« Les Palettes de Salé »
Mohamed Nait Youssef
“Le talent, c’est le relief donné à la platitude.”, écrivait Jean Cocteau.
Né en 1965 à Meknès, Arzima Abdelhak est l’un des maîtres de l’art figuratif au Maroc. En effet, ses portraits mis en relief révèlent d’une maîtrise picturale à la fois puissante et expressive. Tel un virtuose, l’artiste peintre manie son pinceau et ses matières pour donner à voir des scènes de vie, de la fantaisie et des portraits coupant les souffles. Dans l’atelier Bleu, il nous a reçu dans son univers coloré et lumineux.
«Le figuratif est la seule manière avec laquelle l’artiste pourrait s’exprimer, voire résumer tout l’esprit d’une société. À vrai dire, la base, c’est le figuratif qui dévoile le génie de l’artiste.», a-t-il affirmé. Ainsi, ‘’ c’est en forgeant qu’on devient forgeron.’’
Les longs séjours de l’artiste en Espagne, Bruxelles, Tétouan, Casablanca, où il avait côtoyé les grandes signatures de la peinture, ont développé sa pratique artistique. Selon lui, la maîtrise des règles et bases de chaque école artistique est très important dans la démarche de chaque artiste peintre.
Arzima Abdelhak a des thèmes de prédilection comme le paysage, le portrait, la fantaisie mettant en valeur le patrimoine culturel marocain. C’est ce qui fait d’ailleurs l’originalité et la particularité de son art.
«L’artiste s’inspire de son environnement. Au début, j’ai travaillé sur de nombreux sujets relatifs à la culture marocaine : les ruelles, les gens dans les souks, des scènes de vie, la fantaisie, entre autres…», a-t-il révélé. Et d’ajouter : «on ne peut pas tout peindre ! Or, il faudrait choisir un sujet et surtout une technique assez particulière pour ce faire.»
Arzima Abdelhak excelle dans le portrait. C’est un choix esthétique qu’il a fait de manière consentante.
«Je me suis concentré sur le portrait en peignant les visages des marocains. J’ai continué cette lancée pendant plusieurs années.», poursuit-il. En Espagne, à Valence, dit-il, il a intégré une association d’artistes aux palettes abstraites, mais il est resté toujours fidèle au portrait ; sa première passion.
«J’ai changé de support sur lequel je travaillais. Par ailleurs, je préfère travailler sur une toile lisse, mais j’essaie plutôt de faire sortir de la matière pour que je puisse intégrer cette association.», a-t-il indiqué. Ainsi, l’une des particularités de la peinture de l’artiste, ce sont les reliefs et les lumières.
«Dans le portrait, je travaille avec une palette limitée parce que ce qui m’intéresse, ce sont les reliefs qui donnent à la toile sa force et sa spécificité. Il y a des fois où je travaille sur deux couleurs uniquement, car ce qui est important pour moi, c’est la lumière, le relief…», a-t-il révélé.
Chaque format a une particularité. L’artiste travaille sur trois formats : le petit, le moyen et le grand… cela dépend de la matière. «D’abord, je prépare la matière que je mets sur la toile. Après, je me lance dans le travail pictural. J’aime bien que la toile soit touchée et sentie par le public. Ce relief y est pour quelque chose.», a-t-il expliqué.
La préparation de la toile est un rituel particulier de chaque artiste. C’est une étape importante.
«La préparation de la toile prend beaucoup de temps. Mais, je trouve toujours un plaisir de la préparer avec mes propres mains, à la manière traditionnelle..», a-t-il fait savoir.
Aux côtés de la peinture, Arzima Abdelhak est restaurateur des œuvres. C’est en Espagne où il a effectué un stage de restauration de tableaux. «J’ai travaillé avec une société spécialisée dans la restauration des œuvres anciennes.»
Berceau des cultures et des arts, la ville de Salé est une véritable muse et un lieu de rencontre, d’échange.
«Je me suis installé à Salé depuis en 1981. C’est une ville populaire, une cité connue par son hospitalité, son originalité, son histoire et sa culture. Les murs, les portes, les remparts, la vallée de Bouregreg qui peuvent inspirer un peintre. Je peignais des sujets en rapport à Salé, à son patrimoine et à ses traditions ancestrales.», conclut-il.