Chaos au Bangladesh

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Au Bangladesh, cet état de l’Asie du Sud, situé à l’est de l’Inde, dans le golfe du Bengale, qui comptait, au dernier recensement de 2022, quelques 171,2 millions d’habitants, et dans lequel le président n’a qu’un rôle de représentation car l’essentiel du pouvoir y est détenu par la Première ministre, les rues de la capitale, Dacca, ont été investies, depuis le début du mois de Juillet, par des manifestants qui récusent fermement les fameux quotas d’embauche dans la fonction publique mis en place par le gouvernement de Sheikha Hasina, 79 ans, et réservant plus de la moitié des postes à pourvoir aux personnes appartenant aux familles des vétérans de la guerre de libération du pays contre le Pakistan en 1971.

La Première ministre, qui dirige le pays, d’une main de fer depuis 2009 et qui, à l’issue d’un scrutin sans véritable opposition, a remporté, en janvier dernier, sa 4ème élection consécutive, est accusée, par les groupes de défense des droits humains, d’utiliser abusivement les institutions de l’Etat pour asseoir son emprise en éradiquant toute velléité de dissidence par l’assassinat extra-judiciaire de ses opposants. 

La police nationale n’étant pas parvenue à maîtriser la situation alors que, d’après des informations fournies à l’AFP, par du personnel hospitalier, sur les 115 manifestants qui ont péri au cours de cette semaine, plus de la moitié sont tombés sous les tirs nourris des forces de l’ordre et que, durant la seule journée de vendredi, près de 300 policiers ont été blessés, les autorités ont imposé, à partir de jeudi, une coupure nationale d’internet qui est toujours en vigueur et qui entrave gravement les communications à l’intérieur et à l’extérieur du Bangladesh, avant d’instaurer un couvre-feu dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 Juillet.

Il y a lieu de signaler, également, qu’après le déploiement de l’armée « dans tout le pays, pour contrôler les troubles à l’ordre public », la police anti-émeutes a tiré, samedi, à balles réelles sur les manifestants à Dacca.

Mais, si Faruk Hossein, le porte-parole de la police nationale, a déclaré, à l’AFP, qu’à Dacca, les forces de l’ordre étaient contraintes de faire usage de leurs armes car il leur fallait affronter « des centaines de milliers de manifestants » qui ont vandalisé et incendié « de nombreuses guérites de police » et plusieurs « bureaux gouvernementaux » et battu à mort deux officiers des forces de l’ordre, un porte-parole du « Students Against Discrimination », le principal groupe qui est derrière ces manifestations, a indiqué, de son côté, que deux de ses dirigeants ont été arrêtés vendredi.

Il en va de même d’un haut responsable du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principale formation d’opposition, qui, aux dires du porte-parole du parti, a été arrêté très tôt dans la matinée de samedi.

Cette escalade de la violence qui a poussé Amnesty International à déclarer, dans un communiqué, que « l’augmentation du nombre de morts est une preuve choquante de l’intolérance absolue dont font preuve les autorités bangladaises à l’égard des protestations et de la dissidence » et contraint la Première ministre à annuler la tournée diplomatique qu’elle s’apprêtait à effectuer en Espagne et au Brésil présupposerait-elle que le Bangladesh serait au bord du chaos ?

Sachant qu’à l’heure où nous mettons sous presse, certaines informations parlent de la fuite de la Première ministre vers l’Espagne et de la prise du pouvoir par l’armée, attendons pour voir…

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