Hommage posthume au feu Taoufik Smida
Saoudi El Amalki
Le geste hautement paternaliste du Wali de la région Souss Massa n’est pas passé inaperçu, en ces moments pathétiques d’hommage au feu Taoufik Smida. En fait, sa visite poignante, sans nul souci protocolaire, de la prestigieuse esplanade du « Prince Héritier » où se dresse une monumentale exposition à la mémoire du regretté, dénote d’un profond sens solidaire. En compagnie d’une pléiade d’acteurs de la société civile, le visiteur de marque découvrit chemin faisant, le somptueux chef-d’œuvre, ardemment monté en ce quarantième jour de la disparition du défunt. Cet ouvrage de haute charge émotive, renferme des témoignages à flot, d’un cénacle d’intellectuels et créateurs de la ville, savamment ornés par les géantes posters du décédé. D’émouvantes oraisons se fraient des places de choix dans cet immense étalage de compassion et de reconnaissance, aux sons de violons funestes qui rappellent le fameux quatrain du poète et écrivain français du dix-neuvième siècle, Paul Verlaine, intitulé « Chanson d’automne » :
Les sanglots longs
Du violon
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone
Tout suffocant
Et blême quand
Sonne l’heure
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte !
En dépit de l’atmosphère sépulcrale de cette action de commisération qui taraude la flopée de militants ayant côtoyé leur compagnon de route, la splendeur sinistre du lieu, transmué en prairie de muguets et de coquelicots, a l’air d’injecter des sèves d’engagement, empreint d’élan de solidarité et d’humanisme, à travers cette ébauche chevaleresque. En parallèle, se déclenche une opération notoire de dons de sangs aux multiples centres de transfusion où les donneurs déferlent intensément, en guise d’offrande symbolique aux nécessiteux de ces gouttes sanguines. C’est dire combien le Bien est prêt à supplanter le Mal, par le biais de ce genre d’initiatives de bénévolat, chapeautées par la gente citoyenne mais également par les signes de soutien, comme l’a si bien exprimé le Wali de la région. Cette communion civique avait, du vivant de Taoufik Smida, permis la mise en avant de nombre d’actions au service de la cité et des citoyens, avec une abnégation hors du commun. Aujourd’hui, la perte de l’un de ses vaillants combattants, a profondément ébranlé cette mutualité sociétale entre paires qui s’ingénient d’éterniser les liens de cette force médiane agissante, au même moment où la ville s’engage dans un long processus de réédification salutaire. Une belle manière de raccorder les passerelles où l’institutionnel, sous ses différentes formes et la société civile, toutes tendances réunies, s’attellent à fonder la cohérence constructive et, partant, couper l’herbe sous les pieds des fossoyeurs de la démocratie et du développement