Benabdallah lors d’une rencontre interactive avec des jeunes
M’Barek TAFSI
Le Secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, a appelé les jeunes à prendre possession du parti, un patrimoine politique du peuple, à s’approprier son idéal et s’y activer en tant que membres dynamiques et non passifs en proposant initiatives, projets et idées innovantes pour un Maroc plus prospère, plus développé et où il fait bon vivre pour tous.
S’exprimant lors d’une rencontre interactive, organisée, dimanche au siège national du parti, par l’Espace des cadres de Rabat sous le thème : « la participation politique des jeunes », Benabdallah a incité les jeunes à tirer profit de l’espace de liberté qui prévaut aujourd’hui dans le pays pour s’inscrire d’abord sur les listes électorales et exercer leur droit de vote.
Un débat intense a marqué la rencontre, au cours de laquelle les étudiantes et les étudiants dans les facultés de Rabat ont soulevé un grand nombre de questions, qui témoignent de l’intérêt qu’ils portent à la vie politique, économique et sociale au Maroc.
Pour le PPS, le but recherché est de permettre aux jeunes de libérer leur talent pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle au lieu que l’on se serve d’eux ailleurs pour décorer et meubler l’espace, a-t-il dit, en réponse aux nombreuses questions des jeunes, tout en attirant leur attention sur le danger pour leur avenir et celui des générations futures que représentent leur mutisme et leur laisser-faire.
L’engagement politique des jeunes est susceptible de donner une impulsion salutaire au mouvement social et citoyen, initié par le PPS pour redresser la situation, faire avancer le processus démocratique, mettre en œuvre l’Etat social dont le gouvernement se contente d’en parler comme slogan sans y croire, plaider pour le renforcement de l’école et de l’hôpital publics et lutter contre la prévarication et les conflits d’intérêts, qui ont ouvert grandement la voie à l’enrichissement des riches et à l’appauvrissement des pauvres.
A ce propos, le SG a tenu a s’arrêter sur le problème de l’attribution du projet du dessalement de l’eau de mer de Casablanca, qui sera la plus grande usine en Afrique, à une entreprise du chef du gouvernement, un cas flagrant de conflit d’intérêt qui devra entrainer normalement dans un pays démocratique la démission du chef du gouvernement. Mais le pire aussi c’est que ce projet a bénéficié d’une subvention totale de 30% (le maximum) du montant de l’investissement primable.
Revenant sur le chantier de la couverture sociale universelle, il a indiqué que la mise en œuvre de la couverture sanitaire ne profite pas à tous les Marocains, comme le prétend le gouvernement. Quelque 10 millions de Marocains qui bénéficiaient du RAMED n’ont pas été repris en charge lors de leur transfert au régime de l’AMO. Le Conseil économique, social et environnement a confirmé pour sa part cet état de fait en précisant qu’ils sont en fait 8,5 millions de Marocains à être privés de la couverture sanitaire.
Il a fait savoir dans le même ordre d’idées que 95% des dépenses de la CNSS dans ce cadre et 80% de la CNOPS bénéficient aux cliniques privées au détriment de l’hôpital public, ouvert à l’accès du public sans discrimination. C’est ce qui explique en partie le délabrement continu des hôpitaux publics du pays, qui constituent malgré tout le dernier refuge pour de nombreuses familles déshéritées, et la création de nouvelles cliniques privées, a-t-il dit, soulignant que la concentration de l’argent et du pouvoir entre les mains d’une même personne est dangereuse pour la démocratie dans son ensemble.
Malheureusement, l’opposition qui devrait dénoncer cet état de fait au Parlement est confrontée à de nombreuses difficultés pour coordonner et harmonier son action, face à une majorité, qui se targue d’avoir remporté cinq millions de voix dans des conditions contestables.
L’achat des voix à grande échelle a permis de fausser totalement le jeu des élections, au profit de tous ceux qui ont le pouvoir économique de l’emporter y compris des acteurs qui ne cherchent qu’à fructifier leur « investissement » dans les élections, a-t-il expliqué, appelant les jeunes à faire la distinction entre les partis politiques et à ne pas répéter comme d’autres que tous les partis politiques s’équivalent. C’est totalement faux. Et l’histoire est là pour le prouver, a-t-il martelé.
Un parti politique comme le PPS, créé en 1943 de la volonté populaire, fait partie des quelque partis qui forment le mouvement national, qui milite toujours pour le meilleur et le changement contrairement à ceux qui ont été mis en place plus tard par l’Administration pour les contrer (FDIC, RNI, PAM) et pour perpétuer le statuquo, a-t-il dit, invitant les jeunes à utiliser à bon escient l’espace de libertés que connait le pays pour jouer pleinement leur rôle en tant qu’acteurs. Objectivement, les étudiants au nombre d’un million sont sensés constituer une force à même de faire entendre leurs voix à travers leur participation dans les rangs des partis politiques au lieu de continuer à s’exprimer à travers les réseaux sociaux et à tourner le dos à la politique et aux partis politiques sous le faux prétexte que ces derniers sont identiques.
Non les partis politiques ne sont pas identiques, a-t-il répété, ajoutant que cette fausse accusation entretenue depuis le milieu des années 70 et le comportement irresponsable et scandaleux d’un grand nombre de députés et de conseillers, dormants en pleine séance parlementaire, ont fini par faire perdre aux jeunes et à un grand nombre de citoyennes et de citoyens leur confiance en leurs représentants et en la politique.
Tout en rejetant pratiquement tous les partis politiques, ils n’avancent aucune alternative, a-t-il dit, expliquant que cette dépolitisation en particulier des jeunes ne profite qu’à ceux qui cherchent à défendre et à protéger leurs privilèges et intérêts. Le résultat, c’est que les jeunes et un grand nombre de Marocains désabusés, se détournent des élections et des partis politiques.
C’est ainsi que seuls quelque 18 millions sur les 27 millions de Marocains en âge de voter sont inscrits sur les listes électorales, alors que 9 millions d’autres ne le sont pas, a rappelé le SG, selon lequel la solution réside dans l’engagement des jeunes, appelés à prendre la relève et à redresser la situation.
Contrairement aux partis qui comptent sur le portefeuille des « candidats » choisis parmi les plus offrants sur le marché pour l’emporter, le PPS s’est toujours appuyé sur ses programmes et propositions pour convaincre les électeurs à voter pour ses candidats choisis par ses militants, a noté Benabdallah qui a dénoncé de nouveau le tsunami d’argent qui a entaché les dernières législatives.
Le Secrétaire général du PPS a également pointé du doigt la crise de la démocratie représentative au niveau international qui a fini par faire perdre la confiance des jeunes et des citoyens en la politique et dans les élus, estimant toutefois qu’il est impossible de trouver des solutions aux problèmes de l’emploi, de l’accès aux soins et à l’éducation, de lutter contre la hausse des prix et la cherté de la vie en se contentant de s’exprimer sur les réseaux sociaux, au lieu de s’engager politiquement pour défendre ses idées et faire connaitre ses attentes et ses aspirations.
Répondant à une question relative aux perspectives de développement, à l’issue de l’organisation par le Maroc de la Coupe du monde de football de 2030, le Secrétaire général a évidement salué la décision de la FIFA, ajoutant que le PPS est en passe d’étudier l’impact de cet évènement sur l’économie du pays. Il a toutefois tenu à préciser que cette fête sportive ne doit pas profiter qu’aux seules villes qui accueilleront des matches. En principe, un tel évènement devra offrir l’occasion de renforcer et d’améliorer les infrastructures du pays tout entier.
C’est l’occasion aussi de faire régner dans le pays un climat de confiance, de liberté, d’égalité, de justice et de démocratie pour que les exploits soient doubles au nom du football et de la démocratie.