A la recherche d’un tourisme équitable

Saoudi El Amalki

Notre pays qui fait du tourisme l’un des fondements majeurs de son économie nationale, compte recevoir plus de 60 millions de touristes à l’horizon 2030. Une belle performance qui nécessite d’ici là, une envolée monumentale si l’on sait que dans sept ans, ce chiffre serait atteint, tout en sachant qu’aujourd’hui, on n’en qu’à une douzaine de millions de visiteurs. Il est vrai que quasiment, la totalité des stratégies nationales publiques destinées à la propulsion du secteur furent vouées à l’échec, tel que le Plan Azur ou encore les Visions Décennales. Que de gâchis et de déperditions de temps et de fonds, à plus d’un titre ! Un beau pays comme le nôtre au splendide balnéaire le long de pas moins de 3500 km de littoral et aux pittoresques sites culturel et impérial, auraient érigé nos destinations au summum si les gouvernances avaient été au beau fixe, des décennies durant et les intentions n’avaient pas été perfides et insidieuses…Bon alors, passons et soyons plutôt optimistes en l’avenir, quoique on n’ait plus confiance, après des années de déficience dans un domaine, transmué en maillon faible de la chaîne économique du royaume. On a hâte d’embrasser un nouveau dessein pour notre tourisme défaillant et de voir s’enterrer à jamais ses déceptions, pour un bien meilleur sort, tout en mettant les compétences qu’il faut dans les centres de décision du secteur. Antonio Gramsci, le marxiste italien, connu pour son concept d’«intellectuel organique», pondait une citation qui conviendrait, peut-être à la situation que le pays est en train de traverser : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres». Maintenant encore, on met en place un programme pour le moins qu’on puisse dire, ambitieux voire présomptueux, juste au lendemain de la crise virale qui a frappé le monde et l’acculé à l’inertie forcée, pour anéantir un secteur en état chronique de vulnérabilité, car il a toujours suffi qu’une bombe terroriste éclate quelque part, pour que le pays respectif n’en soit systématiquement mis en péril. On espère à présent, tel que précédemment indiqué, parvenir à accueillir 60 millions de visiteurs, en procédant à une ribambelle de mesures dont celle de l’extension des infrastructures aéroportuaires. Ce labeur consiste en fait, à élargir mais aussi aménager les stations aériennes et partant, relever leur volume capacitaire. Pour ce qui est d’Agadir, à titre indicatif, première station balnéaire du royaume, du moins c’est ce qu’on est habitué à baptiser depuis longtemps que ce joyau existait, au grand bonheur des scandinaves, des germaniques et bien d’autres, on a projeté, une fois que les travaux effectués, l’accueil de 4,4 millions de touristes par an pour un montant qui m’excèderait dit-on, 2,5 milliards de centimes. Comparativement à l’aéroport de Marrakech Ménara, la coquette somme réservée est à hauteur de 85 milliards de centimes (sic), pour un taux de visite qui s’élève à 12 millions de touristes. La différence est criarde qui traduit bien l’« impertinence » d’appréciation dont fut toujours victime le traditionnel produit balnéaire de qualité qu’incarne la destination Agadir, aussi bien au plan de l’aérien que de promotion et de l’investissement public (resic). On n’est pas ici à envier les «largesses» dont bénéficie la cité ocre, non loin de là, puisqu’elle est également une ville marocaine, digne d’intérêt le plus total, tout en sachant que c’est bel et bien, pour l’histoire, Agadir qui a fait Marrakech. Mais, s’il y a une destination qui mérite beaucoup plus d’intérêt dans tous les domaines c’est bien la capitale du Souss pour sa position de carrefour central entre le nord et le sud du royaume, son relai focal avec les provinces récupérées et son rôle décisif de proximité de l’Afrique subsaharienne sans parler des compétences de professionnels chevronnés dont regorge la région, qui ont constamment honoré le secteur aussi bien les défunts que les vivants !

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