Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
S’il y a, parfois, dans les conflits, celles que l’on qualifie de « victimes collatérales » dès lors que bien qu’elles n’étaient pas directement visées, elles en ont fait les frais, dans l’affrontement meurtrier auquel se livrent, depuis samedi, les forces israéliennes et les combattants du Hamas, dans la bande de Gaza, cette distinction a été décernée aux thaïlandais car, avec 20 morts, 13 blessés et 14 qui, à ce jour, sont encore supposés avoir été enlevés, la communauté thaïlandaise a payé le plus lourd tribut. En comptant 14 morts (majoritairement binationaux) les Etats-Unis viennent au second rang.
Ce lourd bilan s’explique par le grand nombre des thaïlandais qui travaillent dans les fermes et les kibboutz israéliens ; à savoir près de 5.000 autour de la bande de Gaza, dans leur grande majorité, des hommes originaires de l’Isan, au nord-est de la Thaïlande, la région la plus pauvre du royaume.
Les victimes thaïlandaises tombées ce samedi lors de l’assaut lancé par les combattants du Hamas, travaillaient, pour la plupart, dans le kibboutz Alumim et dans certaines fermes longeant la frontière avec la bande de Gaza.
Cette forte représentation des thaïlandais dans le lot des victimes étrangères s’explique par le fait que leur communauté, forte de 25.000 à 30.000 personnes, constitue une main-d’œuvre étrangère « peu chère » recrutée, pour une durée maximale de cinq ans et trois mois, par les propriétaires des fermes situées à proximité des villes du sud-ouest d’Israël, dans le cadre du programme de coopération qui avait été signé, en 2012, par les gouvernements de Tel Aviv et de Bangkok ; un programme qui permet à Israël de disposer d’une main-d’œuvre agricole « bon marché » percevant un salaire beaucoup plus élevé que celui qu’elle avait coutume de toucher dans son pays d’origine.
Il ressort de certains articles publiés par la presse thaïe que des représentants de l’ambassade de Thaïlande à Tel Aviv ont rendu visite aux familles des otages après que le Hamas ait publié les photos des intéressés pour permettre à leurs proches de les reconnaître.
Ces derniers leur ayant demandé de leur venir en aide car les prisonniers du Hamas sont leurs seuls soutiens, l’ambassade de Thaïlande en Israël a mis, à la disposition de ses ressortissants, un formulaire leur permettant d’être rapatriés en cas de besoin.
D’après les premiers chiffres communiqués par le ministère des Affaires étrangères thaï, 5 205 travailleurs auraient demandé à rentrer en Thaïlande. Parmi ceux-ci 15 sont, dès jeudi montés à bord du premier vol de rapatriement en partance pour la Thaïlande alors que ceux qui ont fait le choix de rester ont simplement demandé à être déplacés vers des zones « plus sûres » puisque les salaires qu’ils perçoivent en Israël sont jusqu’à six fois supérieurs à ceux qu’ils touchaient en Thaïlande.
Mais, comme ils ne sont pas sans savoir que la contrepartie pourrait être très élevée du moment que la vie n’a pas de prix, combien d’entre eux vont rester en dépit des dangers encourus ?
Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI