Du zellige pour raconter l’Histoire d’une nation !

Amine Asselman transforme un fragment, un détail… en une mosaïque de sens 

Mohamed Nait Youssef

Comment peut-on traduire une musique, une composition sonore à un tableau, à une œuvre d’art ? Comment peut-on transformer un fragment, un détail… à un tissu de signes et à une mosaïque de sens ?

Pour ce faire, il fallait peut être une oreille intelligente, une verve sensible, mais aussi une touche fine et minutieuse. Les œuvres de Amine Asselman, artiste multidisciplinaire, présentées jeudi 19 janvier à l’espace Rivages au siège de la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Etranger, en apportent des éléments de réponse à ces questions.

En effet, l’artiste a donné au zellige une forme artistique portant sa touche et sa signature d’artiste. C’est à travers ses compositions géométriques que ce dernier a exploré de nouveaux champs de recherche, mais aussi de création.  Tout est né ainsi : d’une musique. En effet, l’artiste a pu inventer son «Musaic» ; un langage transformant une structure musicale en mosaïques géométriques.

«En cherchant, je me suis dit que le zellige est une sorte de Puzzle. Par la suite,  je me suis amusé à le transformer, à le déformer et surtout à créer de nouvelles formes géométriques. Bref, après une méthode, je suis arrivé à traduire une musique en mosaïque.», a-t-il affirmé dans une déclaration à Al Bayane.  

Ainsi, le point de départ de son œuvre sera donc, écrivait Philippe Guiguet Bologne dans le texte accompagnant le catalogue, l’onde sonore, une image de la fréquence, avant de s’articuler au travers de gammes chromatiques.

 «Amine Asselman prend un segment tel que formé par une fréquence sonore ; il soumet ce motif à la méthode Douat ; décline à l’infini le motif, encastrant les figures identiques ou modulées, selon un ordre aléatoire dépendant des rythmes d’une mélodie choisie. Chaque motif n’existe que par rapport aux autres, à la fois dans son être-là de carreau de céramique, mais encore dans sa déclinabilité de son potentiel dans l’œuvre entière. », a-t-il ajouté.

Pour l’artiste, le zellige est à la fois un jeu géométrique, mais aussi un élément important ayant un rapport avec son identité, son territoire et son histoire.   C’est aussi une forme artistique construisant les passerelles entre d’autres cultures. D’où en effet son intérêt si particulier de l’influence du zellige dans la création contemporaine entre l’Espagne et le Maroc.

«Avec ces pièces, surtout avec les partitions musicales que j’ai traduites en zellige, j’essaie de raconter les moments clés de notre Histoire. Surtout entre le Maroc et l’Espagne, parce ce que c’est dans cette connexion que le zellige s’est développé. Par ailleurs, le Maroc conserve cette tradition et la développe. C’est une recherche dans ma propre identité.», a-t-il révélé.

Entre l’art et le design, le zellige est au cœur de l’œuvre et de la démarche artistique de Amine Asselman. A vrai dire, c’est cette infinité de figures géométriques, de compositions, de signes qui donnent à son travail sa singularité et son originalité.

«Une œuvre demande beaucoup de temps, de recherche et de traçage. Après vient la production, soit sous forme d’un dessin ou d’une céramique. En fait, cette patience que j’obtiens avec l’argile et avec le zellige qui m’aide à développer d’autres choses en parallèle.», a-t-il fait savoir. Les œuvres de l’artistes seront visibles au public jusqu’au 18 février 2023 à l’Espace Rivages.

Amine Asselman est docteur en création et recherche en art contemporain de la Faculté des Beaux arts de Pontevedra. Il vit et travaille à Pontevedra en Espagne.

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