Pratique du sport
Par Ahmed Abdelouahab Reddam
De plus en plus de Marocains s’adonnent régulièrement à une activité physique ou sportive, mais des progrès restent à faire pour une relation « saine et équilibrée » avec le sport en général. Ce constat a été dressé par des spécialistes et chercheurs qui font état d’une prise de conscience accrue de l’importance de la pratique du sport, ces dernières années, au sein de la société marocaine.
En effet, plus de la moitié des Marocains affirment pratiquer une activité sportive de manière régulière, un fait qui dévoile un accroissement de l’intérêt pour le sport, selon des données publiées par le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Ce chiffre qui demeure proche de la moyenne enregistrée dans des pays comme la France, où presque 70% des adultes disent faire du sport, est un indicateur d’un changement de la façon de percevoir cette pratique en tant que nécessité, et non comme un loisir superflu. Une telle évolution contraste avec la tendance à s’intéresser au sport sous l’influence d’un événement déterminé, à l’instar d’une prouesse réalisée par un athlète ou une équipe nationale, relève l’ancien directeur technique de la Fédération Royale marocaine d’athlétisme, Aziz Daouda. Présentant un aperçu historique sur la relation des Marocains avec le sport, M. Daouda a fait observer que traditionnellement, la culture populaire marocaine n’a pas fait le lien entre le sport et le bien-être. « Ce n’est que grâce aux exploits des athlètes nationaux à partir des années soixante du 20ème siècle que les Marocains ont découvert le sport et ont commencé à le pratiquer de manière régulière », a-t-il expliqué.
Les performances internationales des sportifs nationaux ont renforcé la tendance des Marocains à être actifs physiquement, a poursuivi M. Daouda qui a mis l’accent sur le rôle de la vulgarisation grandissante au sein de la société marocaine de la culture de pratique de sport et ses bienfaits en termes de bien-être et d’amélioration des conditions de vie et de santé. Assurant qu’un intérêt accru pour la pratique sportive a été remarquée ces derniers temps chez une vaste catégorie de Marocains, notamment les jeunes et les personnes âgées, le docteur spécialiste en cardiologie, El Mehdi Hafidi, a pour sa part souligné que du point de vue médical, cet état de fait contribue à une meilleure stabilisation des maladies, notamment les pathologies relatives à l’hypertension artérielle et à l’amélioration des paramètres biologiques chez les diabétiques. Il a, dans ce contexte, énuméré les bienfaits de l’activité physique sur le système cardiovasculaire, relevant une corrélation étroite entre la pratique du sport et la baisse du risque d’incidents cardiovasculaires de 20 à 30%. Sur le plan mental et psychique, les personnes actives sont moins exposées au stress, à l’anxiété et à la dépression, a précisé Dr. Hafidi, notant que les études révèlent que la pratique du sport a un effet antidépresseur et améliore la qualité du sommeil. Ce cardiologue recommande une pratique modérée et régulière du sport de 150 minutes par semaine sur 5 jours, ou 75 minutes d’exercices intenses sur trois jours, afin d’améliorer la qualité de vie et l’état général de santé et prévenir de possibles pathologies, liées notamment au système cardiovasculaire. Pour le professeur chercheur à l’Institut universitaire des études africaines, euro-méditerranéennes et ibéro-américaines et à l’Université Mohammed V de Rabat, Abdelfettah Ezzine, « le sport n’est pas encore perçu en tant que fait social total, en dépit de son importance dans la croissance économique et son rôle dans la diminution des dépenses publiques en matière de santé, en plus de son impact positif sur le bien-être individuel ». Il a estimé, dans ce sens, que la bonne gestion et la structuration avisée du secteur sportif sont à même de favoriser l’émergence d’un soft power dans certains pays et de contribuer à la cohésion sociale, appelant à encourager la pratique du sport parmi les générations montantes, plus particulièrement dans les établissements scolaires et universitaires, véritable pépinière pour l’éclosion des talents.