Saif Al Islam Kadhafi, le fils cadet du dirigeant libyen capturé par la Brigade Abou Bakr Assadiq, groupe armé de Zenten à 170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, en Novembre 2011 soit un mois après la mort de son père, aurait été libéré vendredi dernier par ses ravisseurs. Cette libération serait intervenue en vertu d’une loi d’amnistie promulguée par les autorités de l’Est libyen qui, tout en s’opposant au gouvernement d’Union Nationale de Tripoli, sont soutenues par les Emirats Arabes Unis et par l’Egypte.
Mais, ce n’est pas, pour autant, que le fils du dictateur déchu va pouvoir jouir inconditionnellement de sa liberté étant donné que la Cour Pénale Internationale et les autorités de Tripoli réclament, toutes les deux, le droit de le juger.
C’est à ce titre, d’ailleurs, que dès qu’elle a pris connaissance de sa «libération», la procureure de la Cour Pénale Internationale s’est empressée de demander ce mardi son arrestation immédiate en vertu du mandat d’arrêt, toujours en vigueur, délivré à son encontre le 27 Juin 2011 pour «crimes contre l’humanité» à la suite du rôle prépondérant qu’il aurait joué dans la mise en œuvre d’un plan visant à réprimer violemment le soulèvement populaire dirigé contre son père. Invitant les autorités libyennes, le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. et la communauté internationale à communiquer à la CPI «tout renseignement pertinent dont ils disposeraient», Madame Fatou Bensouda a demandé, dans un communiqué, transmis ce mercredi à «Jeune Afrique», qu’il soit immédiatement procédé à l’arrestation de Saif Al Islam Kadhafi «indépendamment de toute prétendue loi d’amnistie» car «aider un fugitif à se soustraire à la justice ne saurait être toléré ». La procureure de la CPI a déclaré, par ailleurs, que ses services prendront «toutes les mesures qui s’imposent pour déterminer où se trouve M. Kadhafi».
Il convient de signaler, au passage, que la Cour Pénale Internationale réclame également l’arrestation du chef de la brigade Abou Bakr Assadiq qui détenait Saif Al Islam Kadhafi, lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt daté du 24 Avril 2017 pour «crimes contre l’Humanité, emprisonnement, torture, persécution et autres actes inhumains… commis en divers lieux sur le territoire libyen en 2011».
Le fils cadet de l’ancien chef de l’Etat est, pour sa part, également recherché par les autorités centrales de Tripoli après que le parquet Libyen l’ait condamné à mort, par contumace, le 28 Juillet 2015, pour son rôle dans la répression du soulèvement contre son père. C’est à ce titre, d’ailleurs, que dans un communiqué daté de ce lundi et émanant du bureau du Procureur Général de Tripoli, il est clairement déclaré que la nature des crimes pour lesquels il a été reconnu coupable, interdit à Saif Al Islam Kadhafi de «bénéficier d’une amnistie » et le met dans l’obligation de « comparaître devant la Cour » pour se voir signifier sa condamnation.
A noter, cependant, qu’à l’heure qu’il est, le Gouvernement d’Union Nationale (GNA) de Libye installé à Tripoli n’a encore fait aucun commentaire sur la prétendue libération du fils le plus en vue de celui qui a dirigé le pays d’une main de fer durant quarante deux années.
La situation étant toujours confuse en Libye, il est encore prématuré de dire s’il s’agit d’une libération réelle et effective du fils de l’ancien « guide de la révolution libyenne » ou d’un autre coup de bluff à l’instar de celui qui avait été lancé en Juillet 2016 par ses avocats. Attendons donc la suite des évènements pour en savoir un peu plus sur la question…
Nabil El Bousaadi