Saoudi El Amalki
Il ne fait de doute que la sécheresse actuelle est la plus périlleuse de toutes celles qui ont sévi depuis des décennies voire des siècles. Le Maroc a connu durant son parcours climatologique, une kyrielle de périodes sèches aussi atroces les unes que les autres. Mais, celle qui s’abat à présent sur le pays, est en passe de dévaster le patrimoine paysage forestier et végétal, à des dimensions si cynique qu’il tend à disparaître de manière fort irréversible. La nappe phréatique accuse un coup fatal, depuis l’épuisement atteint des proportions irrémédiables, du moins dans plusieurs décades. Les barrages réduits à néant, ne semblent plus en mesure d’assurer des retenues d’eaux fluviales à longueur d’année, par pénuries de pluviométrie. La majeure partie de fleuves, naguère abondante à souhait, s’amenuise ou tarit cruellement, cas de Oum Erbia ou Drâa. En conséquence, nombre de types d’arboricoles qui faisaient la fierté du pays en matière de vergers et de bosquets, s’étiolent à effet de désolation, sous les yeux impuissants des communautés paysannes. Les palmiers-dattiers à titre indicatif dont le couvert altier foisonnait sur les surfaces à perte de vue d’Errachidia et Zagora se déciment à grandes enjambées. Les filières des oliviers d’Al Haouz ou des amandiers à Tafraout, dont les campagnards faisaient le gagne-pain, se dépérissent au fil des années, générant un exode rural des plus accentués, puisqu’ils perdent toute chance de s’habiliter dans leurs bercails. Ce qui explique par conséquent, l’exorbitance des huiles et autre espèces oléagineuses dépassant le seuil de l’imaginable. Il est vrai que les effets des sécheresses génèrent des incidences négatives à court, moyen et long terme, sur la physionomie des arbres fruitiers dont l’apport néant fait fuir le flux rural vers la ville débordée de campagnards à court de moyens de subsistance. Il n’en reste pas moins vrai que la politique agricole, dictée par des stratégies agraires adoptées ces ultimes années, n’avait nullement une vision anticipée, à partir d’une réelle mise en garde en direction de la préservation du legs végétatif, sa régénération et son impact sur les populations, en adéquation avec les conditions hydriques fort limitées. Tout en brossant la réalité amère d’une situation en calamité chronique, il n’est jamais tard pour bien se rattraper en prônant une approche beaucoup plus volontariste et méthodique afin de fixer les « fuyards » des champs des milieux ruraux, par le biais d’appui substantiel à l’adresse des foyers en difficultés, de mener un système de valorisation de la montagne et la campagne et de mettre en avant les cultures vivrières susceptibles de créer des exigences de vie aux populations sinistrées.