Cinquantenaire de la création des journaux Al Bayane novembre 1972-novembre 2022
Comme chaque mercredi et en prévision de la célébration du Cinquantenaire de l’édition des journaux Al Bayane, en novembre 1972, nous consacrons cette page de nostalgie à feu Abdelmajid Douieb, ancien dirigeant du parti, qui a grandement contribué à l’épanouissement de la presse de notre parti. Ses écrits sont nombreux, en tant que leader politique, syndical et pédagogue talentueux.
Un grand leader politique, syndical et pédagogue
Mohamed Khalil
Abdelmajid Douieb, ancien membre du bureau politique du PPS et syndicaliste chevronné, fait partie de la génération communiste de l’indépendance. Il avait adhéré au Parti communiste – interdit depuis 1959 – au début des années soixante du siècle dernier, dont il intègrera le comité central au III ème congrès de 1966. Outre la « triplette » historique dirigeante du PCM, le défunt a côtoyé une nouvelle génération de militants aussi dévoués que leurs ainés : Aziz Belal, Chouaib Riffi, Abdelhadi Messouak, Simon Lévy, Ismaïl Alaoui, Mohamed Moucharil, Thami Khyari, Mohamed Ben Bella et d’aitres.
Il avait été élu en tant que membre du Bureau politique au premier congrès national du PPS, en février 1975.
Avec Si Mohamed Moucharik – cheminot – et feu Ahmed Gharbaoui – enseignant universitaire- , il était l’une des chevilles ouvrières intellectuelles du parti, en tant cadre de l’Education nationale…
Cette stature lui procura de nombreux amis et camarades au sein de la classe politique et du mouvement syndical.
Abdelmadjid Douieb est une figure historique du parti. Avec son triste départ, c’est tout un pan de l’histoire du mouvement ouvrier et syndical qui est tourné. Homme multidimensionnel, militant actif, Abdelmajid Douieb s’est donné avec abnégation, générosité, loyauté à la cause du peuple travailleur. Cause qu’il a embrassée très jeune et qu’il a défendue sur tous les fronts. Sur le plan politique, il a rejoint le parti communiste marocain très tôt dans les dures conditions de la clandestinité et sous différentes variantes de la répression.
Il avait mis tout son savoir et ses connaissances, mais presque tout son temps, au service de la classe ouvrière, à laquelle il a voué son dévouement à vie.
Il avait abandonné la centrale syndicale à qui il avait donné sans compter pour se consacrer aux Commissions ouvrières marocaines (COM) qu’il avait enfantées et chéries, en s’inspirant du leader syndicaliste Camacho et de nos voisins espagnols, jusqu’à la fin de ses jours.
Je garde de cet homme sa totale disponibilité à la cause prolétarienne et partisane, un militant inconditionnel du progrès mais surtout de la démocratie, notamment syndicale qui l’a tué jusqu’au bout.
Je me rappelle de cette générosité militante débordante qu’il incarnait, de son abnégation au parti et à la classe ouvrière qu’il a tant défendue. Ce qui lui avait valu estime et haute considération au sein du mouvement syndical marocain et au sein du microcosme politique.
Durant plus d’un demi siècle de luttes, il avait été de tous les combats du PCM, du PLS et du PPS, faisant preuve d’un enthousiasme militant sans pareil, d’un engagement sincère pour un Maroc libre, démocratique et prospère.
L’histoire aura retenu en mémoire que « Majid » – comme l’appelait Si Ali – a fait partie, en tant que dirigeant du parti, à l’historique Marche Verte du 6 novembre 1975 qui alla libérer nos provinces sahariennes du joug colonial. Les rues et certains lieux de Tarfaya le gardent en mémoire également, en tant qu’orateur patenté.
Et puisque nous célébrons le Cinquantenaire de la création des journaux Al Bayane, il faudra reconnaître au défunt sa contribution, bénévole et généreuse, à la confection de la presse du parti. Du mois, dans les années 1980, il avait occupera le poste de responsable d’Al Bayane en arabe, en tant que rédacteur en chef, malgré l’inexistence de ce titre à l’époque… Ce faisant, il traduisait, quotidiennement, durant sa mission au journal, l’éditorial que le directeur feu Ali Yata rédigeait en langue française.
Militant politique, dirigeant syndical, homme des médias, et pédagogue reconnu, y compris par ses adversaires politiques.
Il avait édité, depuis le nouveau millénaire, une revue spécialisée bilingue « Questions pédagogiques » où il exposait la vision du parti sur la réforme du système éducatif, encore en débat aujourd’hui et depuis la décennie 1980-90…
Enfin, le défunt était reconnu de ses anciens étudiants et collègues enseignants comme un pédagogue hors pair, notamment das le lycée Hassan II (actuel lycée Fatima Zahra) et au lycée Moulay Abdallah, où il a laissé des traces affectives indélébiles de grand pédagogue rigoureux.
Pour toute une génération de militantes et de militants, il fut un bel exemple d’abnégation et d’engagement sincère.
La maison de Douieb, un logement de fonction à l’Ecole des cadres d’Aïn Sbaâ à Casablanca, était ouverte aux réunions du parti. Plus encore, l’on relèvera son courage et ses audaces quand il l’avait mise à la disposition du PCM pour réunir, clandestinement, son IIIème congrès en 1966, lui-même interdit depuis 1959…
C’est cette même maison qui avait abrité une cérémonie organisée par le bureau politique du PPS, à la clôture du Xème anniversaire des journaux Al Bayane en 1983…
Abdelmajid Douieb, à l’instar des dirigeants historiques du parti et de nombreux camarades, a payé son tribu de contraintes, d’emprisonnement et de torture… sans fléchir et sans capituler.
Il restera fidèle à lui-même et au parti qui lui a donné naissance, jusqu’au bout.
Qu’il repose en paix !