À la Fondation du Roi Abdul-Aziz
Mohamed Nait Youssef
Une grande voix de la voix de la poésie nous a quittés, mercredi 13 décembre à l’âge de 78 ans des suites d’une longue maladie. Il s’agit bel et bien du poète et romancier, Mohamed Loakira. Homme de lettres et grand amoureux des mots, des poésies et des littératures, il a laissé derrière lui une œuvre riche, profonde, authentique, sobre, d’une grandeur poétique singulière, partagée entre poésie, roman et prose.
Pour rendre hommage à cette grande figure de proue de la scène culturelle nationale, un hommage sera lui rendu jeudi 22 février à la Fondation du Roi Abdul-Aziz, à Casablanca. Placé sous le thème «Vies du poète», ce moment fort sera marqué par des témoignages et des éclairages sur l’œuvre et le parcours du feu Loakira ayant signé plusieurs recueils, textes et romans «L’inavouable», «L’œil ébréché», «Semblable à la soif», «Grain de nul désert» ou encore «Et Se Voile Le Printemps», entre autres. Il a ouvert les yeux en 1945 à la ville ocre, le poète a développé, depuis son jeune âge, une passion pour l’écriture, la peinture et le théâtre. Sur le terrain, il s’est engagé pour le développement de la pratique culturelle en s’engageant dans des organisations culturelles telles que l’Union des Écrivains et la Maison de la Poésie. Par ailleurs, une belle brochette d’intervenants à savoir Mohamed-Sghir JANJAR, Marc GONTARD, Hassan WAHBI, Rachid KHALESS, Bouchta EL HAYANI, Abdellah BOUNfOUR mettront la lumière sur les vies d’un poète à la fois singulier et prolifique.
Un poète en quête poétique et ontologique
«Lorsqu’un poète estimable disparaît, c’est aussi, en dehors de l’absence, pour que nous apprenions à l’aimer, à le revoir autrement ; de renouer des alliances avec ses images, ses métaphores, ses solitudes, sa passion d’incarner obstinément son double littéraire ; de le reprendre dans la généalogie poétique partagée ou à partager», témoigne Hassan Wahbi , professeur de littérature française, poète et essayiste. Par ailleurs, Marc Gontard, universitaire français, essayiste, romancier et spécialiste des littératures francophones, évoquera son amitié avec le poète «Loakira, une amitié entre deux rives», mais aussi sa poétique notamment dans le recueil «Partance» dont elle a consacré la préface.
Rachid Khaless, professeur de littérature française, poète et traducteur abordera ce ‘’corps-à-corps avec le poème’’ en s’articulant sur la quête ontologique et la recherche poétique du poète. «Loakira, poète discret et pudique, est sans doute celui qui a le plus exhibé son corps dans son œuvre. Il en épelle les faiblesses et les moments d’espoir. Comment dire le corps vécu et représenté dans le corpus poétique et quelle en est la finalité ? De la fragmentation à la plénitude : telle paraît être l’ambition du poète – voire de la poésie.», a-t-il révélé.
L’écriture, un besoin vital
Abdellah Bounfour, professeur émérite des Universités, spécialiste des littératures du Maghreb, abordera quant à lui le rapport du poète à l’écriture.
«Je tenterai de montrer que l’écriture était pour lui non seulement nécessaire mais vitale. C’est pourquoi l’on peut dire que chaque publication témoigne d’une naissance renouvelée jusqu’à la prochaine. Ne jamais cesser d’écrire équivaut, d’une certaine manière, à ne jamais cesser de vivre. », a-t-il affirmé.
L’artiste peintre et grand ami du feu Loakira, Bouchta El Hayani ne manquera pas ce moment fort. Il y apportera son témoignage sur cette figure emblématique de l’écriture et de la poésie.