28e anniversaire des évènements de la Place Tien An Men

Ils étaient plusieurs milliers les étudiants qui, le 4 Juin 1989, s’étaient donné rendez-vous sur et aux abords de la plus importante place de la capitale chinoise, la célèbre Place Tien An Men, pour défier le pouvoir de Pékin et affronter les chars déployés à l’occasion par l’armée. Cette  manifestation, réprimée dans le sang, aurait fait plusieurs milliers de morts selon les organisations de défense des droits de l’homme; ce que l’administration de Pékin refuse toujours de reconnaître.

Considérant que la région administrative spéciale de Hong Kong, ancienne colonie britannique restituée à la Chine en 1997 reste, à ce jour, le seul endroit où ce triste évènement a encore droit de cité puisqu’elle bénéficie d’un statut de région autonome en vertu de la règle «un pays, deux systèmes», ce sont  110.000 Hongkongais selon les organisateurs et 18.000 selon la police qui, pour en commémorer le 28ème anniversaire et le rappeler aussi bien au pouvoir central qui s’acharne à l’effacer des mémoires qu’aux nouvelles générations, ont investi ce dimanche soir le parc Victoria des bougies à la main.

TsaiIng-wen, la présidente de Taiwan a saisi l’occasion de ce triste anniversaire pour lancer un appel pressant au pouvoir chinois lui demandant de s’engager sur la voie d’une transition démocratique en s’inspirant du modèle taiwanais. «En empruntant à l’expérience de Taiwan, je crois que la Chine peut raccourcir la difficulté d’une réforme démocratique » dira cette dernière avant d’ajouter que «la plus longue distance entre les deux rives du détroit, c’est la démocratie et la liberté».

En réponse, Hua Chunying, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères, a passé sous silence l’évènement dans son point de presse et invité l’assistance à « faire davantage attention aux changements positifs qui se produisent à tous les niveaux de la société chinoise».

De son côté, Sophie Richardson, la directrice de recherche sur la Chine à Human Right Watch, déclare qu’ au moment où «le Président Xi Jinping prêche l’ouverture lors de ses discours sur la scène mondiale, son gouvernement enterre la vérité sur le massacre de Tien An Men par le silence, le déni et la persécution de ceux qui cherchent à commémorer cet évènement» avant d’ajouter que «tant que Pékin refusera de reconnaître son propre rôle dans les atrocités commises dans le passé, les belles paroles de Xi manqueront de crédibilité».

Enfin, la veillée de ce dimanche revêt un caractère particulier et une grande charge politique puisqu’elle donne au Président chinois attendu à Hong Kong le mois prochain pour les célébrations du 20ème anniversaire de la rétrocession de l’île par la Couronne britannique, l’occasion de prendre connaissance du fait que, malgré tout,  «le peuple de Hong Kong n’a pas oublié» dira un des organisateurs de l’évènement.

Nabil El Bousaadi

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