Elle nous livre son dernier recueil de poésie tout en restant fidèle à l’héritage littéraire de son mentor, l’incontournable Abdelkebir Khatibi.
«Les chants de l’aimance» est le nouveau recueil de Maria Zaki, tout fraichement paru chez L’Harmattan. Il s’inscrit dans la lignée de sa poésie franchement engagée dans l’univers littéraire de l’une des plus hautes figures de la culture marocaine contemporaine, Abdelkebir Khatibi.
Maria Zaki est en fait une découverte de Khatibi en 1992. Elle a publié ses premiers poèmes, en 1994, dans la revue Poésie 94 de Pierre Seghers. A son actif aujourd’hui, cinq recueils de poésie, trois romans et deux recueils de nouvelles. Elle a entre autres construit un projet poétique avec le Belgo-suisse Jacques Herman, publiant ainsi quatre recueils dont le plus connu est «Poésies Croisés».
Sa nouvelle parution est en effet un plongeon dans les méandres d’un concept littéraire inventé par son mentor. Elle adopte le concept pour en faire une source d’inspiration, voire un univers poétique qui sert à la perfection sa conception du beau, de l’humain, de la liberté d’être et de penser.
Pour elle, certains mots ont leur côté inoubliable, par leur sonorité, leur figuration graphique, leur présupposé imaginaire comme le terme « aimance ». Un mot qu’on comprend différemment, appartenant plus à la mémoire poétique des usagers de l’altérité qu’aux raisonneurs de l’affect et de la confusion des sentiments. C’est également une réponse au temps et à la domestication par les dogmes. En cela, l’aimance est de l’ordre de la libre pluralité et de l’idée que nous ne sommes que mouvement, quête, geste, identité, forme, principe.
Maria Zaki a toujours été attirée par l’altérité en tant que concept philosophique englobant plusieurs aspects. Ses poèmes et ceux de ce recueil en particulier, traitent des relations humaines avec l’autre, relations qui respectent aussi bien ses ressemblances que ses différences. Cet autre, qui est à la fois proche et lointain, comme disait Baudelaire. L’autre qui a toujours intéressé Maria Zaki, aussi bien dans ses écrits que dans l’approche sensible de la vie, d’un point de vue d’abord humain, puis littéraire ou artistique. Car pour elle, il existe deux manières de voir l’autre, l’une consiste à le regarder d’un œil superficiel ou trop sévère, l’autre est remplie d’attention et de compréhension. Et c’est la seconde manière qui permet de découvrir l’autre et de faire vivre la rencontre.
Le dénigrement de la femme arabe, l’auteure en a fait l’expression d’une réelle rage de vivre de toute la gente féminine. Un cri atroce, pareil à celui d’un animal blessé et qui vise aussi bien l’homme que l’ensemble de la structure constitutionnelle familiale. Deux éléments clés dans le dénigrement et l’abaissement du rang de la femme au sein d’une société façonnée et taillée par l’homme à sa mesure.
Docteur d’État es-Sciences, après avoir enseigné à l’Université d’El Jadida, elle travaille dans l’industrie chimique en France où elle réside depuis 2002. Parallèlement, elle se consacre à l’écriture de poèmes, de nouvelles, de romans. Elle est membre de P.E.N. Club International (poètes, essayistes, nouvellistes) et de son Women Writers Committee, de l’Association vaudoise des écrivains et de la Société des écrivains des Nations Unies à Genève. Elle a la double nationalité marocaine et belge.Ses sujets de prédilection sont : le statut de la femme dans les pays arabes, le silence, la quête spirituelle, et l’altérité.
Mustapha Bourakkadi