Mexique : Investiture de Claudia Sheinbaum

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après l’écrasante victoire qu’elle a remportée, le 2 juin dernier, sous l’étiquette du « Mouvement pour la régénération nationale » (Morena), un parti de gauche, en recueillant 60% des suffrages exprimés, soit 36 millions de voix, devançant de 19 millions de voix sa concurrente la plus proche, Xochitl Galvez, l’ancienne maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, 62 ans, a pris les rênes du Mexique, ce 1er Octobre 2024, pour un mandat de 6 années.

Elle succède, ainsi, à son mentor, l’ancien président, Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO ») qui, après l’avoir lancée en politique, en 2000, en lui confiant le poste d’adjointe à l’environnement à la mairie de Mexico, a assisté, ce jour, à l’investiture  de celle qu’il a qualifiée, lors de sa 1.438ème et dernière conférence de presse quotidienne, de « femme exceptionnelle » et « humaniste », « pleine d’amour, d’humilité (et) de bons sentiments » qui s’est vu remettre, ce jour, l’écharpe présidentielle des mains de la présidente de la chambre des députés, Ifigenia Martinez, 94 ans, une militante de gauche dont s’est toujours inspirée la nouvelle présidente dont l’élection à la tête d’un pays réputé « machiste » est, non seulement, « historique » mais constitue, également, un espoir pour les Mexicaines qui y voient l’avènement d’une nouvelle ère.

Pour rappel, lors de la première campagne présidentielle qu’AMLO avait perdue de justesse en 2006, Claudia Sheinbaum avait été sa principale porte-parole et en 2015, elle avait été élue à la tête du plus grand arrondissement de Mexico, Tlalpan, avant de devenir maire de la capitale trois ans plus tard.

Elue dans un environnement économique favorable avec une monnaie forte et des investissements à la hausse, Claudia Sheinbaum, qui a prêté serment devant les députés et sénateurs réunis en Congrès et qui est devenue, ainsi, la première femme à diriger le Mexique après qu’il ait connu 65 présidents se voit, néanmoins, contrainte de rassurer le secteur privé car, pendant cette « transition », le peso mexicain a tellement chuté qu’il a poussé la Banque centrale du Mexique à abaisser, à 1,2%, ses prévisions de croissance pour l’année 2024.

Mais si, comme l’a rappelé, Michael Schifter, du cercle de réflexion Inter-américain « Dialogue de Washington », « le crime organisé et la violence restent hors de contrôle et pénètrent tous les secteurs de la société », c’est donc que « l’économie et les institutions vont souffrir » et qu’à ce titre, la sécurité sera le principal défi auquel aura à faire face la nouvelle présidente car depuis qu’en 2006, l’ex-président Felipe Calderon avait lancé l’armée mexicaine contre les cartels, le pays a enregistré plus de 400.000 morts et quelques 100.000 disparus ; un bien triste record.

Enfin, en devenant la première femme présidente de l’histoire d’un pays qui, selon l’ONU, aurait enregistré, en 2023, une moyenne de dix féminicides par jour et au sein duquel 70% des jeunes femmes de plus de 15 ans ont fait l’expérience de la violence au moins une fois dans leur vie, il est donc clair que Claudia Sheinbaum aura fort à faire en matière de sécurité mais attendons pour voir…

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