« Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une percée historique », a-t-il ajouté jeudi, lors d’une conférence de presse à Taipei.
Une première réunion doit se tenir « plus tard ce mois-ci à Washington sous les auspices de Tecro », le Bureau de représentation économique et culturelle de Taipei aux Etats-Unis et de l’Institut américain à Taïwan (AIT).
Tecro représente les intérêts de Taïwan aux Etats-Unis en l’absence de relations diplomatiques formelles, fonctionnant comme une ambassade de facto.
Les Etats-Unis, comme l’immense majorité des pays au monde, ne reconnaissent pas officiellement Taïwan.
Mais ils soutiennent fortement l’île dont ils mettent en avant le statut « démocratique » et Washington est le plus important partenaire et fournisseur d’armes de Taipei.
Les Etats-Unis et Taïwan sont liés depuis 1994 par « un cadre » pour le commerce et les investissements.
Taipei a également rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2002, ce qui a contribué à la croissance du commerce bilatéral.
La prochaine étape de la relation économique serait ainsi un accord commercial formel qui, pour l’heure, se fait attendre dans un contexte politique complexe.
Depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, Taïwan est dirigé par un régime rival de celui, communiste, basé à Pékin et qui gouverne la Chine continentale.
Dans la continuité des gouvernements chinois successifs, le président Xi Jinping entend « réunifier » Taïwan à « la mère patrie » et n’exclut pas un recours à la force pour y parvenir.