La DS est une des modèles vedettes de Citroën. Produite entre 1955 et 1975, la DS est déclinée tout d’abord en berline puis en break et cabriolet. Le «D» vient probablement de l’usage du moteur le plus récent alors de Citroën ; le « moteur série D », qui équipait la Traction 11 D jusqu’en juillet 1957. L’ID et la DS reprennent le même principe de la traction par l’avant qui a fait la renommée de Citroën.
Dessinée par le sculpteur et designer italien Flaminio Bertoni en collaboration avec André Lefebvre, ingénieur issu de l’aéronautique, et l’ingénieur hydraulicien Paul Magès, cette automobile est révolutionnaire par bien des aspects. À l’origine, son long capot est prévu pour accueillir un moteur 6-cylindres, mais tant le 6-cylindres en ligne de la 15, que celui à plat, ne purent être adoptés, pour cause de mise au point non aboutie et d’encombrement car ce moteur «pénétrait» dans l’habitacle. Son nom de code est «VGD» (Véhicule de grande diffusion), la conception du projet étant lancée par le PDG de Citroën Pierre-Jules Boulanger puis son successeur Pierre Bercot. Elle est l’«attraction» du Salon de l’Automobile en 1955. Elle est dotée d’une ligne extrêmement audacieuse, qualifiée même de révolutionnaire, et d’un confort intérieur remarquable grâce à sa suspension hydropneumatique spécifique à la marque.
L’innovation enracinée
Lorsqu’elle est présentée au Salon de Paris de 1955, la carrosserie de la DS rompt avec tous les canons esthétiques alors en vigueur. À l’avant, le museau est effilé et porte une fine calandre chromée. À l’arrière, les feux clignotants se donnent des airs de tuyères de réacteur et la sortie de l’échappement est en «queue de carpe» (uniquement les deux premières années). Un carénage intégral est fixé sous la voiture : cette tôle profilée comporte deux entrées d’air destinées au refroidissement des disques de freins qui sont accolés à la boîte de vitesses (refroidissement avec système à effet Venturi).
L’équipement intérieur est lui aussi inhabituel sur une voiture à cette époque : volant mono-branche, tableau de bord futuriste, pédale-bouton en guise de pédale de frein, freins à disque de série à l’avant, etc.). Même les détails secondaires sont étonnants : fixation des roues par un simple écrou central (jusqu’en 1966), roue de secours inclinée placée à l’extrême avant de la voiture, devant le radiateur, voie arrière plus étroite, pneus avant et arrière de dimensions différentes, dépose nécessaire de l’aile arrière (maintenue par un boulon) pour accéder à la roue, levier de vitesses servant de démarreur, pare-brise très bombé avec montants très fins… Sur le hayon de la DS break qui est à double ouverture, on trouve deux plaques d’immatriculation : l’une verticale et en retrait, et l’autre à plat horizontalement afin d’être visible même quand le volet bas du hayon est baissé. L’assiette de la caisse est maintenue même à pleine charge grâce à la suspension, ce qui l’a fait adopter par beaucoup de commerçants.
Et la carrosserie
La première modification d’importance de la carrosserie apparaît au Salon de Paris 1962, pour le millésime 63 : nouveau parechoc avant avec butoirs en caoutchouc en forme de boomerangs verticaux. La jupe inférieure n’est plus disjointe de la caisse, alors que les ailes avant sont imperceptiblement modifiées, le tout pour une amélioration de l’efficacité aérodynamique (+ 10 km/h) et une modernisation de la ligne. En septembre 1967 (année-modèle1968), l’avant est de nouveau redessiné, intégrant quatre phares carénés. Les grosses optiques extérieures incluant les codes s’ajustent à l’assiette tandis que les optiques intérieures à longue portée à iode peuvent s’orienter suivant la trajectoire de la voiture, du moins sur les modèles dotés de la direction assistée. En série sur toutes les versions de DS, ce dispositif est en revanche en option sur les autres modèles de la gamme D. L’intérieur connaît lui aussi plusieurs générations de tableau de bord.
Le tableau initial de la DS 19, un exercice de style d’une grande pureté, est très design, et possède en particulier une splendide montre intégrée au cendrier (jusqu’en avril 1959). Il est remplacé en septembre 1961 (année-modèle 1962) par une version plus ergonomique, plus moderne, mais surtout plus simple à fabriquer et à monter. L’esprit de la première planche de bord est conservé, mais la pureté du design initial s’est quelque peu dissipée. En septembre 1968 (année-modèle 1969), nouvelle concession à la modernité avec la suppression des chromes, mais l’esprit demeure toujours. Le dernier tableau de bord apparait au millésime 1970 (septembre 1969) avec 3 cadrans ronds: compte-tours, tachymètre et voyants de contrôles, la partie supérieure est rembourrée pour des raisons de sécurité. N’offrant sur le papier que des avantages, le style de cette planche de bord n’est pour beaucoup de personnes pas au niveau de ses prédécesseurs quant à son style.
Des améliorations à terme
Sa mécanique a subi de l’évolution aussi, ainsi le moteur à quatre cylindres en ligne passe de 1,9 à 2,0 puis 2,1 et enfin 2,3 litres d’où les désignations des différentes versions (DS 19, 20, 21, 23). Ce moteur, conçu dans les années 1930 pour la Traction, déjà considéré comme une des faiblesses des dernières Tractions et, a fortiori de la DS, en raison de son manque de sophistication (arbre à cames latéral, vilebrequin à trois paliers seulement jusqu’en 1966), évolue tout de même et sera même encore utilisé sur les premières CX. Au début des années 1970, Citroën eu l’idée de créer une voiture ne comportant que deux vitesses : une marche avant et une marche arrière. Pour ce faire, Citroën plaça un moteur V4 de 1 800 cm3 à injection. Celui-ci développait 120 ch à 5 000 tr/min et surtout 85 ch à 2 000 tr/min. Un deuxième moteur de 200 cm3 4-temps permettait d’entraîner le compresseur. Finalement, après vingt ans de production, durant lesquels plus d’un million trois cent mille DS sortent des chaînes de production, du break au cabriolet, dont 493 724 breaks DS et 1 365 cabriolets, elle est remplacée par la Citroën CX au milieu des années 1970.
En 1999, la DS fut récompensée en arrivant en troisième position du concours international Car of the Century derrière la Ford Model T et la Mini. Cette même année, elle fut nommée la plus belle voiture de tous les temps par le magazine Classic & Sports Car. Le 9 octobre 2005, lors du cinquantième anniversaire de son lancement, un convoi de 1 600 DS venues de toute l’Europe a circulé dans Paris en France.
Jalal El Omari