Jubilaire

Par Mustapha Labraimi

En ce jour ordinaire où les atrocités de l’agression israélienne sur Gaza sont encore plus affreuses et où l’hypocrisie de l’Occident relève sa fausseté ;alors que la grève des enseignants continue et que sa durée oblige le Chef du gouvernement à s’exprimer sans pour autant provoquer le retour aux classes ;que le chômage bat des records dans le royaume ; que la récolte des agrumes est en baisse ; que les pluies sont encore attendues et que l’agriculture souffre ;que l’Oum er Rbia reste fermé à l’océan et que le sable de son estuaire est mis en vente au lieu de charger les plages attenantes devenues des grèves ; que la dette publique s’aggrave ;que la moudawana est en gestation ;que la présidente RNI du Conseil communal de Rabat est poussée vers la démission ; en ce jour avecdes morts que l’on enterre etdes naissances que l’on aime …etc.

Ce jour ordinaire, est aussi un anniversaire.

Qu’il soit le sien ou celui d’un événement auquel on est attaché, le jour d’anniversaire n’est pas comme les autres jours. Son aspect festif, attaché à l’enfance, devient de moins en moins prééminent avec le temps. Il devient le moment, aussi fugace soit-il, du « bilan » dans le sens que l’on réfléchit à ce qu’on est, aux étapes franchies, à l’âge que l’on a et à la prospective de ce qu’il reste à vivre.

Avec Noël pour certains, seule la naissance du prophète de l’Islam était fêtée par la communauté nationale, avant que l’anniversaire ne devienne un rituel familial en milieu urbain ; avec parfois, chez les gens d’en haut, des fastes qui dépassent l’entendement. L’extravagance dépensière se manifeste beaucoup plus en ce moment que lors de la déclaration des impôts chez ses gens qui ne comptent pas !

La rengaine, accompagnant le moment solennel pour souffler les bougies, s’est adaptée à la constitution par le rajout d’un « Asgass ambarki » aux autres strophes habituelles qui relèvent le caractère totalement importé de cette fête personnelle.

Des cadeaux qui traduisent l’attention portée à la personne aux vœux de bonheur exprimés, celui concernant « la bonne santé » rend plus allègre avec le temps qui passe et qui porte ses marques sur le corps et dans l’esprit.

Si « avec le temps, tout s’en va » pour tous, certains s’essayent à ce que le temps suspend son envol alors que d’autres griment « si jeunesse savait et si vieillesse pouvait » par l’ambition opposée de « vieillir jeune ».

Chez un senior, de l’idéal de jeunesse qu’en reste-t-il ?

C’est ainsi que du souvenir, la mémoire raconte l’histoire en s’appuyant sur les dates anniversaires, d’un évènement partagé, du centenaire d’une naissance ou d’une mort, d’une victoire ou d’un échec, d’une avancée ou d’un repli.

En ce mois de novembre, des « Trois glorieuses » ne reste que la fête de l’Indépendance ; libération acquise après des luttes menées contre le colonialisme par le mouvement national et grâce aux sacrifices des résistants. La liesse s’exprimait dans les échoppes et chaque ordre de métiers voulait que sa prestation soit la plus attirante et la plus enchantée. 68 ans après, le 18 novembre est un jour férié pendant lequel une grande partie de la population réfléchira à son pouvoir d’achat qui ne cesse de s’éroder. Les médias officiels se chargeront du rappel historique.

Auparavant, le 6 novembre a été dignement commémoré à travers le royaume. Cela fait 48 années que la Marche Verte a été entreprise pour libérer nos provinces du Sud saharien. Cela fait 48 années que le peuple marocain supporte les frais d’un voisinage oriental adverse et non conciliant, pour le moins que l’on puisse dire. La cause de notre intégrité territoriale est juste, elle vaincra toute adversité pour se réaliser pleinement et souverainement.

Entre le 6 et le 18, se situe le 15 novembre ; une date où de bonnes résolutions seront prises pour s’assurer de la bonne santé et du bonheur, sans cette « recherche du temps perdu » ; comme si la pensée s’était figée dans un passé sublimé « merveilleux ». Certes, à vouloir changer la société, on ne se rend pas toujours compte que c’est la société qui nous a changé, au moins dans une certaine mesure.L’adaptation aux contraintes du changement vécu induit la recherche de cet équilibre dynamique qui nous fait avancer dans un processus démocratique méandriforme, en gardant le cap. Ainsi en a-t-il toujours été dans cette école du patriotisme et du militantisme pour la liberté, l’égalité et la justice sociale ; une école, le Parti du Progrès et du Socialisme, dont on fête le quatre-vingtième anniversaire. 

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